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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 08:31

    La première source d'énergie, pour le chauffage, l'éclairage, la cuisson des aliments, le durcissement des outils en bois, la métallurgie... le feu, n'est pas encore beaucoup l'objet d'une recherche scientifique, que ce soit en archéologie, en anthropologie, en sociologie ou en économie. Si les aspects techniques du feu font l'objet de nombreux ouvrages, les manuels, dictionnaires, encyclopédies, qui portent sur les disciplines citées n'abordent pas ou très peu la question du feu, comme source de nombreuses techniques. Il faut dire que l'histoire des techniques elle-même, à part leur aspect... technique, ne commence a être réellement développée dans les sciences sociales qu'avec la montée des débats sur la "transtition énergétique", pour revenir en quelque sorte aux sources des relations entre technique, société et nature. 

 

      Si la domestication du feu par Homo erectus fait partie des études archéologiques, celle-ci marquant un tournant dans la Préhistoire, les aspects politiques, religieux, sociaux autour de cette domestication sont difficiles à établir.

   L'utilisation du feu est attestée à partir d'environ 350 000 ans av J-C., notamment dans certains sites de fouilles (Bretagne, Allemagne, Hongrie...). La maitrise du feu a inspiré de nombreux mythes (dont celui grec de Prométhée) et à l'époque contemporaine, plusieurs oeuvres de fiction dépeignent l'importance du feu pour les groupes préhistoriques (La guerre du feu, de J-H. ROSNY).

Dans la philosophie chinoise, il fait partie des cinq éléments de base avec le métal, l'eau, le bois et la terre. Le feu est associé à divers cultes, souvent étudiés pour eux-mêmes, mais aucune étude n'envisage de construire une sociologie autour du feu, comme énergie physique mystérieuse, source de pouvoirs sur la nature, et partant sur les hommes, domptable ou indomptable suivant les circonstances. Si une psychanalyse du feu est entreprise par Gaston BACHELARD (en 1938), elle demeure en définitive peu poursuivie...

Pourtant qui maitrise le feu, élément dangereux, possède un certain pouvoir. Dans une longue période (De la Préhistoire à une partie de l'Antiquité...), où pouvoirs politique, militaire et religieux sont confondus, la maitrise du feu (personnelle ou déléguée) fait partie des attributs essentiels. 

 

Le feu, élément central de la relation avec les divinités

    Alain MACÉ étudie le feu comme pont entre les hommes et les dieux en Afrique. "Les études, écrit-il, ayant trait à la religion ancestrale sur l'ancienne Côte des Esclaves n'ont guère retenu la présence d'un facteur énergétique, dont useraient les puissances surnaturelles. Le feu y joue pourtant un rôle central, comme dans la sphère du profane. Les Ewé, par exemple, voient à travers le feu (dzo) une clef de lecture du monde et de divers aspects du social. Naît ainsi un discours dont la visée éthique est nette, s'il reste difficile de repérer les éventuels archaïsmes de son volet religieux." Dans son hypothèse, "le feu occupe le centre du dispositif symbolique à cause justement du rôle fondamental qu'il semble jouer de manière constante - et peut-être même en dehors d'une quelconque considération métaphysique initiale. Cette aire culturelle prête effectivement aux esprits (...), la faculté d'intervenir grâce à son emploi (sous forme magique), dont, comme la matière, ils seraient dotés eux aussi. En d'autres termes, sans cet élément censé conférer à toute chose son existence, le surnaturel serait privé de la source d'énergie indispensable à ses manifestations. Corollaire immédiat de cet axiome fondamental, la nature n'est pas une discursivité des esprits en dépit du fait que le pouvoir de l'investir leur soit reconnu."

    Alain GRAS, dans une "Archéologie de l'imaginaire du feu", évoquant le principe de précaution des origines, étudie l'image du feu : "Évoquer l'image du feu, c'est d'abord constater l'ambiguïté profonde avec laquelle nous appréhendons cet élément. Il est célébré comme une innovation décisive dans l'histoire de l'humanité et sa chaleur ne laisse pas d'être équivoque si l'on évoque sa flamme. Moyen de cuire les aliments, il représente une étape importante dans l'hominisation, mais son pouvoir est destructeur et réduit aussi la vie à néant. Instrument de purification rituelle dans la plupart des religieux, il est aussi le grand sacrificateur dans l'holocauste (de holos, tout, kaulein, brûler), terme qui aujourd'hui désigne spécifiquement le plus grand drame connu de l'humanité historique, une tragédie contemporaine de l'âge thermo-industriel. On retrouve aussi là l'ambivalence première des origines : il est ambigu mais aussi ambivalent. En effet lorsque le feu vient du ciel, l'association avec le soleil se fait aisément, mais il sort aussi des profondeurs de la terre et les éruptions volcaniques confirment spectaculairement sa présence au-dessous de nous. C'est pourquoi les deux formes du feu se retrouve stylisées dans l'espace indo-européen dans deux récits fondamentaux, celui de Prométhée dans l'antiquité grecque et celui de l'embrasement final du Ragnarök dans la mythologie scandinave et plus largement dans la tradition indo-européenne des quatre âges de l'humanité. 

    Lorsque l'homme l'apprivoisa, il n'est par conséquent sans doute pas totalement ridicule de penser que l'innovation "feu" suscita des interrogations dès le début, c'est-à-dire il y a quelques centaines de milliers d'années. On découvre (la métaphore de transformation du monde dans les récits collectés par le célèbre ethnologue anglais Frazer dans le tome Mythes sur l'origine du feu de son grand ouvrage Le rameau d'or.  Aujourd'hui, le feu a gagné toute la planète (...)"

 

La place du feu dans les sociétés

   Bernard JUILLERAT, dans sa réflexion, "A l'origine des techniques, l'interdit? Escales océaniennes", réfléchit à la place du feu. Sur la base d'une distinction entre les mythes qui relatent l'origine d'un matériau ou d'une élément naturel et ceux rapportant l'invention d'une technique, il traite de deux thèmes mythologiques : la conquête du feu en Nouvelle-Guinée et en Polynésie et la naissance de la Lune (chasse). Les hommes ayant tendance à ne pas s'accorder une aptitude à la création, et à se sentir dépendants des forces de la nature, l'invention est laissé aux ancêtres semi-humains ou aux dieux. Dans les religions mélanésiennes, sans panthéon spécifique, l'interdit à l'origine d'une technique est dû au sentiment de culpabilité face à un abus sur la fertilité maternelle/naturelle ; dans les cultures polynésiennes précoloniales, au contraire, dotées d'un panthéon complexe et de hiérarchies sociales, l'interdit renvoie à une soumission au pouvoir divin. 

"Origine des techniques, écrit-il, ou acquisition des matériaux et éléments nécessaires à l'activité technique? Le mythe fait la différence. En effet, l'invention d'une technique de production du feu est autre chose que la conquête du feu, la création de la chasse ou d'une technique de pêche distincte de l'origine du gibier ou du poisson ; inversement, le feu est nécessaire à la poterie, la forge ou la cuisine. Il s'agit dans un cas de l'introduction d'un savoir-faire, dans l'autre de l'appropriation par l'homme d'une chose existant déjà ailleurs. La technique est souvent solidaire d'un outil ou d'une arme : ainsi l'origine mythique de l'arc ou de la sarbacane équivaudrait à celle d'une technique de chasse ; l'outil est alors inséparable de son usage. Parfois, le mythe ne porte que sur une amélioration de la technique. Enfin, il peut raconter comment une technique déjà pratiquée fut rendue efficace. Ces distinctions fournissant les matériaux et les éléments nécessaires, la culture les utilisant et les transformant. 

Les techniques autant que les matériaux ou éléments naturels sont rarement donnés comme le produit de l'intelligence humaine : ils sont soit livrés par les dieux ou les ancêtres, soit dérobés à ceux-ci par la ruse. Le plus souvent, le mythe décrit l'homme comme incapable de créer par lui-même. S'interroger sur cette démission spontanée des hommes peut conduire à y voir l'effet psychique d'un sentiment d'abandon doublé d'une projection dans l'espace et le temps, mécanisme que Freud associait, dans L'Avenir d'une illusion, à l'origine de la religion. Enfant éternel, l'homme aime à se mettre en position de dépendance par rapport à des entités parentales transcendantes. Se sentant à la fois impuissant et coupable, il fera de ces divinités des agents tantôt généreux, tantôt répressifs. Il attend que les dieux ou les ancêtres, pourtant égoïstes, lui fassent des dons qu'il s'efforce par ailleurs de solliciter. Si le don n'a pas lieu, alors l'homme peut s'accorer l'initiative du vol, mais là encore par la médiation d'un démiurge. C'est dans cet esprit qu'il semble avoir inventé le trickster.

En ce qui concerne la mythologie mélanésienne, il faut se rendre à l'évidence : les récits parlent beaucoup plus souvent de l'appropriation d'un élément ou d'une substance naturelle que de l'acquisition d'un savoir-faire. L'origine du procès technique proprement dit est pour ainsi dire passée sous silence ; ou alors celui-ci est livré aux hommes "clés en main" par un héros et, dans ce cas, il n'y a pas non plus de processus inventif strictement humain. Il en va ainsi du feu, dont les techniques de production autrefois utilisées en Nouvelle-Guinée - par friction ou par sciage - ne sont presque jamais décrites dans les mythes, qui se bornent à raconter comme la communauté humaine obtint le feu d'une autre région où il régnait à l'état naturel, d'un animal ou, le plus souvent, d'une vieille femme qui le gardait dans son vagin. (....) combien est différente (...) sur ce point la mythologie polynésienne. Cela est valable pour d'autres techniques : par exemple, l'introduction de l'horticulture se réduit à l'acquisition des espèces cultivées souvent données aux hommes par une héroïne.

On pourrait attribuer une telle sous-estimation de la capacité humaine d'invention au faible niveau technique de cette région. Cette explication n'est cependant pas convaincante, car les Mélanésiens sont parfaitement conscients de leurs connaissances et de leur expérience dans différents domaines, bien que, pour les sociétés récemment contactées, ils tendent à mettre l'accent sur le savoir rituel plutôt que sur la connaissance technique. (...) A son tour, le savoir-faire magique ne découle que de l'acquisition des plantes odoriférantes cultivées que les esprits laissèrent aux hommes.

Mais à ce non-dit des mythes sur les techniques, on peut chercher une autre raison. La cosmologie mélanésienne mettrait-elle l'accent sur l'origine des choses plutôt que sur celle des savoirs, d'une part par l'effet d'un sentiment de dépendance face à la nature, d'autre part par un besoin de réduire la fertilité à une substance concrète? Se formerait ainsi une pensée foncièrement substantialiste. Gaston Bachelard a désigné "l'obstacle substantialiste" comme l'une des plus importantes épreuves épistémologiques de l'esprit préscientifique ; il consiste à voir la cause unique d'un ensemble de phénomènes dans une substance cachée ou occulte. L'exemple le plus connu est la médecine du temps de Molière, fondée sur une théorie des humeurs. Bachelard parle d'un "mythe de l'intérieur" et insiste sur le caractère "intime" de l'objet ainsi retenu au plus profond de la matière ou de l'être : "Ce qui est occulte est enfermé", à tel point que le contenant n'est plus qu'un déchet. La matière véritable est celle qui se trouve au coeur des choses. Or le mythe sert bien souvent à scénariser la quête, puis la perte de cette richesse primordiale jusqu'alors enfouie."

 

Penser le feu, difficile entreprise de l'histoire proche et lointaine

   Pierre PÉTREQUIN et Anne-Marie PÉTREQUIN mettent en évidence les "rythmes du feu" à l'ère du Néolithique. "Le Néolithique qui a vu la mise en place des premières communautés agricoles, a préfiguré par bien des aspects les organisations sociales qui nous connaissons aujourd'hui, notamment pour ce qui concerne l'évolution des techniques propres à résoudre les problèmes posés par la croissance démographique et les transformations radicales de l'environnement, toutes choses qui ont eu de puissants effets rétroactifs sur l'histoire des communautés humaines.

Parler du feu au Néolithique nous situe d'emblée beaucoup plus près de la modernité que de traiter des sociétés de chasseurs-cueilleurs qui, sur le territoire de la France, ont été rapidement assimilées ou acculturées dès la fin du VIe millénaire av J-C. Pour tenter d'échapper aux poncifs sur le feu pendant la préhistoire, nous proposons de nous tourner vers les habitats néolithiques les mieux conservés sous nos climats : les villages lacustres du nord-ouest des Alpes. Par cette adaptation architecturale originale, des petites communautés agricoles ont cherché à résoudre le problème de la défense en s'appuyant au rivage et en utilisant comme protection la large bande de sols détrempés et marécageux qui sépare les maisons et les terroirs cultivés. Dans cet environnement amphibie, fossilisation rapide et accumulation des sédiments ont souvent favorisé la conservations des restes archéologiques végétaux ; elles permettent de restituer la vie quotidienne avec une précision inégalée (...) et de suivre le rythme des activités de ces cultivateurs pendant les IVe et IIIe millénaires av J-C. (...)". 

 Pour concevoir la place du feu, énergie essentielle, dans les sociétés de la Préhistoire au début de l'Antiquité, nous sommes souvent obligés de procéder à rebours, faute de vestiges suffisants (archéologie), en nous appuyant sur une analyse de la mythologie de différents peuples ou sur les témoignages de sociétés qui ont gardé le même rythme de vie depuis des siècles, voire des millénaires (ethnologie). Ces études permettent d'imaginer le rôle de la maitrise du feu dans les différents aspects de la vie des villages ou des cités. Même dans les univers mentaux où n'existe pas une divination du feu, les autorités responsables de l'entretien des feux, que ce soit pour guider aux larges des côtes ou pour garder la présence divine dans les temples, devaient jouir d'un prestige et d'un respect, prestige et respect mis vite au service de la direction du groupe humain, que ces hommes et ces femmes croyent réellement ou non à l'existence d'un lien divin entre ces maîtres du feu et les dieux eux-mêmes. il n'est pas jusqu'aux religions révélées de considérer avec un certain respect l'entretien des flammes (chandeliers, bougies, cierges), symbole de la présence de Dieu. Si dans l'Antiquité, la maitrise du feu s'est répandue au point de finir par être considérée, avec toutes les précautions d'usage, comme d'un usage banal, les difficultés techniques même d'entretien du feu dans la Préhistoire, avec toute la connaissance magique et réelle qui est derrière son apprivoisement et son entretien, devait faire des hommes et des femmes capables de le faire, un statut particulier, voire dominant. De plus sans doute avec le temps, cet usage devient-il réservé, protégé par un tabou, à ces hommes et à ces femmes-là ou à leurs descendants. Le caractère magique du feu, qui transparait dans tous les mythes, fait de la connaissance du feu un atout social majeur pour ceux qui l'ont. En l'état actuel des recherches, difficile de pousser plus loin.

Mais l'importance des forgerons en Afrique (souvent médiateurs dans de nombreux conflits), leur statut même en Europe antique, au Moyen-Age également, eux qui sont à la confluence d'une connaissance du feu et d'une connaissance des métaux, nous donnent un indice de leur importance dans les périodes plus reculées. Techniques de paix et de guerre, l'utilisation du feu est longtemps réservée, à des spécialistes, auxiliaires des cuisines et des ateliers de poterie d'un côté, auxiliaires militaires de l'autre. Techniques mais aussi objets de secrets jaloux entre professionnels et profanes, de suspicion sociale envers ceux qui connaitraient (comme les alchimistes du Moyen-Age) des usages aux pouvoirs redoutables (fabriquer de l'or, par la manipulation des éléments...). 

   Si en remontant par déduction l'ensemble des mythes qui se rattachent au feu, si par déduction toujours, en faisant appel à une logique qui n'était peut-être pas celle des hommes de la préhistoire, nous pouvons supputer une puissance sociale émanant de la connaissance technique, même si la plupart des auteurs mettent en avant soit un mode de production communauté (voir une sorte de communisme primitif), soit le fait que le feu, au moins juste avant le néolithique et la création de l'État, soit relativement facile à transporter, en entretenir ou même à amorcer et que la connaissance soit largement partagée, l'ensemble de la recherche archéologique ne permet que de formuler des hypothèses.

C'est ce que rappelle Catherine PERLÈS : "Les mythes traditionnels des contrées les plus éloignées affirment tous combien est profondément vécue la relation entre l'homme et le feu : sans maîtrise du feu, il n'y a pas d'humanité véritable. Mais le feu, sortant l'homme de l'animalité, le conduit aussi au divin ; et jamais le feu n'est simplement découvert, il est toujours volé et l'humanité entière doit payer le prix de ce vol. Domestiqué, compagnon des moindres gestes, il reste instable, fugace, prompt à la révolte. L'extrême dépendance dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui vis-à-vis de l'"énergie" n'est-elle pas un écho de ce lien fondamental entre le feu et l'homme?

       Au delà du mythe, que sait-on réellement de cette longue histoire commune, qui prend ses racines dans les périodes les plus reculées de la préhistoire? Plus de cent ans après le début des recherches en préhistoire, que sait-on aujourd'hui de la découverte du feu, de la façon dont il était produit et utilisé par les chasseurs du Paléolithique?

Sans être négligeable (...) le résultat reste décevant. certains problèmes ne connaitront sans doute jamais de solution (à commencer par celui des origines de la production même du feu), tandis que, dans la plupart des cas, incertitudes et hypothèses prennent le pas sur les faits acquis. Deux ordres de raison l'expliquent ; l'une tient à la nature du sujet lui-même, l'autre à la nature de l'enquête archéologique."

Elle résume par ailleurs ce que l'on sait du feu en tant qu'énergie, à la préhistoire : 

"L'usage du feu, attesté par la présence de foyers ou de vestiges carbonisés dans les sites archéologiques, est l'un des éléments qui différencient l'homme de l'animal. Mais la date à laquelle s'est produite cette transformation reste encore problématique, et soumise à d'éventuelles découvertes futures.

Quelques indices ont été avancés, suggérant l'usage du feu par les Australopithèques ou Homo habilis : fragments de terre cuite, ossements noircis. Mais ils restent excessivement rares et très contestables. En revanche, il est certains que quelques-uns au moins des Homo erectus avaient bien maitrisé l'usage du feu, à une époque que l'on peut situer au Pléistocène moyen, peut-être au-delà de 500 000 ans (les datations absolues sont rares à cette période). Il est impossible de savoir si Homo erectus savait déjà produire du feu à volonté, ou s'il se contentait de l'entretenir à partir de braises naturelles. En tout état de cause, l'étape importante est bien l'usage du feu, quelle que soit son origine, car c'est lui qui dénote un changement de comportement vis-à-vis du feu : la peur du feu est maitrisée, il est "domestiqué" et intégré à l'univers quotidien. Sa production à volonté n'est-elle qu'un problème technique assez aisé à résoudre, et dont la solution était à portée d'Homo erectus : friction de deux bâtons de bois, percussion de deux éclats de silex, ou, mieux, d'un éclat de silex contre de la pyrite de fer?

Dès l'origine, le feu a été utilisé pour la cuisson des aliments, dans des foyers diversement aménagés, autour desquels vont se structurer les activités domestiques de groupes humains. Divers usages techniques apparaissent progressivement : fracturation des matériaux durs (pierre, bois de cervidés), sans doute au Paléolithique inférieur ou moyen, durcissement au feu des armes de bois (Paléolithique moyen). mais c'est au Paléolithique supérieur que les usages du feu se multiplient : oxydation des colorants, cuisson de statuettes en pâtes malléables, chauffe du silex pour faciliter la taille, redressement à chaud des baguettes de bois de cervidé... Sans oublier bien sûr l'utilisation du feu dans l'éclairage, avec les lampes de pierre et les torches, pour le chauffage également, et peut-être aussi la chasse. Cette maitrise des propriétés du feu ouvre la voie aux véritables "arts du feu", la céramique, la verrerie et la métallurgie, qui apparaitront au Néolithique et à l'Age de Bronze."

 

 

Pierre PÉTREQUIN et Anne-Marie PÉTRQUIN, Les rythmes du feu, Néolitihique, 3700-2400 av JC, dans Terrain, revue d'ethnologie en Europe, n°19, Le Feu, 1992. Alain GRAS, Archéologie de l'imaginaire du feu, le principe de précaution des origines ou de la machine de Marly à la centrale nucléaire, dans Revue européenne des sciences sociales, n°XLIV-134, 2006. Alain MACÉ, Propos sur le feu au pays du vodu. Un pont entre hommes et dieux en Afrique, dans Revue de l'histoire des religions, n°2, 2005. Bernard JUILLERAT, A l'origine des techniques, l'interdit? Escales océaniennes, dans Techniques et Cultures, Revue semestrielle d'anthropologie des techniques, n°43-44, 2004.

Catherine PERLÈS, L'homme et le feu, dans Encyclopedia Universalis, 2004. Feu, dans Dictionnaire de la Préhistoire, Sous la direction de André LEROI-GOURHAN, PUF, collection Quadrige, 2012.

 

SOCIUS

 

Complété le 28 juillet 2013. Relu le 27 mai 2021

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