Economiste italien, professeur en Angleterre et proche dans les années 1920 de John Meynard KEYNES, également proche d'Antonio GRAMSCI et de Ludwig WITTGENSTEIN, est l'auteur de nombreux ouvrages d'histoires économiques et traducteur et commentateur de RICARDO, Piero SRAFFA est considéré comme un point de repères dans l'histoire de la pensée économique. Nombre de ses recherches portent sur les lois de la productivité économique.
On peut citer parmi ces écrits, dont nombreux constituent des articles dans des revues, La crise bancaire en Italie (1922), M Hayek sur l'argent et des capitaux (1932), Malthus sur travaux publics (1955), Introduction à David Ricardo, travaux et correspondance (1951-1955), Production de matières premières au moyen de produits de base. Prélude à une critique de la théorie (1960), Une édition posthume des principaux écrits publiée en 1922-1970, sous le nom d'essais (Il Mulino, Bologne, 1986) existe. Beaucoup de ses ouvrages sont traduits en italien et assez peu de ses écrits en français.
Une des critiques de l'économie néo-classique les plus importantes de cet auteur - faite dès 1926 - réside dans le fait que la "loi des rendements marginaux décroissants", théorie clé de cette économie, ne s'applique pas, en général, dans une économie industrielle. Au contraire, il explique que la situation ordinaire reposerait sur des rendements marginaux croissants, et donc sur des courbes de coûts marginaux horizontaux (plutôt que croissantes). Disqualifiée par les économistes néo-libéraux, son analyse se concentre pourtant sur les hypothèses néo-classiques selon lesquelles, premièrement, il existe des "facteurs de production" qui sont fixes à court terme et, deuxièmement l'offre et la demande sont indépendantes l'une de l'autre. Pietro SRAFFA explique que ces deux hypothèses ne peuvent se réaliser simultanément. Cette explication sape non seulement des fondements théoriques de l'économie néo-classique mais rend caduques également de nombreuses études qui se fondent sur les mêmes postulats, dont celle, après lui, de SONNENSCHEIN, MANTEL et DEBREU...
A sa suite, notamment après sur ouvrage Production de marchandises par des marchandises, une véritable école économique sraffienne se forme, des auteurs utilisant sa démonstration pour critiquer les autres écoles (tout particulièrement l'économie néo-classique et le marxisme). L'analyse du professeur italien constitue, dans l'histoire de la discipline économique, la plus détaillée et la plus attentive des mécanismes de production, dans l'économie réelle. Son analyse comporte de nombreuses subtilités qui échappent aux autres écoles : la dépendance de la "quantité de capital" au taux de profit, et non l'inverse, le phénomène du "retour des techniques"... Aucune autre école n'accorde la même importance qu'elle à la rigueur de l'hypothèse de liberté supplémentaire.
Mais les sraffiens font l'hypothèse que l'économie peut être analysée en utilisant des outils statiques. Par conséquents, même si le traitement rigoureux du temps constitue une composante essentielle de la critique de SRAFFA envers l'économie néo-classique, l'économie sraffienne moderne ne fait aucun usage du temps et de la dynamique, comme Ian STEEDMAN. Du coup, cette école parvient vite à ses limites et si elle est très influente jusqu'en 2000, elle ne se développe que peu depuis, surtout par comparaison avec la croissance des contributions de l'école post-kynésienne depuis cette date. (Steve KEEN)
Steve KEEN, L'imposture économique, Les éditions de l'atelier, 2014.
Relu le 21 décembre 2021