On peut regrouper comme le fait Steve ABADIE-ROSIER le travestissement, la dénégation, le déni et l'annulation comme mécanismes de défense de travestissement de la réalité.
Le fantasme, soit le scénario imaginaire, est la représentation des faits ou des situations déformés par une interprétation affective. "Le fantasme, écrit le psychanalyste clinique, qui consomme une part importante de la libido puisqu'il est totalement improductif, n'a qu'un but en soi : permettre à l'individu de s'adapter au système sociétal en arrangeant la réalité pour que ses actes et ses pensée deviennent envisageables et surtout possibles. Les pulsions du sujet sont ainsi voilées pour être d'autant plus transformées, contournées, travesties grâce à son imagination. Ainsi, le fantasme, alimenté par le pulsionnel, sera interdit ou désigné comme "interdit" par le sujet lui-même dans le seul but d'être accepté - cette autocensure étant une nécessité pour permettre à l'individu d'être en adéquation avec les normes édictées par la société.
La dénégation "est un mécanisme de défense où la production d'une pensée, d'un sentiment, trouvant son origine dans l'inconscient, devient verbalisée, signifiée dans la réalité sans pour autant que le sujet n'en accepte la reconnaissance comme sienne et individuelle. Seule la symbolique de cette pensée apparait à la conscience de l'individu."
Le déni est "le refus pur et simple d'accepter et de reconnaitre la réalité, lorsqu'elle est considérée comme gênante par le sujet. Ce mécanisme s'exprime ainsi essentiellement à travers des psychoses et du fétichisme."
L'annulation est "la neutralisation, grâce à un comportement prédéterminé, d'un acte, d'une parole ou d'une pensée, considérés comme répréhensibles, donc à l'origine d'un conflit psychique. Cet épisode comportemental puissant répare comme par magie l'événement neutralisé et peut même aller jusqu'à effacer l'objet même du litige. Il faut souligner que ce mécanisme intervient particulièrement lors des névroses obsessionnelles, mais également dans les actes rituels ou expiatoires, où la force et la sévérité du châtiment servent à effacer et à supprimer, de façon proportionnelle, l'attitude jugée répréhensible."
La dénégation, le déni, l'annulation sont évoqués par de nombreux auteurs comme des mécanismes de défense. Le fantasme joue un rôle bien plus étendu qu'un mécanisme de défense, même s'il peut être utilisé comme tel dans de nombreux cas.
Il est bien décrit comme un scénario imaginaire où le sujet est présent et qui figure, de façon plus ou moins déformée par les processus défensifs, l'accomplissement d'un désir et, en dernier ressort, d'un désir inconscient. Le fantasme se présente sous des modalités différentes : fantasmes conscients ou rêves diurnes, fantasmes inconscients tels que l'analyse les découvre comme structures sous-jacentes à un contenu manifeste, fantasmes originaires... (LAPLANCHE et PONTALIS). On appelle "fantasme" de manière générale une production psychique imaginaire présentant la structure d'un scénario, au sens du théâtre ou du cinéma, au service de la réalisation du désir (Roger PERRON).
Le fantasme s'insère de manière courante dans la chaîne des représentations du réel et autant que les analyses conscientes des situations, singulièrement dans les conflits interpersonnels. Il est courant dans une situation conflictuelle qu'un tiers puisse découvrir des ressorts fantasmatiques dans les motivations des actions des uns contre les autres. Il semble bien qu'en l'absence de données tangibles, l'esprit aie tendance à "combler les blancs" par des fantasmes, plus ou moins reliés à une expérience consciente ou inconsciente, pour agir. Moins la situation est représentée avec des faits réels, plus l'imaginaire fantasmatique, souvent pessimiste d'ailleurs, guide les actions, singulièrement dans les conflits.
Roger PERRON, fantasme, dans Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette Littératures, 2005. Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, dans Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976. Steve ABADIE-ROSIER, Les processus psychiques, Les Neurones Moteurs, 2009.
PSYCHUS
Relu le 11 janvier 2022