Matériel aérien, le parachute sert à décélérer aérodynamiquement la vitesse d'un mobile, laquelle peut avoir pour origine la pesanteur ou la propulsion.
Le parachutisme militaire permet de mettre en place du personnel ou du matériel au sol par largage à partir d'un aéronef (montgolfière, avion...) dans le cadre d'opérations militaires. Dans ce même cadre, il peut permettre aux pilotes et servants d'un avion de sauter de leur véhicule perdu. Le parachutage peut se faire de nuit comme de jour, la contrainte principale étant la vitesse du vent. Plusieurs systèmes d'ouverture du parachute existe, adaptés à l'usage. Il existe des parachutes individuels comme des parachutes plus importants permettant le largage de matériels lourds.
Un usage non militaire très ancien
L'utilisation civile du parachute est très ancienne (1306, Chine), mais son utilisation militaire n'est pas attestée. Encore une fois pendant la Renaissance (Léonard de VINCI par exemple), la conception du parachute est élaborée dans ses aspects techniques - voilure, condition de descente....
Ce n'est qu'à l'époque des premiers vols des montgolfières qu'on expérimente des parachutes rigides avec des animaux et ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle en Occident que l'on préconise d'employer le parachute à des fins militaires (Jean-Jacques GARNERIN, 1797). Des démonstrations sont effectuées tout au long du XIXe siècle et, à la fin seulement de celui-ci, l'Allemande Kathe PAULUS effectue le premier saut avec un parachute plié.
Alors que se multiplient les accidents d'avion, le parachute, devient comme moyen de sauvetage, l'objet de multiples recherches. Le premier saut d'avion est réalisé en 1912, mais les aviateurs, sauf les Allemands vers la fin, ne sont pas dotés de parachute pendant la première guerre mondiale. Par contre les aérostiers des montgolfières, d'abord français (fin 1915), puis anglais et allemands (1916) en portent. Quelques combattants (italiens puis allemands) sont parachutés pour des missions particulières. Se fait jour dans les états-majors l'espoir (un vieux rêve militaire en fait) de porter des troupes plus ou moins nombreuses derrière les lignes ennemies.
La véritable première mission aéroportée est réalisée par les Soviétiques en 1930. Par la suite des bataillons de parachutistes sont créés (1932) et des manoeuvres testent leur efficacité. En plein dans la réorganisation (secrète) de l'aviation allemande sur le sol soviétique, Goering crée la première unité des parachutistes (1935). Deux groupements français d'infanterie de l'air sont créés en France en 1936 et mis sur pied l'année suivante. Les Italiens, les Anglais puis les Américains (mais seulement en 1940) suivent le mouvement.
Lors de l'occupation des Sudètes, les Allemands prévoient une opération aéroportée, suivie de bien d'autres, tant leur fiabilité est grande pour prendre ponts et aérodromes sur un territoire adverse. L'efficacité des parachutistes contre des objectifs limités loin du front incite les Alliés à les utiliser largement eux aussi ensuite. Par exemple, sous l'impulsion de David STIRLING, les Anglais créent le Special Air Service (SAS), à la fin de l'année 1941, qui détruit lors de son activité 400 avions allemands et italiens en Lybie en 1942. Les SAS sont employés ensuite dans toute l'Europe.
Les parachutistes, loin de constituer une simple force d'appui ou d'appoint, sont particulièrement adaptés pour effectuer des raids en profondeur sur tous les fronts (européens ou dans le Pacifique). Leurs mission peuvent être variées, d'opérations militaires massives dans des débarquements d'ampleur stratégique aux opérations politiques d'enlèvement de personnalités. Le taux de pertes subies par les unités de parachutistes peut toutefois être très élevé, aussi passé 1944, on en revient surtout à des opérations ponctuelles mais plus fructueuses comme la création de tête de pont sur des cours d'eau. Ces pertes sont liées, plus qu'à une DCA qui s'adapte, aux erreurs de largage (marais, forêts) dues à la difficulté de tenir compte des conditions météorologiques.
Après la seconde guerre mondiale, un déclin du parachutisme
Au cours des conflits de la seconde moitié du XXe siècle, les états-majors renoncent à l'emploi massif des parachutistes et notamment dans les conflits de type classique. Ainsi, il n'y eut qu'une seule opération de largage de parachutistes dans la guerre de Corée. Mais l'emploi de ceux-ci apparaissent particulièrement adapté aux guerres de décolonisation, notamment en Indochine (grâce à leur mobilité et leur légèreté). Ils sont notamment chargés de dégager ou de renforcer les garnisons des postes, de reprendre une ville ou une zone tombée aux mains de l'ennemi en bénéficiant de l'effet de surprise. Ils sont utilisés pendant la guerre d'Algérie, la guerre du Vietbam, la guerre israélo-arabe de 1973.
Si le parachutage de matériels et de munitions, beaucoup réalisé lors de la seconde guerre mondiale à destination des différents résistances à l'occupation allemande, il est remplacé dans ces fonctions de nos jours par l'héliportage. Si les unités parachutistes sont moins employées comme moyen de combat, tous les pays s'en sont dotés.
Et dans la plupart des cas, ces unités sont préparées pour des missions particulièrement périlleuses, qui nécessitent une organisation et des structures originales, une préparation méticuleuse... pour une action décentralisée laissant place à l'initiative d'élites caractérisées par ailleurs pour leur fortes individualités. Ces soldats subissent des entrainements sévères, souvent à la limite de leurs capacités physiques et militaires.
L'esprit de corps y est sans doute l'un des plus vivaces et seul celui des marines peut s'y comparer. Le monde parachutiste constitue aussi une sorte de "secte" (avec un certain pendant dans le civil d'ailleurs) avec son vocabulaire et son rite initiatique : le saut qui est un obstacle redoutable pour les néophytes que l'anxiété saisit quand ils montent, malhabiles, serrés entre le parachute dorsal et le ventral, gênés par l'équipement et l'armement, dans l'avion. L'attente et les trépidations de l'appareil augmentent encore leur appréhension jusqu'au moment fatadique, le hurlement de la sirène qui est aussi le moment de la libération, du largage. Le moment de balancement dans l'air jusqu'à la chute, réalisée selon des techniques précises est sans doute le plus exaltant... tant qu'on est pas en guerre intense, car c'est aussi le moment où les tirs de DCA pouvaient interrompre bien des vies. Le combattant est entièrement dépendant du vent, bloqué dans ses équipements, ce qui peut le rendre très vulnérable dans un champ de tirs intenses.
Pour pallier à la vulnérabilité générale pendant le parachutage, les ingénieurs dotent le parachute d'un certain nombre de capacités de manoeuvre en agissant sur la voilure (sa forme, ses dimensions, sa matière...) et sur les dispositifs des dispositifs pouvant être pris en main par le combattant, pour jouer sur la direction et la rapidité de la chute. Mais ces techniques ne sont réellement utilisables qu'en petit groupe ou isolé, idéales toutefois pour les services spéciaux lors des missions "discrètes".
Christian GRAVAT, Parachutes, dans Encyclopedia Universalis, 2014. Gilbert BODINIER, Parachutisme, dans Dictionnaire d'art et d'histoire militaires.
ARMUS
Relu le 15 juin 2022