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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 08:36

          Le livre de DAVY, écrit en plein coeur du développement de la stratégie aérienne, en 1942, fait partie d'une série d'ouvrages de différents auteurs qui voient dans l'Air Power le garant d'un nouvel ordre international à instaurer ou restaurer la paix et la sécurité internationale. Celui de Maurice DAVY précisément relance l'idée d'une force de police aérienne internationale qui serait contrôlée par les pays anglo-saxons, en attendant l'avènement d'une fédération mondiale.

Vers la fin de la guerre, plusieurs autres auteurs comme O. STEWART (Air Power and the Expanding Community, 1944) et Eugène Edward WILSON (Air Power for Peace, Kessinger Publishing, 1945), proposent de faire de l'aviation sous contrôle international le garant de cette paix retrouvée après-guerre. Le journaliste Allan MICHIE (Keep the Peace through Air Power, Allen & Unwin, 1944) propose d'assurer le maintien de la paix après la victoire par une force de police aérienne composée de 4 800 avions, qui coûterait infiniment moins cher que les millions d'hommes qu'exigerait l'occupation de l'Allemagne et du Japon. Cette idée est reprise (d'une manière tout à fait théorique) par l'article 45 de la Charte des Nations Unies qui prévoit que les Etats membres mettront à la disposition de l'organisation des contingents de bombardiers susceptibles d'entreprendre des "actions coercitives" contre tout Etat qui menacerait la paix. 

      Ce qui distingue le livre de DAVY dans toute une littérature d'inspiration pacifiste, c'est une sorte d'urgence et d'angoisse devant la perspective d'un monde sans possibilité de s'abriter devant la menace permanente que fait peser sur la civilisation une multitude d'aéronefs répartis aux mains de n'importe quels dirigeants. 

Dans les quatre premiers chapitres du livre, DAVY décrit l'élaboration progressive de la navigation aérienne. Le suivant porte sur l'avion comme instrument de destruction, suivi lui-même d'un autre sur les conséquences sociales de la nouvelles inventions. Les deux derniers chapitres traitent des mérites relatifs à son contrôle et à son abolition. Si les chapitres sur l'histoire de l'aviation s'avèrent très éclairants, il n'en est pas de même sur les deux derniers, qui ne dépassent guère le niveau moyen des propositions pacifistes et ne s'étendent pas suffisamment sur les modalités du contrôle qu'il prône. De même, si la proposition, succincte malheureusement, est aussi claire que le cri d'alarme que l'auteur lance, l'auteur ne précise guère ce qu'il entend par civilisation. Alors qu'il ne voit guère ce qui peut freiner l'évolution généralisée de l'aviation, il garde une foi humaniste teintée d'espérance. Comme beaucoup, il pointe le décalage qui existe entre l'extension constante des capacités techniques de l'homme et sa connaissance des ressorts de son propre esprit et de sa propre société. 

Au cours de la lecture du texte, il ne donne guère de justification, sauf bien entendu une capacité destructrice démultipliée, au contrôle des nouvelles inventions volantes mécaniques. D'aucuns lui reprochent de ne pas étendre alors cette nécessité à l'automobile par exemple. Après tout, le nombre des accidents quotidiens dus à l'automobile ne provoque t-il pas autant sinon plus de dommages aux individus et à la vie sociale? Le pas en arrière que constitue l'automobile est encore à cette époque dans les années 1940 un sujet de nombre de livres et d'articles dans la presse. L'aviation militaire a ceci de particulier tout de même que les destructions sont de plus en plus importantes à mesure que le temps passe, notamment avec les stratégies de bombardements massifs. Ce que l'on peut plus précisément reprocher à ce livre, mais c'est le lot dans la littérature de nombre de critiques de l'expansion continue du militaire - littérature, très importante du reste, pacifiste ou/et antimilitariste - c'est de critiquer sans arrière-plan  idéologique, se limitant aux effets d'une technique particulière - ici l'aviation - sans apporter d'éléments quant aux processus civilisationnels qu'impliquerait l'abandon de cette technologie. Comment contrôler, pourquoi contrôler, qui contrôle, voilà, des questions insuffisamment ou pas du tout abordées...

 

M.J. Bernard DAVY, Air Power and civilization, G.Allen & Unwin, 1941. Anthony M. LUDOVICI, Civilization and the aeroplane, The New English Weekly n°21, 1942. Hervé COUTEAU-BÉGARIE, Traité de stratégie, Economica/ISC, 2002.

 

PAXUS

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