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11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 14:13

  François Jean de Graindorge d'ORGEVILLE, baron de MENIL-DURAND, dit François-Jean de MESNIL-DURAND est un collaborateur du Maréchal de BROGLIE, partisans de l'ordre profond. Ses vues sont critiquées par le colonel de GUIBERT. 

 

     Disciple de FOLARD, François de MESNIL-DURAND publie en 1755 son projet d'un ordre français en tactique, un des ouvrages militaires les plus populaires de son époque, dans lequel il ravive le débat entre l'ordre profond et l'ordre mince. La controverse qu'il provoque est plus intense encore après la guerre de Sept Ans. Il se fait l'avocat de l'ordre profond ou ordre français (en opposition à l'ordre prussien) et se propose de développer encore plus la colonne de FOLARD qu'il rebaptise "plésion", d'après la terminologie grecque issue de la phalange.

Selon MESNIL-DURAND, la seule tactique possible est fondée sur la supériorité absolue dans le choc. Pour cela, une armée doit être d'une solidité à toute épreuve. Et, pour qu'elle soit solide, elle doit éviter à tout prix d'exposer ses flancs, points faibles des armées de l'époque. Afin d'y réussir, l'ordre doit être le plus profond possible afin de créer un centre de gravité quasiment inviolable d'où émane la force de cette masse imposante. La base de cet ordre en profondeur est la colonne ou plésion, constituée par 770 hommes répartis en unités interarmées combattant les unes avec les autres. Il rejette l'utilisation de l'artillerie. Il favorise l'utilisation de piques (longues) mais se montre très méfiant à l'égard des armes à feu. Convaincu de la supériorité de son système, et peu soucieux d'examiner les autres aspects de la stratégie, il décrète l'invisibilité de la plésion. Son approche systématique de la stratégie, où la guerre est réduite à un exercice de géométrie, représente la tendance extrémiste d'un mouvement général chez les stratèges de cette période qui atteint son paroxysme, mouvement qui provoque une réaction violente de la part des grands penseurs militaires de l'après-1789, comme SHARNHOST et CLAUSEWITZ.  (BLIN et CHALIAND).

     Vu les progrès techniques en armes à feu et en artillerie, qui ne sont pas perçus toujours par les tacticiens, on peut trouver regrettable la popularité de MESNIL-DURAND qui entraine avec lui tant d'officiers en les prenant dans une sorte de débat proto-nationaliste entre Français et Prussiens. 

 

François-Jean de MESNIL-DURAND, Projet d'un ordre français en tactique, ou la phalange coupée et doublée, soutenue par le mélange des armes, Imprimerie d'Antoine Boudet, 1755 ; Fragments de tactique, ou six mémoires... précédé d'un Discours préliminaire sur la Tactique et sur les Systèmes, en deux volumes, Librairie Ch-Ant. Ambert, 1774.

Eugène CARRIAS, L a Pensée militaire française, Paris, 1960. Émile LÉONARD, L'Armée et ses problèmes au XVIIIe siècle, Paris, 1958.

Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, Dictionnaire de stratégie, tempus, 2016.

 

 

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