LIUTPRAND DE CRÉMONE est un noble d'une famille lombarde vivant à la cour du roi Hugues de Provence. Avec son père, il est commis par le roi en 927 puis en 942 puis encore en 971, comme ambassadeur à Constantinople.
Il réalise un "rapport" de sa "mission" à Constantinople, en fait son texte Antapodosis, écrit entre 956 et 958 à la demande de RECEMOND (Évêque d'Elvire et ambassadeur du Califat de Cordoue, rencontré à la cour d'OTTON 1er), retrace l'histoire de l'Empire en six livres, allant de 886 à 952. Le chapitre VI contient le récit de sa première ambassade à Constantinople.
Il rédige également Liber de rebus gestis Ottonis magni imperatoris (1960-964), simple récit historique et Legatio ou De Legatione Constantinopolitina, récit de sa seconde ambassade dans la capitale de l'Empire byzantin. Ce dernier récit contribue à établir la "légende noire" de l'Empire Byzantin en Occident. Son ambassade et les négociations se déroulent dans les pires conditions politiques et il en ressort avec un ressentiment marqué contre la Ville.
Si ses ouvrages sont cités aujourd'hui, avec tout l'appareil critique nécessaire pour cerner ses partialités, c'est par sa description "technique" de nombreux éléments civil et militaire.
Ainsi un récit sur le feu grégeois, arme incendiaire, inventé dans le dernier quart du VIIe siècle. Il est utilisé avec succès durant les années 674-678 lorsque Constantinople est sous le siège d'une flotte arabe, puis, à grande échelle, lors d'une invasion maritime slave venant de Kiev par le Dniepr et la Mer Noire. LIUTPRAND décrit les mesures prises par l'empereur Romanus I pour combattre la flotte du prince Igor.
LIUTPRAND, Antapodosis, dans D. J. Genakopoulos, Byzantium, Church Society and Civilization seen through contemporary Eyes, University of Chicago Press, 1984. Un extrait (sur le feu grudges) sous une traduction de Catherine Ter SARKISSIAN, peut être lu dans Anthologie Mondiale de la stratégie, Robert Laffont, collection Bouquins, 1990.