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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 13:44

    Sociologue américain, professeur de droit et de sociologie à l'université de Californie à Los Angeles, Philip SELZNICK est essentiellement connu pour ses travaux en théorie des organisations, sociologie du droit et des administrations publiques. Il est l'auteur en 1948 d'un article à l'American Sociological Review, "fondations of the theory of organisation, promis à un grand avenir et premier jalon de nombreuses autres études réalisées par lui, ses disciples et ses continuateurs. Il est considéré comme précurseur de l'entrepreneur institutionnel. 

     Il indique que l'attention accordée dans l'entre-deux-guerres à l'action sociale se déplace vers le cadre dans lequel s'exerce cette action : "L'organisation formelle est l'expression structurelle de l'action rationnelle". En outre, il considère que l'objectif des sociologues est de proposer une théorie de l'organisation. Le même article fondateur souligne : "Les syndicats, les gouvernements, les entreprises, les entreprises, les partis politiques et bien d'autres institutions sont des structures formelles car elles sont conçues rationnellement." Il est communément admis que les organisations modernes sont formelles, rationnelles et complexes. La similitude entre la théorie de la bureaucratie telle qu'elle a été formulée après la guerre et la théorie des organisations élaboré ultérieurement est frappante. Les sociologues de l'organisation ont cherché à définir un modèle général des organisations en s'inspirant de l'analyse weberienne.

     De manière simplifiée, SELZNICK part du principe que les individus au sein des organisations peuvent avoir différents objectifs, ce qui rend difficile pour les organisations et les employés d'avoir un objectif rationnel commun. Il met en avant une théorie de la cooptation comme mécanisme qui facilite la survie des organisations. Ce mécanisme de cooptation, en dehors des formes d'autres recrutements auquel il est mêlé, permet de réduire les risques. 

   Avec Robert K. MERTON, il est le brillant représentant de l'école structure-fonctionnaliste. Il insiste sur le fait que l'organisation doit toujours chercher à légitimer son action auprès de ses membres et de son environnement. Il développe en permanence des procédures d'ajustement mutuel - comme le mécanisme de cooptation - qui contraignent ses membres à se motiver par rapport à ses propres besoins, besoins que ses membres sont supposés percevoir. Certains auteurs (comme Jean-Pierre DURAND et Robert WEIL) pointent le danger d'une approche anthropomorphique de l'organisation, conçue comme ayant en propre une volonté et une action autorégulatrice. 

   Son ouvrage TVA and Gress-roots porte sur la relance du New Deal, et plus particulièrement sur l'agence publique de développement de la "Tennessee Valley Authority). Il y analyse les effet du "processus d'institutionnalisation" et de la légitimation d'une organisation. Ce processus engage non seulement les fondateurs et les donneurs d'ordre de la création de l'agence mais également l'ensemble des acteurs en interaction et en négociation implicite. 

   Ses contributions portent tout au long des années sur la théorie du leadership par l'adaptation dynamique, et sur la critique des théories de la société de masse.

Il s'attaque autant aux critiques de l'égalitarisme qui insistent sur le rôle des élites créatives et porteuses de culture (de José ORTEGA Y CRASSET et Karl MANNHEIM) qu'aux critiques qui mettent l'accent sur la désintégration et la qualité de la participation sociale dans la société et les organisations de masse (Emil LEDERER, Erich FROMM et Sigmund NEUMANN)...

Pour lui, malgré certaine formulation qui peuvent apparaitre comme anthropomorphiques,  la masse n'est jamais un agrégat informe et diffus, il est constitué par des groupes spécialisés à objectifs divergents ou/et complémentaires... Il propose des moyens pour développer l'influence de ces groupes en même temps que leur volonté d'agir dans l'organisation... tout en réfutant toute organisation d'inspiration socialiste. Sa vision s'oppose à la vision qu'il estime commune d'assujettissement des groupes dans une masse, et dans des études (sur la stratégie et la tactique soviétique par exemple), il s'attache à montrer que cette vision d'une masse qui serait contrôlable et manipulable ne repose pas sur la réalité du fonctionnement des organisations.

Il signale un certain nombre de stratégies impliquant une grande adaptabilité et une grande rapidité pour leur succès (inspirées de son étude des méthodes "communistes") : la formation de cades de direction discrets dans les groupes cibles ; leurs efforts d'entraide mutuelle pour gagner des positions officielles, le discrédit des fonctionnaires et des groupes internes pour les tenir à l'écart, la propension à épouser vigoureusement les objectifs des organisations cibles comme un moyen de passer au pouvoir, rentrer en conflit frontalement de manière à rendre impossible les demandes d'entrées indésirables, lancer sur d'autres groupes le fardeau de la rupture, poursuivre une activité de conspiration... 

 

Philip SELZNICK, Foundations of the Theory of Organization, American Sociological Review, volume 13 n°1, 1948 ; traduction française : L'organisation comme institution, par Alain DESREUMAUX, juillet 2015, ePub (livre numérique) (très utile pour s'y retrouver dans les analyses contradictoires de son oeuvre...) ; TVA and the Grass Roots : A study in the Sociology of formal organization, Berkeley, University of California Press, 1949. 

Jean-Pierre DURAND et Robert WEIL, Sociologie contemporaine, Vigot, 2002. Catherine BALLÉ, Sociologie des organisations, PUF, Que sais-je?, 2010.

 

 

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