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15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 11:00

      Péret BENJAMIN est un écrivain surréaliste français, également connu sous les pseudonyme de Satyremont, Peralda et Peralta. Il est généralement principalement représenté pour sa poésie des plus singulières : virtuosité de l'écriture automatique, luxuriance baroque des images (relancées indéfiniment par un emploi unique de la proposition relative), humour burlesque désacralisateur, audace transgressive. Sa poésie s'inscrit dans le surréalisme du plus haut vol, sous le signe ascendant de l'abondance, de la liberté...

      Mais cette présentation ne rend pas justice à son engagement militant pacifiste et communiste, de tendance trotkyste, participant aux nombreux soubresauts des courants critiques au stalinisme, notamment au sein de la IVe Internationale. Toute sa vie en fait est tendue dans ce combat pour un réel socialisme, révolutionnaire permanent et intransigeant. Comme pour de nombreux surréalistes qui le cotoient (dans la conflictualité le plus souvent), les présentations officielles mettent peu en avant le contexte de leurs activités, souvent très à gauche sur l'échiquier politique, collant pour les critiquer et les combattre, dans la mesure de leurs voyages fréquents, aux évolutions de l'Union Soviétique. il faut d'ailleurs le plus souvent plonger dans leurs contributions aux multiples feuilles plus ou moins révolutionnaires et dans les mémoires des survivants pour reconstituer leur véritable itinéraire.

   Benjamin PERET situe lui-même le début de son propre itinéraire à la guerre de 1914, "ce qui a tout facilité!", formule qui pour un biographe comme Guy PRÉVAN, "fournit la double-clé de l'état d'esprit qui conduit l'auteur de Mort aux vaches et au champ d'honneur à assumer, parallèlement (et non conjointement)  son aventure de poète, une activité révolutionnaire qui jamais ne se démentit." Il faut ajouter que, perpétuellement, il se trouve dans ses difficultés pécuniaires constantes qui l'oblige à travailler, dans n'importe quel journal, comme correcteur.

   Alors que sa mère le fait engager, devançant l'appel, comme infirmier au cours de la Première Guerre mondiale, il participe à la guerre en 1917 au 1er régiment de cuirassiers à Salonique puis en Lorraine. Il en sort son antimilitarisme virulent, qu'il exhibe volontiers dans les cercles littéraires où les surréalistes se produisent. Dès 1920, il rencontre, par l'entremise de sa mère, André BRETON et de fil en aiguille fréquente Robert DESNOS, heureux de participer à l'effervescence parisienne, alors qu'il a le sentiment d'être bloqué à Nantes. L'écriture d'un ouvrage basé sur une contrepèterie, Les Rouilles enragées, diffusé en 1928 et saisi presque tout de suite, n'est qu'un résultat d'une vie assez mouvementée, marquée à distance et parfois avec un certain décalage dans le temps, par les luttes internes du Parti communiste de l'URSS, où toutes les oppositions à STALINE, tour à tour, sont pratiquement laminées, politiquement et physiquement. TROTSKY notamment, suite à son éviction définitive en 1927, devient le point de référence (de ses critiques du bureaucratisme soviétique à ses doutes sur le marxisme lui-même vers la fin de sa vie) de nombreux communistes, français notamment, notoires surréalistes compris, dans des débats au sein d'une Opposition de gauche qui s'active autant en Europe qu'en Amérique Latine (mais dont les échos ne parviennent pas à l'opinion publique en général) (TROTSKY se réfugie au Mexique), dont Benjamin PERET suit la destinée de minorités en minorités... Au Brésil, en Espagne, au Mexique, dans les années trente et quarante, il est en butte à la répression et à des difficultés matérielles. Jusqu'à sa mort, Benjamin PERET est le seul surréaliste resté fidèle à André BRETON (décédé plus tard, en 1966).

Dans sa démarche, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et des persécutions nazies et collaborationnistes (en France tout au moins, car la répression subsiste en URSS et en Amérique Latine), il reste dans les eaux politiques et littéraires de l'utopie révolutionnaire, explorant aussi bien la numérologie, les mythes précolombiens que l'érotisme ou l'inconscient... et les perspectives politiques communistes, vues d'une (extrême) minorité d'extrême gauche.

    L'essentiel de son travail d'écrivain, beaucoup plus disponible aujourd'hui qu'à l'époque de leur publication, est partagé entre une partie politique et une partie purement littéraire, cette dernière étant bien plus connue que la première. Ses oeuvres poétiques et ses oeuvres politiques sont publiés dans les années 1980 par l'Association des Amis de Benjamin Péret (14, rue d'Orchampt, Paris, 18ème) fondée en 1963 pour défendre la mémoire du poète et militant révolutionnaire, dans ses Oeuvres Complètes en 7 tomes (Librairie José Corti). Il faut signaler que malgré cette oeuvre prolifique, la majeure partie de son énergie d'écrivain est orientée vers son travail de correcteur, dans divers journaux. Les textes politiques sont rassemblés dans le tome 5 de cette publication d'ensemble, ainsi que dans le tome 7.

 

Benjamin PERET, (partie politique) La parole est à Péret, Éditions surréalistes, 1943 ; Le Déshonneur des poètes, Mexico, Poésie et Révolution, Paris, K. éditeur, 1945 ; Le Manifeste des exégètes, Mexico, Editorial Revolucion, septembre 1946, brochure publiée sous le pseudonyme de Peralta ; Lettre ouverte au Parti Communiste Internationaliste, secteur française de la IVème Internationale, Paris, 10 juin 1947 ; Les Tâches du prolétariat face aux deux blocs, Imprimerie Union, décembre 1949, signé "Union Ouvrière Internationale ; Le Déshonneur des poètes, Jean-Jacques Pauvert, collection Liberté, 1965 ; Le Syndicat contre la révolution, réédition de "La révolution et les syndicats" (série d'articles publiés dans Le Libertaire, juin-septembre 1952) ; Pour un second Manifeste communiste (avec Grandizo MUNIS), Edition Losfeld, 1965 ; (partie plus poétique), Le passager du trasatlantique, Sans pareil, 1921 ; Les Couilles enragées, 1926, réédité après saisie policière, sous le titres Les Rouilles encagées, Éric Losfeld, 1954 ; Le Grand Jeu, Gallimard, 1928 ; Je ne mange pas de ce pain là, 1936, réédition par Syllpese en 2010 ; Anthologie de l'amour sublime, 1956, Réédité chez Gallimard en 1988 ; La Commune des Palmarès, 1956, réédition Syllepse, 1999 ; Anthologie des mythes et contes populaires d'Amérique, 1960, Réédition par Albin Michel en 1989. André BRETON et Benjamin PÉRET, Correspondance 1920-1956, présentée et éditée par Gérard ROCHE, Gallimard, 2017.

Guy PRÉVAN, Péret Benjamin, révolutionnaire permanent, éditions Syllepse, 1999.

L'Association des Amis de Benjamin Péret publie depuis 2014 une feuille d'information, Trois cerises et une sardine (titre aussi d'un ensemble de textes publié par Syllepse en 1999). www.benjamin-peret.org

 

 

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