Marcelle CAPY, de son vrai nom Marcelle MARQUÈS, est une journaliste, écrivain, militant syndicaliste, pacifiste et féministe libertaire française. Directice de la Ligue des Droits de l'Homme et fondatrice de l'hebdomadaire La Vague, elle a une place importante dans le paysage pacifiste français pendant la Première guerre mondiale et dans l'entre-deux-guerre.
Dans ses livres, ses conférences et ses articles dans la presse, elle soutient un triple combat : pour la paix en dénonçant l'horreur et l'absurdité de la guerre, féministe en soulignant le rôle fondamentale des femmes dans la société moderne et socialiste libertaire de caractère surtout moral et philosophique en prônant le devoir de solidarité.
Une opposition farouche à la guerre
Collaboratrice à La Voix des Femmes et à La Bataille syndicaliste, elle y démissionne avec Fernand DESPRÈS en août 1915, en raison de la ligne d'Union sacrée adoptée par le journal.
En 1916, elle publie sous le nom de Marcelle CAPY, son premier ouvrage, préface par Romain ROLLAND, Une voix de femme dans la mêlée, vibrant plaidoyer contre la guerre. Victime de la censure, son livre n'a que peu de lecteurs ; sa correspondance est alors surveillée par la police, au même titre que nombre de ses amis et amies.
Entre novembre 1917 et janvier 1918, elle travaille anonymement dans une usine d'armement et publie son témoignage dans le magazine La Voix des Femmes, sur les cadences infernales imposées aux femmes, alors employées en nombre dans l'industrie. En janvier 1918, elle figure parmi les fondateurs de l'hebdomadaire antimilitariste La Vague dont elle assure le secrétariat de rédaction.
Une activité pacifiste intense pendant l'entre-deux-guerres-mondiales
En 1925, elle écrit L'amour roi et son ouvrage majeur Des hommes passèrent... couronné du prix Séverine de l'Association des femmes journalistes. Ce dernier roman raconte le passage, dans les familles de Pradines, de prisonniers allemands venus remplacer, aux travaux de la ferme, les hommes partis au front.
Elle rencontre au cours de ses conférences et dans les courants pacifistes d'alors, BARBUSSE, Romain ROLLAND, Joseph CAILLAUX, Anatole de MONZIE. Elle donne des conférences aussi bien en Europe qu'aux États-Unis et au Canada.
Au début des années trente, Marcelle CAPY participe à la Ligue international des combattants de la paix (LICP), dont elle est "responsable de la propagande", et pour laquelle elle donne des conférences avec Robert JOSPIN. En 1934, elle publie "femmes seules", un roman découpé en trois saisons. En 1936, "voyant que tout cela recommence", elle-republie, à compte d'auteur, Une voix de femme dans la mêlée. Cette fois, le texte est complet, débarrassé de la censure de 1916.
Pendant la seconde guerre mondiale et après...
Bien qu'elle ait été membre du bureau de la Ligue Internationale Contre l'antisémitisme, elle écrit pendant l'Occupation dans Germinal, journal proche de la collaboration, et y collabore avec Robert JOSPIN. Comme beaucoup de pacifistes, elle se laisse entraîner par les arguments de la propagande allemande.
Après la guerre, elle reprend son activité d'écrivain de romain (La vie ne tient qu'à un fil, L'Égypte au coeur du monde). Elle participe aussi en 1951 à la fondation du Comité national de résistance à la guerre et à l'oppression (CNRGO), de Félicien CHALLAYE et d'Émile BAUCHET.
La trajectoire de Michel CAPY rejoint celle de Louise SAUMONEAU : le pacifisme (et l'anticommunisme) l'emportent sur les solidarités de genre, alors même que la nature émancipatrice du régime de Vichy est pour le moins sujette à caution. On peut ajouter, comme l'écrit Yves SANTAMARIA, que des prises de position expliquant que les femmes sont "plus proches des sources mêmes de la vie, moins déformées par les routines et les minuscules vanités politiques" (voir Nicolas OFFENSTADT, dans l'article Pacifistes de 1938-1948, Les années de tourmente, Dictionnaire critique, Sous la direction de Pierre AZÉMA et François BÉDARIDA, Flammarion, 1995), n'ont sans doute rien pour déplaire aux autorités du temps. Nombre de pacifistes, hommes ou femmes, dont l'activité est remarquable entre les deux guerres mondiales, sont, faute d'un minimum d'analyses politiques, tout simplement tombés dans les pièges de la propagande nazie...
Marcelle CAPY, Une voix de femme dans la mêlée, Édition Paul Oliendorf, 1916 ; La défense de la vie, Oliendorf, 1918 ; Des hommes passèrent, Éditions du Tambourin, 1930 ; A bas les armes!, LICP, 1933 ; Avec les travailleurs de France, autoédition, 1937 ; L'homme et son destin, conférence donnée à la salle de la Société de Géographie, âris, Éditions de l'école addéiste, 1951.
Évelyne DIEDOLT, Marcelle Capy - Aline Valette : femmes et travail au XIXe siècle, Syros, 1984.
Yves SANTAMARIA, Le pacifisme, une passion française, Armand Colin, 2005.