Rappelons d'abord que le sikhisme est une religion dharmique monothéiste fondée dans le Sud de l'Inde au XVe siècle par le Gurû NANAK. Le mot sikh est un mot pendjabi, dérivée du mot sanskrit signifiant disciple ou étudiant, ou de siksa qui signifie étude ou instruction. Traduit littéralement, le terme revient à dire "l'âme de dieu". La doctrine du skhisme se fonde sur les enseignements spirituels des Dix gurûs, recueillis dans le Sri Guru Granthe Sahib.
Dans une foule indienne, les Sikhs orthodoxes sont facilement reconnaissables à leur turban à leur barbe. Toutefois, bien que la crise qui secoue le Penjab depuis 1980 ait contribué à attirer l'attention sur eux, l'histoire et leur religion restent toujours mal connues. Et en Europe, on a un peu tendance à chausser les lunettes de l'Empire britannique à leur égard, et à les voir seulement comme alliés intégrés à l'armée lors de la révolte des cipayes en 1857 (recrutement préférentiel dans l'armée, par ailleurs grands agriculteurs leur valant la possibilité de bénéficier de l'ouverture des Canal colonies à partir de 1880. Sans compter leur participation au massacre des participants au rassemblement non violent à Amritsar en 1919. Les Sikhs ne forment que 2% de la population indienne, 80% vivant au Penjab, où ils sont légèrement plus nombreux que les Hindous. Ils ont largement contribué à en faire le grenier de l'Inde et son État le plus prospère. Des événements contemporains et leur relation par les médias ont pu donner des Sikhs l'image de fanatiques. Pour l'immense majorité d'entre eux, il n'en ait rien. Ils sont intégrés; souvent à un très haut niveau dans la société indienne et leur religion est empreinte d'un idéal de tolérance et de service. L'histoire des Sikhs est liée donc à celle du Penjab.
GANDHI ne s'inspire pas de cette histoire, même s'il ne fait pas comme beaucoup l'assimilation entre une toute petite minorité allié à la Grande Bretagne et l'immense majorité d'entre eux. Leur conception de l'Ahimsa est de plus assez éloignée de celle d'autres groupes religieux et si comme GANDHI, le sikhisme ignore les castes et les sectes, mais surtout en théorie, des considérations de prestige liées à la caste survivent ici et là, et des tendances sectaires animent certains de ses groupes (notamment envers les Musulmans).
Le sikhisme prône la valeur morale que représente l'Ahimsa, telle que définit par KABIR, sage et poète indien vénéré de nos jours par une partie des hindous du Nord de l'Inde et de certains mahométans. De nombreux écrits du Guru Granth Sabib, le Livre saint du sikhisme mettent en avant l'Ahimsa, qui s'étend à toutes les créatures, et s'exprimant par un fort végétarisme. L'égalité, la justice, la compassion, la charité sont des valeurs à cultiver. Mais tous les Sikhs n'accordent pas la même attention et toujours à l'Ahimsa. Guru Tegh Bahadur dit que l'homme sage ne doit terroriser personne et ne pas être terrorisé. Mais Guru Gohind Singh, dernier du titre, a pris les armes et est mort en martyr du fait des invasions étrangères qui décimaient le peuple sikh : pour la justice, la liberté, il faut quelquefois se battre lorsque les méthodes pacifiques sont épuisées. L'épée ne doit pas être utilisée pour une fin individuelle, mais pour le bien d'un groupe, d'une société, ne se distinguant alors guère des motivations communes dans le peuple indien. L'histoire du sikhisme et ses martyrs, ses holocaustes ont fait que les derniers gourous fondateurs ont revisités l'ahimsa, qui doit tout de même prévaloir.
RELIGIUS
Anne-Marie ESNOUL, ahimsa ; Denis MATRINGE, Sikhs, dans Encyclopedia Universalis, 2014
The Encyclopedia of Sikhism, sous la direction e Harbans SINGH. Gérard HUET, Dictionnaire Héritahe du Sanscrit, version DICO en ligne (sanskrit.inria.fr)