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31 janvier 2022 1 31 /01 /janvier /2022 14:16

    Parmi les interrogations sur l'avenir de l'humanité soulevées par les conséquences du changement climatique en cours et l'épidémie du covid-19 (l'arbre qui dans les médias actuellement cache la forêt...) figurent les implications sociales, économiques et politiques (sans compter les éléments purement stratégiques entre puissances). Plus précisément et il faut le préciser sinon cela ne fait que refléter l'état d'esprit de la partie la plus consciente de cette humanité, est-il possible, après une phase importante de changement climatique et une endémie appelée à durer, que les sociétés telles que nous les connaissons continuent d'exister? Une grande partie des élites pensent (même quand elle prend au sérieux ces menaces) qu'il s'agit d'un mauvais cap à passer avant que tout rentre dans l'ordre (c'est-à-dire en désordre...). Mais l'hypothèse d'impossibilité d'y revenir gagne de plus en plus de crédibilité. Après cette phase climatique et cette pandémie, il est possible que rien ne sera comme avant. Qi'en-est-il, dans l'état actuel de nos connaissances pour les événements passés du même genre?

   L'exercice d'investigation sur des précédents est difficile tant les phases de changement climatique sont massives et destructrices. Il l'est un peu moins sans doute en ce qui concerne les épidémies ou pandémies. L'histoire connue (de l'Antiquité à nos jours comme on dit...) contient plusieurs épisodes épidémiques d'ampleur, même si toute la planète n'est pas touchée comme c'est le cas (victoire de la mondialisation...) de nos jours. On sait le risque historiographique encouru quand on veut explique le passé avec les connaissances du présent. Il l'est de plus en plus lorsqu'il s'agit de reconstituer des ères disparues, des comportements de nos ancêtres très lointains, que l'on a tendance à faire en les rapprochant des réalités d'aujourd'hui...

 

La place des épidémies et des changements climatiques dans l'histoire des sociétés

    Tout d'abord, on ne peut qu'être frappé dans les différents récits de notre histoire par l'absence des épidémies. Même pour l'histoire de l'Europe, comment peut-on encore évoquer le "Moyen-Âge" dans la Grande Peste Noire? Aucune enquête historique ne place cette épidémie au premier plan pour expliquer les bouleversements dans les moeurs, dans les religions, dans les institutions politiques, dans les évolutions économiques... A chaque fois que la Grande Peste est évoquée, les historiens mettent en garde contre une "exagération" des répercussions de cette épidémie qui envoya dans l'au-delà tout de même un bon tiers de la population européenne. On peut mettre l'accent parfois sur le déclin des empires musulmans en Méditerranée causée par cette épidémie. Mais il n'y a pas d'articulations entre événements épidémiologiques et évolution des pratiques agricoles, puis économiques, évolution des moeurs, changements religieux et politiques, qui mettent réellement en valeur l'influence de ces épidémies.

A une très grande exception près : l'effondrement des royaumes aztèque et maya en Amérique Latine suite à l'intrusion des conquistadores, propageant la variole d'un bout à l'autre du sous-continent. La sidération des populations fut telle : leur intrusion parallèlement à la propagation de cette maladie contagieuse et mortelle provoquent non seulement un effondrement politique et social, mais également une destruction du moral, la perte de tout repère psychologique. Des enquêtes sur les sentiments religieux actuels des habitants, qui mélangent héritage de la tradition et apports du christianisme au point que l'on peu parler d'un christianisme latino-américain (chose que combattent en vain des autorités ecclésiastiques, elles tenant au dogme romain).

Bref, il semble qu'en s'en tient encore, malgré les progrès dans l'étude de l'histoire qui tend à en faire une histoire économique et sociale liée à l'histoire "traditionnelle" politique des familles royales prolongée en quelque sorte ensuite dans l'histoire des nations, à ne pas faire le lien entre les épidémies, considérées alors comme événements passagers, et étapes de l'évolution des sociétés... Nous formulons l'hypothèse inverse : les épidémies constituent des faits centraux de notre histoire... Dans la foulée, nous formulons une autre hypothèses : les changements climatiques constituent des marqueurs de l'évolution de l'humanité. Nous avons toujours été frappé par l'histoire de l'Antiquité, et notamment de l'Antiquité égyptienne : on fait commencer l'Histoire en Mésopotamie... Entre la Préhistoire et l'Antiquité, il y a comme un blanc, qui ressemble à un avant et un après un cataclysme d'ampleur... biblique. Pour en revenir à l'Égypte, les Pyramides apparaissent là, issues d'un lointain passé, de plus en plus reculer au fur et à mesure des recherches archéologiques.. Ne devrait-on pas par exemple relier l'érection de ces monuments (dont on devrait sans doute être moins admiratifs...) et l'apparition tout autour de ce désert? Combien y-a-t-il fallu de bois et de feuillus pour dresser ces pyramides?... Cette dernière hypothèse est reflétée dans plusieurs ouvrages, mais même l'archéologie et l'anthropologie versant académique n'ont font guère tapage....

   Plusieurs études permettent de se faire une idée de l'impact des épidémies et à plus grande échelle des changements climatiques sur les sociétés et sur les civilisations.

- La démarche la plus immédiate est faite, mais surtout dans une perspective de "sciences naturelles", d'étudier les effets des épidémies sur les évolutions des populations, via la démographie historiques ;

- Une approche semblable est effectuée pour le monde gréco-romain, une antiquité en détresse où les sociétés rebondissent après les catastrophes naturelles. Pestes et épidémies au Moyen-âge font l'objet de nombreuses études : elles constituent avec les guerres des fléaux récurrents, dotés d'un grand pouvoir de destruction et sont aussi de grands facteurs de changements politiques et sociaux.

- Les interactions entre épidémies et sociétés sont l'objet également d'études dont l'importance croît actuellement à cause des ravages de la pandémie de Covid-19. Persécution, contrôle social, entreprise coloniale, révoltes, exploitation, religion et ordre moral, mortalité différentielle et racisme, mobilisations politiques et militaires, rapports de genre, activisme, tant d'éléments qui changent lors d'épidémies...

- De la peste à la pandémie de Covid-19, les religions face aux épidémies sont animées de comportements récurrents, tant et si bien que les représentations de ces épidémies peuvent avoir plus d'effets sur les mentalités (religieuses mais pas seulement) que les épidémies elles-mêmes.

- Les parcours et survols de  l'histoire des Empires montrent des conditions de naissance et d'effondrement sous l'influence des épidémies. Les changements climatiques peuvent avoir des effets plus radicaux et définitifs, redessinant la carte des régions habitables et non habitables. Nous sommes bien entendu plus documentés sur les épidémies que sur les changements qui opèrent à échelle plus large : tout ce qui subsisterait alors des civilisations anciennes est perdu à jamais. Parfois des bribes de connaissance se retrouvent dans les textes les plus anciens conservés par l'humanité, mais de manière souvent diluée (dans des considérations religieuses) et déformée...

 

SOCIUS

 

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