6 juin 2008
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Les hommes sont individuellement et collectivement jetés sur les routes de l'histoire, au milieu de conflits qui existaient bien avant eux et qui existeront longtemps après eux.
Dans l'antiquité comme dans le temps que les contemporains appellent modernes, en espérant toujours un renouveau de la vie de l'humanité, les trois questions raciale, nationale et sociale se sont trouvées inextricablement liées dans la vie quotidienne comme dans les grandes occasions historiques.
Dans l'antiquité comme dans le temps que les contemporains appellent modernes, en espérant toujours un renouveau de la vie de l'humanité, les trois questions raciale, nationale et sociale se sont trouvées inextricablement liées dans la vie quotidienne comme dans les grandes occasions historiques.
Et dans l'esprit de ces hommes et de ces femmes, des conflits réels se sont trouvés occultés par des conflits imaginaires, autant de thèmes de fixation de l'émotion collective. Que l'on songe aux contes de l'Antiquité où les hommes doivent se concilier constamment des puissances surnaturelles au point d'y consacrer beaucoup de temps et beaucoup d'espace, que l'on songe aussi aux religions "modernes" qui accaparent également encore l'esprit de millions d'êtres humains. Se concilier les forces d'en haut pour qu'elles n'entrent pas en conflit avec les hommes, s'en faire des alliés dans les actions de tous les jours comme sur les champs de bataille, a polarisé l'attention d'une multitude de fidèles de tout bord. Déclarer l'alliance avec un dieu, c'est déclarer la guerre à d'autres dieux, et cela prend de l'énergie, du temps et de l'intelligence... Déclarer la guerre à Satan, c'est aussi déclarer la guerre à ses serviteurs sur Terre, et on connaît l'ampleur des luttes religieuses, qui ne sont pas encore terminées de nos jours. Les pensées et les actions sont tellement prises par ces conflits imaginaires transformés par l'épée et la bombe en conflits réels, que les hommes en oublient les véritables différends qui agissent en profondeur.
Etablir une Eglise, une Communauté sur la base de prophéties et de croyances au surnaturel, d'espoirs de vie dans l'au-delà, cimenter la vie des hommes qui vivent les uns à côté des autres, les prochains comme disent certains, pour qu'ils ne tombent pas dans la violence de leurs divisions, de leurs véritables conflits est sans doute la facette positive d'institutions spirituelles qui par ailleurs font perdurer les injustices et les privilèges économiques et politiques. L'illusion religieuse - fondée sur ce que les hommes ne connaissent pas et craignent - permet de faire perdurer des situations en ne posant pas les questions sexuelle et sociale.
La division de l'humanité en deux parties, la division du monde en inférieurs et en supérieurs ont été toujours justifiées par l'invocation des puissances d'en haut avant d'être jugées naturelles. Encore aujourd'hui, la femme demeure la seconde dans maintes parties du monde et les systèmes de castes régentent toujours d'immenses territoires.
La croissance de la population, sa densification, a transformé les tribus rachitiques d'autrefois en ensembles très grands, posant des problèmes d'identité de plus en plus larges, que les royautés - même de droit divin - ne pouvaient résoudre.
Etablir une Eglise, une Communauté sur la base de prophéties et de croyances au surnaturel, d'espoirs de vie dans l'au-delà, cimenter la vie des hommes qui vivent les uns à côté des autres, les prochains comme disent certains, pour qu'ils ne tombent pas dans la violence de leurs divisions, de leurs véritables conflits est sans doute la facette positive d'institutions spirituelles qui par ailleurs font perdurer les injustices et les privilèges économiques et politiques. L'illusion religieuse - fondée sur ce que les hommes ne connaissent pas et craignent - permet de faire perdurer des situations en ne posant pas les questions sexuelle et sociale.
La division de l'humanité en deux parties, la division du monde en inférieurs et en supérieurs ont été toujours justifiées par l'invocation des puissances d'en haut avant d'être jugées naturelles. Encore aujourd'hui, la femme demeure la seconde dans maintes parties du monde et les systèmes de castes régentent toujours d'immenses territoires.
La croissance de la population, sa densification, a transformé les tribus rachitiques d'autrefois en ensembles très grands, posant des problèmes d'identité de plus en plus larges, que les royautés - même de droit divin - ne pouvaient résoudre.
Des nations forment aujourd'hui des ensembles identitaires par excellence, la religion, battue en brèche par l'esprit scientifique ne pouvant plus assumer le poids de service de l'unité et de la coopération entre gens nés dans ces ensembles trop vastes. La question nationale a donc occupé les esprits, pour ne pas s'occuper de la question sexuelle et de la question sociale, dont les solutions risquaient de mettre en cause tout l'édifice social et mental.
Mais comme l'extension des découvertes des peuples conquérants les font occuper les espaces habités par d'autres peuples jusque là éloignés, ils découvrent ces peuples aux caractéristiques apparentes différentes, et ils y trouvent d'ailleurs des moyens de s'enrichir davantage que par leur propre travail, par leur mise en esclavage ou mise en tutelle. L'esclavage existait déjà mais de façon "artisanale" et limitée.
Ces contacts mettent au jour la question raciale, qu'habillent les possédants et les puissants, entre leurs peuples et ces peuples qu'ils exploitent largement. Cette question finit par occuper d'autant plus l'esprit que les contacts entre populations différentes se font plus fréquents et plus rapprochés. La question raciale peut prendre le relais de la question nationale et de la religion pour, encore une fois, mettre de côté les questions sexuelle et sociale. Quoi de plus "naturel" de se sentir plus proche entre gens de couleur semblable, même s'ils s'exploitent dans la réalité entre eux, et de dresser des barrières entre des gens de couleur différente.
L'existence des questions nationale et raciale constitue un vrai pain béni pour les individus et classes sociales qui bénéficient des positions sociales dominantes (riches souvent), en ce sens qu'au lieu de se poser la question de l'amélioration de leurs conditions économiques, les individus et les classes sociales dominés (pauvres souvent), restent polarisés par les menaces orchestrées et mises en scène, des autres nations et des autres races. Non que les questions nationale et raciale n'existent pas, mais parce que les termes de ces deux questions sont dans l'esprit de presque tous fondés sur des aspects imaginaires.
L'imbrication des réalités (exploitation des Noirs - et des Indiens - par les Blancs, exploitation des petites nations par les grandes...) et des illusions (souillure fondamentale de la noirceur de la peau, différences fondamentales entre Français et Allemands...) rendent les conflits sociaux et nationaux d'autant plus intenses que les questions sont mal posées. Il n'est que de voir la question raciale aux Etats-Unis où la guerre de Sécession a tranché une question mal posée de l'esclavage (Et aujourd'hui d'ailleurs l'accession possible d'un Noir à la présidence risque de faire croire que l'on résout la question raciale et de faire oublier une fois de plus la question sociale). Deux guerres mondiales en Europe n'ont pas suffit apparemment pour que les questions nationales illusoires (battues en brêche par les réalités économiques) soient réglées, car l'on n'a pas réglé précisément les questions sociales, ne serait-ce que l'écart croissant entre niveaux de vie des riches et des pauvres. Car ceux qui font l'opinion continuent de raisonner et de faire raisonner comme si les plombiers polonais menacent les plombiers français alors que les agissements bancaires français les menacent bien plus.
En réalité, c'est lorsqu'on commence à s'attaquer à la solution des questions sexuelle et sociale que l'on commence enfin à changer le cours de l'humanité. L'émancipation des femmes a des répercussions sur le statut des femmes noires par rapport aux femmes blanches et l'organisation des forces ouvrières à l'échelon européen met en cause les distinctions nationales sur le continent. La solution des questions sociale en particulier font découvrir la véritable nature des questions raciale et nationale, qui deviennent d'anciennes illusions, tout comme les solutions nationales avaient détruits les illusions religieuses.
La mise en avant des réalités, la mise en veilleuse des terreurs ancestrales provoquent, de proche en proche, l'ébranlement de tous les édifices sociaux fondés sur les inégalités de sexe, de "race" et de "nationalité".
GIL
Mais comme l'extension des découvertes des peuples conquérants les font occuper les espaces habités par d'autres peuples jusque là éloignés, ils découvrent ces peuples aux caractéristiques apparentes différentes, et ils y trouvent d'ailleurs des moyens de s'enrichir davantage que par leur propre travail, par leur mise en esclavage ou mise en tutelle. L'esclavage existait déjà mais de façon "artisanale" et limitée.
Ces contacts mettent au jour la question raciale, qu'habillent les possédants et les puissants, entre leurs peuples et ces peuples qu'ils exploitent largement. Cette question finit par occuper d'autant plus l'esprit que les contacts entre populations différentes se font plus fréquents et plus rapprochés. La question raciale peut prendre le relais de la question nationale et de la religion pour, encore une fois, mettre de côté les questions sexuelle et sociale. Quoi de plus "naturel" de se sentir plus proche entre gens de couleur semblable, même s'ils s'exploitent dans la réalité entre eux, et de dresser des barrières entre des gens de couleur différente.
L'existence des questions nationale et raciale constitue un vrai pain béni pour les individus et classes sociales qui bénéficient des positions sociales dominantes (riches souvent), en ce sens qu'au lieu de se poser la question de l'amélioration de leurs conditions économiques, les individus et les classes sociales dominés (pauvres souvent), restent polarisés par les menaces orchestrées et mises en scène, des autres nations et des autres races. Non que les questions nationale et raciale n'existent pas, mais parce que les termes de ces deux questions sont dans l'esprit de presque tous fondés sur des aspects imaginaires.
L'imbrication des réalités (exploitation des Noirs - et des Indiens - par les Blancs, exploitation des petites nations par les grandes...) et des illusions (souillure fondamentale de la noirceur de la peau, différences fondamentales entre Français et Allemands...) rendent les conflits sociaux et nationaux d'autant plus intenses que les questions sont mal posées. Il n'est que de voir la question raciale aux Etats-Unis où la guerre de Sécession a tranché une question mal posée de l'esclavage (Et aujourd'hui d'ailleurs l'accession possible d'un Noir à la présidence risque de faire croire que l'on résout la question raciale et de faire oublier une fois de plus la question sociale). Deux guerres mondiales en Europe n'ont pas suffit apparemment pour que les questions nationales illusoires (battues en brêche par les réalités économiques) soient réglées, car l'on n'a pas réglé précisément les questions sociales, ne serait-ce que l'écart croissant entre niveaux de vie des riches et des pauvres. Car ceux qui font l'opinion continuent de raisonner et de faire raisonner comme si les plombiers polonais menacent les plombiers français alors que les agissements bancaires français les menacent bien plus.
En réalité, c'est lorsqu'on commence à s'attaquer à la solution des questions sexuelle et sociale que l'on commence enfin à changer le cours de l'humanité. L'émancipation des femmes a des répercussions sur le statut des femmes noires par rapport aux femmes blanches et l'organisation des forces ouvrières à l'échelon européen met en cause les distinctions nationales sur le continent. La solution des questions sociale en particulier font découvrir la véritable nature des questions raciale et nationale, qui deviennent d'anciennes illusions, tout comme les solutions nationales avaient détruits les illusions religieuses.
La mise en avant des réalités, la mise en veilleuse des terreurs ancestrales provoquent, de proche en proche, l'ébranlement de tous les édifices sociaux fondés sur les inégalités de sexe, de "race" et de "nationalité".
GIL