27 juin 2008
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Tout d'abord, on ne peut pas faire l'économie d'une définition des dépenses militaires, qui ne sont pas plus seulement des dépenses de guerre que des dépenses d'armements.
La dimension du secteur militaire varie selon les périodes (guerre, paix, crise, tension internationale...). Ses limites et ce qu'il englobe sont généralement imprécis, même dans les études spécialisées.
Par l'expression "dépenses militaires", on englobe habituellement :
- le personnel civil et militaire (y compris les forces de réserve) employé dans les armées ;
- l'achat des matériels nécessaires à ces armées (armements bien sûr, mais aussi véhicules de tout genre, éléments informatiques... ) ;
- les dépenses d'opération et d'entretien : manoeuvres, casernement, stockage et entretien de matériel ;
- les constructions d'installations militaires ;
La dimension du secteur militaire varie selon les périodes (guerre, paix, crise, tension internationale...). Ses limites et ce qu'il englobe sont généralement imprécis, même dans les études spécialisées.
Par l'expression "dépenses militaires", on englobe habituellement :
- le personnel civil et militaire (y compris les forces de réserve) employé dans les armées ;
- l'achat des matériels nécessaires à ces armées (armements bien sûr, mais aussi véhicules de tout genre, éléments informatiques... ) ;
- les dépenses d'opération et d'entretien : manoeuvres, casernement, stockage et entretien de matériel ;
- les constructions d'installations militaires ;
- la recherche-développement (recherche fondamentale et appliquée, mise au point et amélioration du matériel) ;
- la fabrication des armements et du matériel militaire.
A cela, il convient d'ajouter :
- les forces para-militaires, leur entretien et leur formation (que ce soit de manière directe ou indirecte, par l'appel au mercenariat);
- la défense civile;
- le stockage des produits stratégiques;
- les usines d'armement en réserve;
- l'aide militaire à l'étranger.
Cette double énumération montre que la frontière entre les secteurs civil et militaire est souvent arbitraire. Elle tente simplement de tenir compte des différents modes de comptabilisation qui varient selon les pays, encore de façon importante, malgré les efforts d'organes spécialisés des Nations Unies. C'est d'ailleurs pourquoi les organismes internationaux intéressés par ce type de problème fournissent des chiffres différents.
Déjà les difficultés d'évaluation des dépenses militaires existaient en Grèce ancienne, si l'on s'en réfère aux études d'Yvon GARLAN. Les données sont certes imprécises pour savoir comment les bons comptes pouvaient faire les bons alliés dans les fréquentes guerres grecques, mais, comme le prouve les clauses d'"économie symmachique" contenues dans les traités d'alliance, c'était un source de préoccupations de la part des Cités, et aussi, on s'en doute, une source de conflits futurs. Le partage entre alliés des profits de guerre faisaient l'objet de calculs minutieux, compte tenu des forces engagées et des sollicitateurs de l'alliance, et sans doute des appétits des Cités engagées dans un conflit, ce que l'on appelle aujourd'hui joliment des buts économiques de guerre. Esclaves, biens des cités vaincues, partage des ports et liberté de navigation et de pêche, octroi d'une partie aux dieux et aux lieux saints, comptaient en face des vivres, des hommes et des armes fournis par l'une ou l'autre des Cités. Vu la fréquence des guerres, et malgré l'imprécision involontaire ou volontaire de ces "comptes", les biens et les esclaves mis en mouvement par ces guerres ont eu certainement une grande influence dans l'ensemble de l'économie.
De nos jours, les études économiques, et même économétriques, se sont multipliées sur les relations entre activités militaires et économie. Selon Véronique NICOLINI, auteure d'une étude sur l'impact macro-économique et régional des dépenses militaires, dans la revue du Centre d'études en sciences sociales de la défense, qui dépend du ministère français de la défense, les effets des dépenses militaires sur l'activité économique demeure "un champ encore peu défriché où beaucoup d'approches théoriques, méthodologiques et empiriques sont encore à constituer." C'est sa conclusion d'une étude sur les différentes approches de ces effets : "modèle de demande", "modèles d'offre", modèles macro-économique et modèles régionaux. Nous aurons bien sûr à revenir sur les résultats de la mise en oeuvre de ces différents modèles comme de leur théorie. On peut dire ici seulement que les simulations des modèles macro-écononométriques soulignent l'impact négatif à court terme d'une réduction des dépenses militaires sur la croissance économique en raison de la baisse directe de la demande en fournitures à objet militaire. Mais à long terme, avec le soutien de programmes de reconversion des hommes, des matériels et des sites, cette réduction peut être profitable à tous par le transfert des ressources du secteur lié à la défense au secteur civil. Cette conclusion, écrite en 2000, dans la période où l'on attendait les fruits de la fin de la guerre froide, pour intéressante qu'elle soit, n'évite pas de se poser des questions fondamentales sur le type de croissance favorisé par les dépenses militaires, et bien entendu plus largement du type de société.
Ce qui est certain, c'est que le poids de ce que le Président EISENHOWER appelait, à la fin de son mandat, le complexe militaro-industriel, surtout depuis le début du XXème siècle (sans préjuger du poids des dépenses de guerre des époques précédentes), possède une incidence multiple sur l'économie.
Yvon GARLAN, Guerre et économie en Grèce ancienne, La découverte/poche, 1999. Véronique NICOLINI, Quel est l'impact macro-économique et régional des dépenses militaires?, Les forums de C2SD, du Centre d'études en sciences sociales de la défense, 2000. A noter que beaucoup de textes de ce Centre sont disponibles sur Internet, gratuitement (service public) : www.c2sd.defense.gouv.fr.
ECONOMIUS
- la fabrication des armements et du matériel militaire.
A cela, il convient d'ajouter :
- les forces para-militaires, leur entretien et leur formation (que ce soit de manière directe ou indirecte, par l'appel au mercenariat);
- la défense civile;
- le stockage des produits stratégiques;
- les usines d'armement en réserve;
- l'aide militaire à l'étranger.
Cette double énumération montre que la frontière entre les secteurs civil et militaire est souvent arbitraire. Elle tente simplement de tenir compte des différents modes de comptabilisation qui varient selon les pays, encore de façon importante, malgré les efforts d'organes spécialisés des Nations Unies. C'est d'ailleurs pourquoi les organismes internationaux intéressés par ce type de problème fournissent des chiffres différents.
Déjà les difficultés d'évaluation des dépenses militaires existaient en Grèce ancienne, si l'on s'en réfère aux études d'Yvon GARLAN. Les données sont certes imprécises pour savoir comment les bons comptes pouvaient faire les bons alliés dans les fréquentes guerres grecques, mais, comme le prouve les clauses d'"économie symmachique" contenues dans les traités d'alliance, c'était un source de préoccupations de la part des Cités, et aussi, on s'en doute, une source de conflits futurs. Le partage entre alliés des profits de guerre faisaient l'objet de calculs minutieux, compte tenu des forces engagées et des sollicitateurs de l'alliance, et sans doute des appétits des Cités engagées dans un conflit, ce que l'on appelle aujourd'hui joliment des buts économiques de guerre. Esclaves, biens des cités vaincues, partage des ports et liberté de navigation et de pêche, octroi d'une partie aux dieux et aux lieux saints, comptaient en face des vivres, des hommes et des armes fournis par l'une ou l'autre des Cités. Vu la fréquence des guerres, et malgré l'imprécision involontaire ou volontaire de ces "comptes", les biens et les esclaves mis en mouvement par ces guerres ont eu certainement une grande influence dans l'ensemble de l'économie.
De nos jours, les études économiques, et même économétriques, se sont multipliées sur les relations entre activités militaires et économie. Selon Véronique NICOLINI, auteure d'une étude sur l'impact macro-économique et régional des dépenses militaires, dans la revue du Centre d'études en sciences sociales de la défense, qui dépend du ministère français de la défense, les effets des dépenses militaires sur l'activité économique demeure "un champ encore peu défriché où beaucoup d'approches théoriques, méthodologiques et empiriques sont encore à constituer." C'est sa conclusion d'une étude sur les différentes approches de ces effets : "modèle de demande", "modèles d'offre", modèles macro-économique et modèles régionaux. Nous aurons bien sûr à revenir sur les résultats de la mise en oeuvre de ces différents modèles comme de leur théorie. On peut dire ici seulement que les simulations des modèles macro-écononométriques soulignent l'impact négatif à court terme d'une réduction des dépenses militaires sur la croissance économique en raison de la baisse directe de la demande en fournitures à objet militaire. Mais à long terme, avec le soutien de programmes de reconversion des hommes, des matériels et des sites, cette réduction peut être profitable à tous par le transfert des ressources du secteur lié à la défense au secteur civil. Cette conclusion, écrite en 2000, dans la période où l'on attendait les fruits de la fin de la guerre froide, pour intéressante qu'elle soit, n'évite pas de se poser des questions fondamentales sur le type de croissance favorisé par les dépenses militaires, et bien entendu plus largement du type de société.
Ce qui est certain, c'est que le poids de ce que le Président EISENHOWER appelait, à la fin de son mandat, le complexe militaro-industriel, surtout depuis le début du XXème siècle (sans préjuger du poids des dépenses de guerre des époques précédentes), possède une incidence multiple sur l'économie.
Yvon GARLAN, Guerre et économie en Grèce ancienne, La découverte/poche, 1999. Véronique NICOLINI, Quel est l'impact macro-économique et régional des dépenses militaires?, Les forums de C2SD, du Centre d'études en sciences sociales de la défense, 2000. A noter que beaucoup de textes de ce Centre sont disponibles sur Internet, gratuitement (service public) : www.c2sd.defense.gouv.fr.
ECONOMIUS