21 juillet 2008
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Nous nous représentons, à notre époque des mass-médias et particulièrement du cinéma et de la télévision, les différentes révolutions qui ont marqué notre histoire, et plus seulement à travers les manuels scolaires.
Et cet ouvrage, particulièrement illustré d'images extraites de nombreux films, permet de rendre conscientes certaines de ces représentations. Édité juste dans la foulée de la célébration du bicentenaire de la Révolution Française de 1789, ce livre, introduit par un article de Marc FERRO, Codirecteut des Annales, éclaire la perception des différentes révoltes et révolutions (américaine, française, russe, nazie, indienne, polonaise...), qu'elles soient progressistes ou réactionnaires, par différentes filmographies, notamment américaine, russe, française, mais aussi d'autres pays d'Europe, du monde arabe, du Japon....
C'est un panorama très varié et très étendu qui nous est proposé là, avec pour expliquer les narrations plus ou moins tendancieuses des films, des articles de qualité. C'est aussi un exercice difficile tellement est grand le nombre de films ayant évoqué ces différentes révolutions et sans doute aurait-on bien voulu que telle ou telle thématique soit plus développée. Pour les Français, en tout cas, le regard sur la filmographie internationale de la Révolution Française permet de prendre une grande distance par rapport au film commémoratif en deux parties qui était sorti en salle en 1989. En fin d'ouvrage de nombreuses fiches de film permet de le prolonger par la vision... des films!
L'introduction de Marc FERRO se conclue sur ces phrases : "Mais comment apprécier le rapport de l'écriture filmique de l'Histoire à ses autres formes d'expression? Les problèmes ne sont pas abordés par chaque ordre selon la même approche (dans le livre). Ainsi, il apparaît que la plupart des cinéastes qui abordent le film historique identifient l'histoire à une et à une seule de ses procédures, le récit de reconstitution ; et pas l'analyse ou la mise en question des problèmes que pose le passé ou son rapport au présent.
Dès lors, l'adaptation d'une de ces écritures de l'histoire à l'autre permet toutes les dérives puisque le récit de reconstitution, dans l'ordre historique, représente le degré zéro de l'analyse, au mieux ses prémices. Dans ces conditions, le cinéma peut, à partir de cela et en toute liberté, dire n'importe quoi : au nom de la créativité de l'artiste, il y aura toujours une église (la critique) pour légitimer cette dérive. Certes, dans un récit, l'historien peut également choisir ses informations, les combiner n'importe comment, mais son église ne lui en reconnaît pas le droit. Autrement dit, il y a sacrilège à faire la critique positiviste d'une oeuvre d'art, alors qu'un historien n'est plus considéré comme un historien s'il commet des erreurs.
Or ce raisonnement s'effondre devant Le Cuirassé Potemkine, rien ne vaut cette oeuvre, où fourmillent les contre-vérités, pour rendre intelligible la Révolution de 1905... C'est justement parce que ce film n'est pas une reconstitution, mais une reconstruction qu'il atteint à une forme supérieure d'analyse historique. Appartiennent à la même race de films les Ceddo ou L'heure des brasiers, Les Damnés ou Napoléon. D'autres certainement. Ils ont su découvrir, par l'imaginaire, une voix royale pour comprendre l'Histoire et la rendre intelligible."
Marc FERRO a notamment écrit Cinéma et Histoire (Denoel/Gonthier, 1977) et Christian DELAGE, historien, La Vision nazie de l'histoire (L'Âge d'Homme, 1989).

Sous la direction de Marc FERRO, avec des textes de Christian DELAGE et Béatrice FLEURY-VILATTE, Révoltes, Révolutions, Cinéma, Editions du Centre Pompidou, dans la collection Cinéma/pluriel, 1989, 312 pages.
Complété le 27 jui!llet 2012