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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 15:54
      Pour qui est allergique aux considérations théoriques avec force tableaux et statistiques à l'appui, mais désireux de connaître la véritable ambiance des relations entre les différents acteurs économiques, notamment dans la sphère des responsables d'entreprise, ce livre de Jean-Louis GOMBEAUD, journaliste, conseiller pour les questions économiques de la chaîne télévisée parlementaire "Public-Sénat" est tout-à-fait indiqué.
     Dans un style... journalistique et sans s'embarrasser beaucoup de références, cet auteur s'efforce de plonger le lecteur dans l'économie agressive et le marché conquérant. Tout semble un décalque de la guerre sur l'économie, notamment au niveau de la mentalité des grands entrepreneurs. Soumettre l'adversaire à sa volonté semble l'objectif de ces chefs d'entreprises avides de profits. Il faut lire le passage en milieu d'ouvrage presque truculent du résumé de la dynamique économique pour vraiment comprendre dans quel monde nous vivons réellement, au-delà des rapports ampoulés et des discours soporifiques.
 
        L'éditeur présente cet ouvrage de la manière suivante (en quatrième de couverture) : ""Voilà l'ennemi!" en qualifiant ainsi Microsoft, le PDG de Sony est explicite sur sa vision de la concurrence. En déclarant : "Je vais au bureau comme à la guerre" celui de Gucci l'est tout autant. "Lutter jusqu'à la mort"... par cette bravade dont il est coutumier, le patron de Danone décrit clairement son environnement... Nous sommes tous impliqués dans ce qui est le premier conflit économique mondial. Les terrains de bataille sont différents des guerres d'antan, mais les axes stratégiques enseignés par les grands maîtres demeurent : regroupement de forces, économie de moyens, persévérance, commandement, communication. Le but reste celui défini par Clausewitz : "soumettre l'adversaire à notre volonté". L'adversaire aujourd'hui, c'est le concurrent ; il est partout. Mais qui tiendra "le dernier quart d'heure" celui qui permet d'arracher la victoire? Dans ce monde ouvert, seules les entreprises américaines peuvent s'appuyer sur un Etat solide, déterminé à défendre exclusivement leurs intérêts. L'Europe est évanescente, la gouvernance balbutiante, la politique après des années d'échec d'étatisme, en voie de disparition. Ce déséquilibre est source d'instabilité, facteur d'incertitude. L'incertitude qui est la cause permanente des guerres de la préhistoire à nos jours. Si tu veux la paix, réhabilite la politique."
 
     Denis CLERC, dans Alternatives économiques n°222, en février 2004, se montre critique envers cet ouvrage : "l'auteur a entrepris de repérer, dans l'ensemble des faits et des réflexions de tous ordres, les liens qui existent entre la guerre et le marché. Sa quête est impressionnante. La guerre est rationnellement une folie : rares sont les vainqueurs qui peuvent dire que leur victoire paye les coûts de toutes sortes qu'il leur a fallu supporter. Tout le monde y perd, mais elle subsiste parce que chaque belligérant a peur que l'autre commence. Avec le marché, au contraire, tout le monde est censé gagner. Est-ce si sûr? En accumulant, on suscite chez les autres des désirs de guerre, parce qu'ils craignent que cette richesse ne serve à les attaquer. Les marchands ne sont pas une alternative à la guerre, ils contribuent à la préparer et, souvent, ils s'en servent pour pénétrer les pays qui, à défaut, leur resteraient fermés. Aujourd'hui, avec la mondialisation, les firmes deviennent plus agressives, parce qu'elles aussi craignent d'être attaquées par le concurrent : manger ou être mangé. Montesquieu et son "doux commerce" peuvent se rhabiller : la superpuissance utilise le commerce pour dominer, tandis que le commerce utilise l'agressivité pour triompher. Guerre et marché ne s'excluent pas, ils s'appellent, au service d'une même cause, faute de gouvernance politique du monde. Vision pessimiste en diable, appuyée sur une documentation et une culture éblouissantes, mais qui laisse cependant le lecteur dubitatif. Peut-être parce que l'auteur reconstruit l'histoire à sa façon (les gains de productivité comme facteur de guerre, par exemple), mais surtout parce qu'il ne part pas de l'histoire, mais y puise ponctuellement ce qui conforte sa thèse. Sans doute l'ampleur du sujet l'y contraignait-il. Mais cela enlève de la force de conviction à une approche qui demeure ad hoc."
 

 

    Jean-Louis CHOMBEAUD, éditorialiste économiste quotidien sur la radio Europe 1 et éditorialiste économique au quotidien "Nice Matin" (en 2000), chef du service économique de Radio France Internationale et éditorialiste économique à France Info (1989-1990), rédacteur en chef chroniqueur économique sur France Info (1990-1197) est aussi l'auteur d'autres ouvrages économiques. Ainsi Quel avenir pour la crise (Editions Sociales, 1981), Les Marchés mondiaux en 1984-95 (Economica, 1985), La Guerre du cacao, histoire d'un embargo (Calmann-Lévy, 1990), Le retour de la très grande dépression (Economica, 1999) et La crise de cent ans (Economica, 2011).

    Jean-Louis GOMBEAUD, Guerre dans le marché, Economica, 2003, 206 pages.
 
 
Complété le 30 Août 2012. Relu le 24 octobre 2018.
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