10 juin 2009
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Pulsions sexuelles, pulsions du Moi, pulsions d'auto-conservation...
D'une traduction très proche du sens littéral notamment des Trois essais sur la sexualité, Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS donnent cette définition de la pulsion sexuelle :
"Poussée interne que la psychanalyse voit à l'oeuvre dans un champ beaucoup plus vaste que celui des activités sexuelles au sens courant du terme. En elle se vérifient (...) des caractères de la pulsion qui différencient celle-ci d'un instinct : son objet n'est pas biologiquement prédéterminé, ses modalités de satisfaction (buts) sont variables, plus particulièrement liées au fonctionnement de zones corporelles déterminées (zones érogènes), mais susceptibles d'accompagner les activités les plus diverses sur lesquelles elles s'étayent. cette diversité des sources somatiques de l'excitation sexuelle implique que la pulsion sexuelle n'est pas d'emblée unifiée, mais qu'elle est d'abord morcelée en pulsions partielles dont la satisfaction est locale (plaisir d'organe).
La psychanalyse montre que la pulsion sexuelle chez l'homme est étroitement liées à un jeu de représentations ou de fantasmes qui vienne la spécifier. Ce n'est qu'au terme d'une évolution complexe et aléatoire qu'elle s'organise sous le primat de la génitalité et retrouve alors la fixité et la finalité apparentes de l'instinct.
Du point de vue économique, Freud postule l'existence d'une énergie unique dans les vicissitudes de la pulsion sexuelle : la libido.
Du point de vue dynamique, Freud voit dans la pulsion sexuelle un pôle nécessairement présent du conflit psychique : elle est l'objet privilégié du refoulement dans l'inconscient."
D'une traduction très proche du sens littéral notamment des Trois essais sur la sexualité, Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS donnent cette définition de la pulsion sexuelle :
"Poussée interne que la psychanalyse voit à l'oeuvre dans un champ beaucoup plus vaste que celui des activités sexuelles au sens courant du terme. En elle se vérifient (...) des caractères de la pulsion qui différencient celle-ci d'un instinct : son objet n'est pas biologiquement prédéterminé, ses modalités de satisfaction (buts) sont variables, plus particulièrement liées au fonctionnement de zones corporelles déterminées (zones érogènes), mais susceptibles d'accompagner les activités les plus diverses sur lesquelles elles s'étayent. cette diversité des sources somatiques de l'excitation sexuelle implique que la pulsion sexuelle n'est pas d'emblée unifiée, mais qu'elle est d'abord morcelée en pulsions partielles dont la satisfaction est locale (plaisir d'organe).
La psychanalyse montre que la pulsion sexuelle chez l'homme est étroitement liées à un jeu de représentations ou de fantasmes qui vienne la spécifier. Ce n'est qu'au terme d'une évolution complexe et aléatoire qu'elle s'organise sous le primat de la génitalité et retrouve alors la fixité et la finalité apparentes de l'instinct.
Du point de vue économique, Freud postule l'existence d'une énergie unique dans les vicissitudes de la pulsion sexuelle : la libido.
Du point de vue dynamique, Freud voit dans la pulsion sexuelle un pôle nécessairement présent du conflit psychique : elle est l'objet privilégié du refoulement dans l'inconscient."
La conception de la sexualité, qui ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui dépendent du fonctionnement de l'appareil génital, "mais toute une série d'excitations et d'activités, présentes dès l'enfance, qui procurent un plaisir irréductible à l'assouvissement d'un besoin fondamental (respiration, faim, fonction d'excrétion...)" constitue le noyau dur de la psychanalyse.
Elle a le mérite, paradoxalement, d'unifier l'ensemble du fonctionnement de l'organisme humain, notamment dans son développement depuis le foetus jusqu'au "troisième âge", même si elle le fait en mettant en évidence les conflits internes qui président à ce développement. Elle reste difficilement admissible d'emblée dans beaucoup de milieux sociaux : toutes sortes de réticences, de résistances pourrait-on dire, existent, réticences qui se manifestent par des remises en cause de la scientificité de la psychanalyse, notamment en Occident, ou par des rejets qui la considèrent comme tout simplement pas convenable (au sens fort du terme) dans beaucoup de contrées dans le monde. Que ce soit sous couvert d'un discours scientifique ou qui se veut scientifique ou sous couvert d'une religion, ces rejets révèlent le fait que la sexualité humaine constitue un enjeu de pouvoir, non seulement entre générations, mais entre sexes, un enjeu de pouvoir qui forme la trame de certaines relations sociales.
Pulsions du Moi, dans le cadre de la première théorie des pulsions de Sigmund FREUD (dans les années 1910-1915), désignent "un type de pulsions dont l'énergie est placée au service du Moi dans le conflit défensif ; elles sont assimilées aux pulsions d'auto-conservation et opposées aux pulsions sexuelles." Le conflit psychique opposait la sexualité à une instance refoulante, défensive, le Moi, mais un support pulsionnel n'était d'abord pas attribué au Moi. Dans Trois essais sur la théorie sexuelle en 1905, les pulsions sexuelles s'opposaient bien aux besoins. Il montrait comment ces pulsions sexuelles prenaient naissance en s'étayant sur les besoins, puis en divergeaient notamment dans l'auto-érotisme. En énonçant sa première théorie des pulsions, Sigmund FREUD tente de faire coïncider ces deux oppositions, opposition clinique dans le conflit défensif entre le Moi et les pulsions sexuelles, opposition génétique, dans l'origine de la sexualité humaine, entre fonctions d'auto-conservation et pulsion sexuelle.
En 1910, nous indiquent Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, dans Le trouble psychogène de la vision dans la conception psychanalytique, Sigmund FREUD regroupe l'ensemble de ces grands besoins non sexuels sous le nom de pulsions d'auto-conservation et les désigne sous le nom de pulsions du Moi comme partie prenante du conflit psychique. "De toute particulière importance, écrit Sigmund FREUD, pour notre tentative d'explication est l'opposition indéniable existant entre les pulsions qui servent à la sexualité, à l'obtention du plaisir sexuel, et les autres qui ont pour but l'auto-conservation de l'individu, les pulsions du Moi. Toutes les pulsions organiques qui sont à l'oeuvre dans notre âme peuvent être classées, selon les termes du poète, en "faim" et "amour"."
Il faut toujours rappeler que si le fondateur de la psychanalyse manie si facilement les termes en mêlant considérations poétiques et considérations "physiques", c'est en grande partie parce qu'il écrit pour un public (de médecins pour la grande majorité) qui baigne dans des préoccupations liées au sexe des malades. Mais aussi qui vivent dans un monde (intellectuel et mondain s'entend) où circulent très abondamment, et même finalement plus abondamment qu'aujourd'hui, les descriptions crues, anatomiques et physiologiques, par le texte ou le dessin, voire la photographie naissante, de la sexualité. Si les thèses sur la sexualité se diffusent, ils pénètrent tout un univers mental disposé à examiner ces thèses, même si très vite, beaucoup de réticences se font vite jour, lorsque Sigmund FREUD en vient à considérer l'homme ou la femme comme un tout, depuis son enfance et à situer très précocement dans le temps les premières manifestations de cette sexualité.
Elle a le mérite, paradoxalement, d'unifier l'ensemble du fonctionnement de l'organisme humain, notamment dans son développement depuis le foetus jusqu'au "troisième âge", même si elle le fait en mettant en évidence les conflits internes qui président à ce développement. Elle reste difficilement admissible d'emblée dans beaucoup de milieux sociaux : toutes sortes de réticences, de résistances pourrait-on dire, existent, réticences qui se manifestent par des remises en cause de la scientificité de la psychanalyse, notamment en Occident, ou par des rejets qui la considèrent comme tout simplement pas convenable (au sens fort du terme) dans beaucoup de contrées dans le monde. Que ce soit sous couvert d'un discours scientifique ou qui se veut scientifique ou sous couvert d'une religion, ces rejets révèlent le fait que la sexualité humaine constitue un enjeu de pouvoir, non seulement entre générations, mais entre sexes, un enjeu de pouvoir qui forme la trame de certaines relations sociales.
Pulsions du Moi, dans le cadre de la première théorie des pulsions de Sigmund FREUD (dans les années 1910-1915), désignent "un type de pulsions dont l'énergie est placée au service du Moi dans le conflit défensif ; elles sont assimilées aux pulsions d'auto-conservation et opposées aux pulsions sexuelles." Le conflit psychique opposait la sexualité à une instance refoulante, défensive, le Moi, mais un support pulsionnel n'était d'abord pas attribué au Moi. Dans Trois essais sur la théorie sexuelle en 1905, les pulsions sexuelles s'opposaient bien aux besoins. Il montrait comment ces pulsions sexuelles prenaient naissance en s'étayant sur les besoins, puis en divergeaient notamment dans l'auto-érotisme. En énonçant sa première théorie des pulsions, Sigmund FREUD tente de faire coïncider ces deux oppositions, opposition clinique dans le conflit défensif entre le Moi et les pulsions sexuelles, opposition génétique, dans l'origine de la sexualité humaine, entre fonctions d'auto-conservation et pulsion sexuelle.
En 1910, nous indiquent Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, dans Le trouble psychogène de la vision dans la conception psychanalytique, Sigmund FREUD regroupe l'ensemble de ces grands besoins non sexuels sous le nom de pulsions d'auto-conservation et les désigne sous le nom de pulsions du Moi comme partie prenante du conflit psychique. "De toute particulière importance, écrit Sigmund FREUD, pour notre tentative d'explication est l'opposition indéniable existant entre les pulsions qui servent à la sexualité, à l'obtention du plaisir sexuel, et les autres qui ont pour but l'auto-conservation de l'individu, les pulsions du Moi. Toutes les pulsions organiques qui sont à l'oeuvre dans notre âme peuvent être classées, selon les termes du poète, en "faim" et "amour"."
Il faut toujours rappeler que si le fondateur de la psychanalyse manie si facilement les termes en mêlant considérations poétiques et considérations "physiques", c'est en grande partie parce qu'il écrit pour un public (de médecins pour la grande majorité) qui baigne dans des préoccupations liées au sexe des malades. Mais aussi qui vivent dans un monde (intellectuel et mondain s'entend) où circulent très abondamment, et même finalement plus abondamment qu'aujourd'hui, les descriptions crues, anatomiques et physiologiques, par le texte ou le dessin, voire la photographie naissante, de la sexualité. Si les thèses sur la sexualité se diffusent, ils pénètrent tout un univers mental disposé à examiner ces thèses, même si très vite, beaucoup de réticences se font vite jour, lorsque Sigmund FREUD en vient à considérer l'homme ou la femme comme un tout, depuis son enfance et à situer très précocement dans le temps les premières manifestations de cette sexualité.
Pierre DELION précise que "la notion de poussée énergétique d'abord qualifiée d'intérêt va, à la faveur des recherches de Freud sur le narcissisme, conduire à l'idée que la libido narcissique ou libido du Moi est "le grand réservoir", d'où sont envoyés les investissements d'objets et dans lequel ils sont retirés à nouveau. L'objet des pulsions du Moi est d'abord l'objet du besoin (nourriture), puis ultérieurement, tout ce qui peut contribuer non seulement à renforcer le Moi dans ses capacités propres, mais également à inhiber le processus primaire par le travail de liaison avec les représentations. Ainsi, le Moi devient-il secondairement objet d'investissement de la libido. Son but est l'autoconservation et l'autoaffirmation de l'individu." C'est dans ses recherches sur le narcissisme que Sigmund FREUD introduit la distinction entre ces pulsions et les pulsions sexuelles.
Tout réside en fait dans l'articulation conflictuelle entre deux types de besoins, qui se distinguent de plus en plus au fur à et mesure du développement. Ce que tente d'expliquer Sigmund FREUD à travers cette hypothèse, ce sont les psychonévroses de transfert qu'il constate chez ses patients. Ne perdons jamais de vue le fait que, pour lui, tout part des constatations cliniques (chez ses patients, dans son entourage, et sur lui-même). La différence entre les pulsions du Moi et les pulsions sexuelles réside dans le fait que pour les premières, elles ne sont satisfaites que par un objet réel et effectuent très vite le passage du principe de plaisir au principe de réalité au point qu'elles deviennent les agents de la réalité et que pour les dernières, le mode fantasmatique peut très bien les satisfaire et elles restent plus longtemps sous la domination du principe de plaisir. : "Une part essentielle, écrit Sigmund FREUD, de la prédisposition psychique à la névrose provient du retard de la pulsion sexuelle à tenir compte de la réalité."
Si dans cet article, nous en restons à la première théorie des pulsions, c'est pour bien comprendre l'origine des pulsions dans les premières élaborations psychanalytiques. Plus tard, Sigmund FREUD constate que les symptômes névrotiques résistent à la cure qu'il propose à ses patients, et se sent obligé de complexifier son approche.
Jean LAPALANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976. Pierre DELION, article Pulsions du Moi, Dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction d'Alain de MIJOLLA, Hachette Littératures, 2005.
Sigmund FREUD, Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 2001 (traduction de Philippe KOEPPEL)
PSYCHUS
Relu le 14 avril 2019
Tout réside en fait dans l'articulation conflictuelle entre deux types de besoins, qui se distinguent de plus en plus au fur à et mesure du développement. Ce que tente d'expliquer Sigmund FREUD à travers cette hypothèse, ce sont les psychonévroses de transfert qu'il constate chez ses patients. Ne perdons jamais de vue le fait que, pour lui, tout part des constatations cliniques (chez ses patients, dans son entourage, et sur lui-même). La différence entre les pulsions du Moi et les pulsions sexuelles réside dans le fait que pour les premières, elles ne sont satisfaites que par un objet réel et effectuent très vite le passage du principe de plaisir au principe de réalité au point qu'elles deviennent les agents de la réalité et que pour les dernières, le mode fantasmatique peut très bien les satisfaire et elles restent plus longtemps sous la domination du principe de plaisir. : "Une part essentielle, écrit Sigmund FREUD, de la prédisposition psychique à la névrose provient du retard de la pulsion sexuelle à tenir compte de la réalité."
Si dans cet article, nous en restons à la première théorie des pulsions, c'est pour bien comprendre l'origine des pulsions dans les premières élaborations psychanalytiques. Plus tard, Sigmund FREUD constate que les symptômes névrotiques résistent à la cure qu'il propose à ses patients, et se sent obligé de complexifier son approche.
Jean LAPALANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976. Pierre DELION, article Pulsions du Moi, Dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction d'Alain de MIJOLLA, Hachette Littératures, 2005.
Sigmund FREUD, Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 2001 (traduction de Philippe KOEPPEL)
PSYCHUS
Relu le 14 avril 2019