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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 13:08
      Défense, en psychanalyse désigne un ensemble d'opérations dont la finalité est de réduire ou de supprimer toute modification susceptible de mettre en danger l'intégrité et la constance de l'individu, pris comme unité bio-psychologique. dans la mesure où le moi se constitue comme instance qui incarne cette constance et qui cherche à la maintenir, il peut être décrit comme l'enjeu et l'agent de ces opérations (LAPLANCHE et PONTALIS).
       Dès Études sur l'hystérie (1895), Sigmund FREUD cherche à décrire les différentes modalités du processus défensif et à donner un modèle métapsychologique à celles-ci. D'emblée, cette théorie se réfère, comme ce sera constamment le cas par la suite, à une opposition entre les excitations externes qu'on peut fuir ou contre lesquelles existe un dispositif de barrage mécanique qui permet de les filtrer et les excitations internes qu'on ne peut pas fuir. Contre cette agression du dedans qu'est la pulsion, se constituent les différents procédés défensifs.
 
       Dans Le Projet de psychologie scientifique (1895), le fondateur de la psychanalyse aborde le problème de la défense de deux façons, comme l'indiquent Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS :  
- Il recherche l'origine d'une défense primaire dans une expérience de douleur, tout comme il a trouvé le modèle du désir et de son inhibition par le moi dans une expérience de satisfaction ;
- il cherche à différencier une défense normale et une défense pathologique.
      "La première opère dans le cas de la reviviscence d'une expérience pénible ; il faut que le moi ait déjà pu, lors de l'expérience initiale, commencer à inhiber le déplaisir par des investissement latéraux. Lorsque l'investissement (écrit Sigmund FREUD) de la trace mnésique se répète, le déplaisir se répète aussi, mais les frayages du moi sont eux aussi déjà en place ; l'expérience montre qu'à la seconde fois, la libération (de déplaisir) est moins importante et finalement, après plusieurs répétitions, elle se réduit à l'intensité convenant au moi, d'un signal. Une telle défense évite au moi le risque d'être submergé et infiltré par le processus primaire, comme c'est le cas avec la défense pathologique."
       "Sigmund FREUD trouve la condition (de cette défense pathologique) dans une scène sexuelle qui en son temps n'avait pas suscité de défense, mais dont le souvenir réactivé déclenche, de l'intérieur, une montée d'excitation. L'attention est tournée (écrit Sigmund FREUD) vers les perceptions qui d'habitude donnent l'occasion à la libération de déplaisir. (Or) ici ce n'est pas une perception, mais une trace mnésique qui, de façon inattendue, libère du déplaisir et le moi en est informé trop tard".
"La condition, terminent les deux auteurs du Vocabulaire de la psychanalyse, de la défense pathologique est ainsi le déclenchement d'une excitation d'origine interne, provoquant du déplaisir, et contre laquelle aucun apprentissage défensif n'a été établi. Ce n'est donc pas l'intensité de l'affect en soi qui motive l'entrée en jeu de la défense pathologique, mais des conditions bien spécifiques qui ne se retrouvent ni dans le cas d'une perception pénible ni même lors de la remémoration d'une perception pénible. Ces conditions ne sont réalisées pour Freud que dans le domaine de la sexualité".
          D'emblée également, Sigmund FREUD, dans Les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques, rédigé avec BREUER en 1893, traite du mécanisme de défense. Il cherche à spécifier d'autres affections psychonévrotiques que l'hystérie, par la façon particulière dont la défense s'exerce. Selon le type d'affection considéré, le mécanisme de défense diffère. Dans Les nouvelles remarques sur les phénomènes de défense de 1896, il distingue ainsi les mécanismes de la conversion hystérique, de la substitution obsessionnelle, de la projection paranoïaqe. Par la suite, dans les articles qui suivent, nous aurons l'occasion de présenter les diverses théories sur ces affections (hystéries, psychoses, névroses...) et les différentes explications sur les mécanismes de défense correspondants.

        C'est surtout Anna FREUD, dans Le Moi et les mécanismes de défense (1936), qui développe cet aspect de la recherche psychanalytique. Elle donne une liste au début de son ouvrage, de dix mécanismes de défense :
                       - le refoulement ;
                       - la régression ;
                       - la formation réactionnelle ;
                       - l'isolation ;
                       - l'annulation rétroactive ;
                       - la projection ;
                       - l'introjection ;
                       - le retournement contre soi ;
                       - la transformation en contraire ;
                       - la sublimation.
   Mais, tout au long de son ouvrage, comme le remarquent plusieurs auteurs, nous pouvons en relever au moins vingt. Mais avant de les examiner, il importe, comme l'écrivent Serban IONESCU et ses collaborateurs, de poser un certain nombre de questions :
- Existe t-il des différences entre le terme de mécanisme de défense et d'autres termes employés lorsqu'on parle de défense ?
- Qui se défend ? Quelle instance psychique (selon les topiques freudiennes) ? (une question que ces auteurs ne posent pas dans leur livre)
- Si c'est le Moi qui se défend, contre quoi se défend-il?
- Pour quels motifs le Moi se défend-il ?
- Que signifie une défense réussie ? (en terme d'efficacité?)
- Qu'est-ce qu'une défense adaptative?
- Existe-t-il des défenses normales et des défenses pathologiques?
- Comment définir les mécanisme de défense?

      A ces questions, les auteurs de psychanalyse y répondent, directement ou indirectement, de manières très différentes. Entre les conceptions d'Anne FREUD, de Mélanie KLEIN ou de Wilhelm REICH, existent des contradictions très importantes.

     Par ailleurs, d'autres auteurs, qui ne relèvent pas de la discipline psychanalytique, abordent cette question de la défense psychique à partir d'une approche neurobiologique (Henri LABORIT... ) ou l'intègrent globalement dans les défenses de l'organisme devant la douleur, la peur ou les atteintes à son intégrité (Léon BINET... )... Sans compter les multiples approches psychologiques et psychiatriques...
 
Anna FREUD, Le moi et les mécanismes de défense, PUF, collection de bibliothèque de psychanalyse, 2001. Serban IONESCU, Marie-Madeleine JACQUET, Claude LHOTE, Les mécanismes de défense, théorie et clinique, Nathan université, 2003. Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976.

                                                                                  PSYCHUS
 
Relu le 21 avril 2019

   



      
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