13 juillet 2009
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Sur la dynamique de la mondialisation, Zaki LAIDI, donne ici un ouvrage descriptif d'une ampleur importante qui permet de comprendre ou au moins de cerner différents aspects majeurs de celle-ci. Se défendant constamment de lieux communs sur cette dynamique, qu'ils soient véhiculés par les médias ou par des forces politiques, le politologue français, ancien conseiller de Pascal LAMY (avant que ce dernier devienne directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce), et un des spécialistes les plus reconnus en matière de relations internationales, s'efforce de montrer à travers de denses chapitres très référencés, les évolutions actuelles de la souveraineté.
Le monde tel que nous connaissons n'est plus celui inspiré par Jean BODIN, mais marquerait plutôt le retour de la pensée de Carl SCHMITT, en ce que, face à l'intensification des échanges, les relations interétatiques ne forment plus sa trame, mais gardent une tendance à toujours vouloir redéfinir, rétablir une distinction identitaire entre amis et ennemis. L'auteur insiste beaucoup, au risque de se voir taxé de nationalisme méthodologique, sur le fait que les dynamiques économiques elles-mêmes, s'appuient encore très largement sur les États. S'il existe une redistribution de la souveraineté vers le marché, c'est de l'intérieur des États que s'effectue cette globalisation, dont les États restent les garants. S'il existe une dépossession réelle du pouvoir d'État sous de multiples formes, c'est de l'intérieur des appareils étatiques que se forment les nouvelles normes planétaires.
Pour Zaki LAIDI, le monde est tiraillé, partagé, en conflit, entre deux façons de mener et de concevoir la mondialisation, celle de l'Europe optant pour une gouvernance, et celle des États-Unis préférant un souverainisme.
Le livre, écrit avant la fin de l'ère BUSH dans la politique américaine, encore sous le coup d'importants remaniements provoqués par les attentats du 11 septembre 2001, aurait sans doute une nouvelle tournure aujourd'hui, même s'il n'a pas encore beaucoup vieilli.
Tous les éléments structurels décrits de la mondialisation sont bien encore à l'oeuvre et c'est pourquoi sa lecture soutenue demeure très utile. Que ce soit sur les abandons qui continuent des États des biens ou des services publics, sur l'entrée des États comme acteurs à part entière des marchés, et non plus seulement comme arbitres, au danger de ne plus pouvoir l'être, sur la réapparition des enjeux sociaux, économiques et politiques de la propriété (que l'on croyait (pour certains sans doute) éteints avec l'échec des expériences dites socialistes), sur les différentes composantes de l'altermondialisme, sur la montée de nouvelles normes planétaires (juridiques commerciales, environnementales, sanitaires, des droits de l'homme...), sur la persistance des clivages Nord/Sud, sur la disparition de l'importance économique des classes moyennes, beaucoup d'informations méritent d'être encore utilisées.
Le monde tel que nous connaissons n'est plus celui inspiré par Jean BODIN, mais marquerait plutôt le retour de la pensée de Carl SCHMITT, en ce que, face à l'intensification des échanges, les relations interétatiques ne forment plus sa trame, mais gardent une tendance à toujours vouloir redéfinir, rétablir une distinction identitaire entre amis et ennemis. L'auteur insiste beaucoup, au risque de se voir taxé de nationalisme méthodologique, sur le fait que les dynamiques économiques elles-mêmes, s'appuient encore très largement sur les États. S'il existe une redistribution de la souveraineté vers le marché, c'est de l'intérieur des États que s'effectue cette globalisation, dont les États restent les garants. S'il existe une dépossession réelle du pouvoir d'État sous de multiples formes, c'est de l'intérieur des appareils étatiques que se forment les nouvelles normes planétaires.
Pour Zaki LAIDI, le monde est tiraillé, partagé, en conflit, entre deux façons de mener et de concevoir la mondialisation, celle de l'Europe optant pour une gouvernance, et celle des États-Unis préférant un souverainisme.
Le livre, écrit avant la fin de l'ère BUSH dans la politique américaine, encore sous le coup d'importants remaniements provoqués par les attentats du 11 septembre 2001, aurait sans doute une nouvelle tournure aujourd'hui, même s'il n'a pas encore beaucoup vieilli.
Tous les éléments structurels décrits de la mondialisation sont bien encore à l'oeuvre et c'est pourquoi sa lecture soutenue demeure très utile. Que ce soit sur les abandons qui continuent des États des biens ou des services publics, sur l'entrée des États comme acteurs à part entière des marchés, et non plus seulement comme arbitres, au danger de ne plus pouvoir l'être, sur la réapparition des enjeux sociaux, économiques et politiques de la propriété (que l'on croyait (pour certains sans doute) éteints avec l'échec des expériences dites socialistes), sur les différentes composantes de l'altermondialisme, sur la montée de nouvelles normes planétaires (juridiques commerciales, environnementales, sanitaires, des droits de l'homme...), sur la persistance des clivages Nord/Sud, sur la disparition de l'importance économique des classes moyennes, beaucoup d'informations méritent d'être encore utilisées.
Dans sa conclusion, Zaki LAIDI écrit que les jeux de la mondialisation sont encore largement ouverts. "Le fait social important de cette nouvelle mondialisation par rapport à ce que fut celle du XIXe siècle, tient au fait que ses indiscutables gagnants - les pays riches - n'ont jamais été aussi peu sûrs de s'approprier les fruits de cette richesse ou de pleinement maîtriser les conséquences identitaires de cette nouvelle donne." "La hiérarchie sociale mondiale rapportée à des espaces nationaux restera déterminée, aujourd'hui comme demain, par cinq facteurs essentiels : la morphologie historique des sociétés, leur degré de cohérence, leurs institutions, leur éducation, enfin la structure du système mondial garanti par les États".
Favorable à l'approche européenne actuelle de la gouvernance tout en en pointant les faiblesses, très influencé par les thèses de Karl POLANYI (La grande transformation, 1977), d'inspiration plutôt socio-libérale (ce qui ne manque pas d'être critiqué par de nombreux acteurs les plus à gauche de l'altermondialisme), ce livre constitue un bon point de départ de l'étude de la mondialisation dans ses aspects récents, malgré sans doute une certaine pusillanimité sociale.
Favorable à l'approche européenne actuelle de la gouvernance tout en en pointant les faiblesses, très influencé par les thèses de Karl POLANYI (La grande transformation, 1977), d'inspiration plutôt socio-libérale (ce qui ne manque pas d'être critiqué par de nombreux acteurs les plus à gauche de l'altermondialisme), ce livre constitue un bon point de départ de l'étude de la mondialisation dans ses aspects récents, malgré sans doute une certaine pusillanimité sociale.
L'éditeur présente cet ouvrage de la manière suivante : "Parce qu'il repose sur une dynamique de forces qui ne sont pas cohérentes entre elles, le changement social mondial est désormais vécu comme un processus qui déracine sans orienter, qui déchire sans reconstruire, qui prescrit sans rassurer. L'incertitude radicale qu'il engendre explique pour une large part son caractère anxiogène : les pays riches s'inquiètent de plus en plus de la concurrence des pays à bas salaires tandis que les damnés de la terre pensent y voir la programmation d'un nouveau déclassement. Au sein de chaque nation, l'écart qui ne cesse de se creuser entre gagnants et perdants du jeu social exacerbe ces peurs en miroir. La perturbation est à son comble. Ce livre se propose d'observer et d'interpréter ce vaste changement social que, faut de mieux, on appelle la mondialisation."
Zaki LAÏDI, politologue français, directeur de recherche au Centre d'études européens de l'Institut d'études politiques de Paris, fondateur du site Telos, qui publie quotidiennement des articles courts émanant d'universitaires et s'exprimant sur la plupart des grands sujets d'actualité, engagé dans le débat public (inspirateur de la "troisième gauche verte" lancée par Daniel COHN-BENDIT en 1999), est également l'auteur de nombreux autres ouvrages : Les contraintes d'une rivalité. Les Superpuissances et l'Afrique, 1980-1995 (La Découverte, 1986), L'expansion de la puissance japonaise (Complexe, 1992), Un monde privé de sens (Fayard, 1994, 1996), Malaise dans la mondialisation (Textuel, 1997), La tyrannie de l'urgence (Montréal, Fides, 1999), Sortir du pessimiste social. Essai sur l'identité de la gauche (avec Gérard GRUNBERG, Hachette Littératures/Presses de Science Po, 2007), La norme sans la force. L'énigme de la puissance européenne (Presses de Sciences Po, 2005), Le Monde selon Obama (Stock, 2010)....
Zaiki LAIDI, La grande perturbation, Flammarion, collection Champs, 2004, 473 pages
Zaiki LAIDI, La grande perturbation, Flammarion, collection Champs, 2004, 473 pages
Complété le 5 Mars 2013. Relu le 21 avril 2019