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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 12:53
     Si, pour diverses raisons, on a pu nier ici et là dans certaines religions, la présence du sacrifice, si on a pu en minorer l'importance (dans l'Islam par exemple comme le montre Mohammed Hocine BENKHEIRA), il existe bel et bien dans toutes les religions, sous une forme et sous une autre, même s'il revêt une réalité multiforme. Le sacrifice, objet d'études religieuses, sociologiques, psychanalytiques, anthropologiques..., constitue souvent le centre, sinon un centre des rites et des mythes qui font mouvoir les religions, et partant les sociétés humaines. Même sous une forme laïcisée, dans des activités d'ordre militaire ou portant un sens volontaire pour le sacrifié, il garde son caractère sacré (gardant ainsi son origine étymologique, sacer facere : rendre sacré).

   Depuis la présentation de la thèse reliant sacrifice et violence dans les sociétés, émise à la fois en même temps et de façon séparée  en 1972 par Walter BURKERT (Homo necans) et René GIRARD (La violence et le sacré), le sacrifice est vu de manière globalisante (ce qui n'est pas sans attirer des critiques), de ses formes les plus sanglantes (sacrifices humains) à ses formes les plus symboliques (cérémonies périodiques). Ces études pensent retrouver l'histoire (dans l'étude intertextuelle des écrits et les vestiges archéologiques) d'une évolution dans le temps qui entretient un mécanisme victimaire et réconciliateur. L'ampleur de cette thèse, qui par ailleurs permet de réfléchir de manière fructueuse à de nombreux phénomènes (à travers le mimétisme notamment) ne doit pas faire oublier les approches précédentes qui permettent d'autres réflexions (notamment dans l'anthropologie).
Dans tous les cas, ces recherches explicitent dans de nombreux cas le fonctionnement des religions, qu'elles soient révélées ou non ; elles mettent à jour comment par les sacrifices, elles agissent sur les institutions et sur les comportements humains, par delà leur propre discours présent dans les textes sacrés. C'est d'ailleurs ce va-et-vient entre la lecture renouvelée de ces textes, démystifiée en quelque sorte, et l'étude du fonctionnement des sociétés primitives ou contemporaines, que le sacrifice se révèle être un moteur dynamique important dans leur vie et dans leur évolution.

    Le sacrifice, offrande rituelle à la divinité, caractérisée par la destruction ou l'abandon volontaire de la chose offerte, "comporte deux pôles : d'un coté on offre et, de l'autre, on se prive de ce que l'on offre" (Roger BASTIDE). On peut dire aussi que le sacrifice en comporte en fait trois : le sacrifiant, le sacrifié et le bénéficiaire du sacrifice. A partir de chacun de ces pôles se développent des pistes de réflexions différentes. L'histoire des religions et l'ethnologie se préoccupent surtout de l'offre de l'offrande et des bénéfices escomptés par les sacrifiants. La caractéristique des approches les plus récentes est de vouloir englober tous les aspects du sacrifice, en supposant que ses réalités multiformes reflètent une dynamique commune.

  Il y a deux manières d'approcher le sacrifice, soit en partant des textes des religions contemporaines, en remontant dans l'histoire de chacune d'entre elles, de leur théologie en quelque sorte, soit en partant des études faites sur le terrain de religions plus  simples ou plus anciennes menées depuis la fin du XVIIIe siècle. La seconde manière de présenter les choses permet de suivre l'évolution des réflexions scientifiques (des recherches anthropologiques aux analyses intertextuelles)  faites sur les religions de manière générale, tant il est vrai que c'est à partir du moment où l'on a dégagé certaines notions sur le fonctionnement de la société que l'on a renouvelé l'exégèse des textes sacrés, que l'on en a mieux démonté les logiques. La première manière risque d'amener à résumer les conceptions religieuses, religion par religion, au risque de se perdre dans la phraséologie même des religions. Ce n'est qu'en combinant, d'ailleurs dans cette relecture méthodique des textes, l'apport des sciences sociales et les commentaires officiels que l'on rend plus explicite ce discours des religions.
  Dans ce site, où l'on veut examiner toutes les facettes de tous les types de conflit, nous ne pourrons nous passer de l'une ou l'autre manière de présenter le sacrifice. Aussi s'alternent des articles suivant l'une ou l'autre manière.

Sous la direction d'Evelyne PEWNER, Sacrifier, se sacrifier, ScienceS en Situation, 2005. Roger BASTIDE, article Sacrifice, Encyclopedia Universalis, 2004.

                                                                             RELIGIUS
 
Relu le 25 mai 2019

         
    

   
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