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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 09:53
            La variété des armements nucléaires provient à la fois de la prise en compte de l'arme atomique comme arme de dissuasion (armements stratégiques) et de la tentative de lui donner un sens opérationnel (armements tactiques). Jouant à la fois sur la puissance (effets différenciés de feu, de souffle, d'impulsion électromagnétique et de radioactivité) de l'engin nucléaire, sur sa portée, sur sa précision, sur son porteur (missiles, avions...), sur sa vitesse et sur le lieu de départ de son lancement, les membres des états-majors militaires et des instances politiques concernées ont mis en place tout un jeu d'armements nucléaires depuis maintenant plus de soixante ans... et continuent de le faire, malgré la disparition du système des blocs.
 
 
Les catégories d'armes nucléaires...

           Au gré des stratégies nucléaires changeantes avec les évolutions géopolitiques comme sous la poussée des progrès technologiques, toute une classification, qui est en même temps un élément de la gesticulation diplomatico-militaire, est utilisée par les spécialistes et stratégistes en tout genre comme par les armées qui les déploient.
Si l'on suit Bertrand de MONTAUDOUIN, les armements nucléaires "peuvent être classées différemment selon le regard apporté, militaire ou politique" :
- Militairement, on distingue les armes anticités, qui ont pour objectifs les centres économiques et démographiques de l'adversaire, et les armes antiforces, qui menacent son appareil militaire (notamment les centres nucléaires) dans ses éléments de tête ou dans la profondeur de son dispositif.
Les premières armes (anticités) exigent de fortes puissances pour traiter de vastes cibles, et leur précision est superflue. Cette puissance est obtenue pour un vecteur (missile la plupart du temps) soit avec tête unique, soit avec têtes multiples (jusqu'à  plus de dix par missile...) qui permettent de mieux couvrir les objectifs étendus et de saturer les défenses. Ces têtes peuvent être indépendamment guidées ou non, ou peuvent tout simplement tomber suivant les lois de la balistique.
Les deuxièmes armes (antiforces) sont par contre caractérisées par leur précision car elles doivent atteindre des cibles compactes, voire ponctuelles et leur puissance est calculée de façon économique. La "bombe à neutrons" par exemple possède des effets collatéraux limités pour être utilisée à proximité de troupes ou de populations amies.
- Militairement aussi, les armes sont classées en fonction du lieu de lancement, à partir de silos fixes ou de véhicules mobiles terrestres (sol-sol) ; à partir de navires de surfaces ou sous-marins (mer-sol) ou à partir d'aéronefs (air-sol).
- Politiquement, les armes nucléaires peuvent être répertoriées en trois catégories :
                                                 - les systèmes centraux ;
                                                 - les euromissiles ;
                                                 - les armes tactiques.
                       
        Les systèmes centraux regroupent les armes d'un État pouvant atteindre le territoire adverse à partir de son sol national, ou par extension à partir des sous-marins. Pour les États-Unis et la Russie, il s'agit de missiles intercontinentaux de portée supérieure à 5000 km et des missiles de sous-marins. Pour la France, des portées moindres sont suffisantes, et cela concernait les missiles du site du plateau d'Albion (aujourd'hui abandonné) et concerne les missiles des Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins.
         Les euromissiles sont les armes pouvant atteindre le territoire soviétique à partir du sol européen et, par symétrie, les armes russes pour atteindre l'Europe mais non les États-Unis. La portée des euromissiles varie de 500 à 5000 km. Les fameux SS 20 soviétiques et les Pershings américains de ce que l'on a appelé la "crise des missiles" dans les années 1980 en sont des exemples. Une arme soviétique de 2 000 km de portée, par référence aux États-Unis est un euromissile, alors qu'il est possible de le considérer comme système central pour les nations européennes, d'où une partie des divergences d'appréciation entre États-Unis et Europe.
         Les armes tactiques ont une portée inférieure à 500 km et sont destinées à atteindre des objectifs militaires de proximité. Elles comprennent des missiles (Lance américain, Pluton français, Frog soviétique), des avions armés de bombes ou de missiles air-sol, et des obus d'artillerie. Pour une partie de la doctrine soviétique, mais aussi celle de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), ils peuvent être considéré comme premier échelon de la guerre nucléaire si les moyens conventionnels ne suffisent pas (et même être utilisés de manière complémentaire), tandis que pour la doctrine française, il s'agit d'armes de dernier avertissement avant une frappe stratégique.
 
 
Le volume des arsenaux mondiaux...

               Alors que les médias ne parlent pratiquement plus des armements nucléaires, sauf pour évoquer la prolifération nucléaire (ou récemment le bouclier anti-missile prévu puis abandonné à l'Est de l'Europe), le nombre existant de ceux-ci suffisent toujours à détruire plusieurs fois la surface de toute la planète.
            Les chiffres restent l'enjeu de la bataille diplomatique qui se joue notamment lors de la discussion des différents traités de maîtrise des armements ou de désarmement ; aussi ceux-ci ne sont connus que de manière approximatives, outre les différents problèmes de classification qui peuvent surgir. A noter par exemple que le comptage par têtes et non par porteurs fut l'objet d'une bataille diplomatique.
             
        Si l'on suit le SIPRI (Stokholm International Peace Research Institute), dans son rapport 2009, les forces déployées en janvier 2009 comptent :
- pour les États-Unis, 2 202 têtes stratégiques et 500 têtes non stratégiques, soit 2 702 têtes au total ;
- pour la Russie, 2 787 têtes stratégiques et 2 047 têtes non stratégiques, soit 4 834 têtes au total ;
- pour le Royaume Uni, 160 têtes stratégiques ;
- pour la France, 300 têtes stratégiques ;
- pour la Chine, 186 têtes stratégiques ;
- pour l'Inde, un total de 60-70 têtes ;
- pour le Pakistan, un total de 60 têtes ;
- pour Israël, un total de 80 têtes.
     Soit un total de 8 392 têtes. Mais il faut compter sur la Corée du Nord qui a conduit et conduit, apparemment d'abord, puis ouvertement (et agressivement ensuite) des essais nucléaires (octobre 2006, mai 2009), mais on ignore si elle a fabriqué des armes nucléaires.
                  Par ailleurs, si l'on veut tenir une comptabilité plus précise en faisant entrer les porteurs, au 1 janvier 2006, on avait :
- pour les États-Unis, 114 bombardiers B52, et 72 bombardiers B2 porteurs de 1 050 têtes nucléaires, 510 missiles intercontinentaux LGM 30G ou LGM-118A, soit 1 150 têtes, 360 sous-marins nucléaires UGM-96A ou UGM-133A porteurs de 2 016 têtes, soit un total d'armes stratégiques de 4 216 têtes nucléaires. Auxquels il faut ajouter des forces non stratégiques Bombarbier B61 et missiles Tomahawk, soit 680 têtes au total, soit un total général de 4 896 têtes.
- pour la Russie, 78 bombardiers Tu-95MS6 ou Tu-95MS16 ou encore Tu-160 porteurs de 872 têtes nucléaires, 611 missiles intercontinentaux SS-18 à 27 porteurs de 2 436 têtes et 192 sous-marins nucléaires SS-N-18M1 ou SS-N-23 porteurs de 672 têtes, soit un total d'armes stratégiques de 3 980 têtes. A cela, il faut ajouter des forces de défense stratégique (1 200 têtes) et des forces de défense non-stratégique (1 540) et d'autres forces encore de 640 têtes, ce qui fait un total général de 7 360 têtes.
- pour le Royaume-Uni, 48 sous-marins nucléaires D-5 Trident porteurs de 185 têtes ;
- pour la France, 4 sous-marin nucléaires porteurs de 288 têtes, 60 mirage 2000N porteurs de 50 têtes et 24 Super-Etendard porteurs de 10 têtes, soit un total général de 348 têtes ;
 - pour la Chine, 1 sous-marin nucléaire porteur de 12 têtes, 30 avions Q-5 et 120 avions H-6 porteurs de 150 têtes, et 120 missiles DF-3A à 31, soit un total d'armes stratégiques de 282 têtes auquel il faut ajouter environ 120 armes non-stratégiques, soit un total général d'environ 400 têtes ;
- pour l'Inde, une estimation de 30-40 têtes nucléaires ;
- pour le Pakistan, une estimation de 30-50 têtes nucléaires ;
- pour Israël, une estimation de 200 têtes nucléaires.
   On aura bien noté des différences dans les chiffres de 2006 et de 2009, et cela tient à la complexité du comptage des têtes (on discute d'équivalents-têtes nucléaires), à la mise en vigueur de traités de désarmement et... aux surprises des comptages (qui peuvent être surestimé ou sous-estimé sciemment par les autorités qui les détiennent, et même comme dans l'ancienne Union Soviétique ne pas s'attacher à en faire une comptabilisation rigoureuse...).
 
    Dix ans plus tard, toujours suivant le SIPRI, les "équilibres nucléaires" entre puissances n'ont pas beaucoup bougé, même si la technologie a évolué, notamment en terme précision des vecteurs et de gestion d'un hypothétique "échange nucléaires" (moyens informatiques de calcul).
Début 2018, 9 États - États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord - possédaient environ 14 465 armes nucléaires, dont 3 750 ont été déployées avec des forces opérationnelles. Près de 2 000 d'entre elles sont maintenues en état d'alerte opérationnelle élevée.
Les stocks d'ogives nucléaires continuent globalement de diminuer, principalement grâce aux États-Unis et à la Russie, qui représentent ensemble environ 92% du total mondial et qui réduisent leurs forces nucléaires stratégiques conformément au Traité Nouveau START de 2010. Malgré la réduction de leurs arsenaux, les États-Unis et la Russie ont mis en oeuvre des programmes importants et coûteux pour remplacer et moderniser leurs têtes nucléaires, leurs systèmes de lancement de missiles et d'aéronefs, ainsi que leurs installations de production d'armes nucléaires.
Les arsenaux des autres États dotés de l'arme nucléaire sont beaucoup plus petits mais tous développent ou déploient de nouveaux systèmes d'armes ou en ont déclaré l'intention. La Chine, l'Inde, la Corée du Nord et le Pakistan sont soupçonnés d'accroitre leurs arsenaux nucléaires.
La Corée du Nord considère toujours son programme nucléaire militaire comme élément central de sa stratégie de sécurité nationale, et a procédé a son 6ème essai d'explosion en 2017. Le total d'explosions nucléaires enregistrées dans le monde depuis 1945 est ainsi passé à 2 058.
La disponibilité d'informations fiables sur l'état des arsenaux nucléaires et les capacités des États dotés d'armes nucléaires varie considérablement. Les États-Unis ont divulgué d'importantes informations, ainsi que le Royaume-Uni et la France. La Russie refuse de divulguer la répartition détaillée de ses forces comptabilisées en vertu du Traité New START, même si elle partage l'information avec le gouvernement américain, qui ne publie plus de détails sur les forces nucléaires russes et chinoises. L'Inde et le Pakistan font des déclarations au sujet de certains de leurs essais de missiles, mais ne fournissent aucune information sur l'état ou la taille de leurs arsenaux. Israël a pour politique de ne pas commenter son arsenal nucléaire et la Corée du Nord ne fournit aucune information sur ses capacités nucléaires, même si elle fait une véritable stratégie déclaratoire sur ses essais de missiles, notamment face aux États-Unis.
      Selon le SIPRI toujours, le total du stocks des États-Unis s'élève à 6 450 ogives (avec 1 700 ogives déployées), celui de la Russie à 6 850 (dont 1 600 déployées), du Royaume-Uni à 215 (120 déployées), de la France à 300 (280 déployées), de la Chine à 280, de l'Inde entre 130 et 140 ogives, du Pakistan entre 140 et 150, d'Israël à 80 ogives et de la Corée du Nord entre 10 et 20 ogives. Le détail et le total peut ne pas correspondre aux chiffres communiqués au titre des différents traités, des évaluations officieux tentant de combler les insuffisances des communications officielles.
Un indice important des activités nucléaires militaires est constitué par les stocks mondiaux de matières fissiles. Les stocks d'uranium hautement enrichi s'élevaient en 2017 à 1 340 tonnes.
  
 
Des traités plus ou moins observés...

         Plusieurs traités concernant les armements nucléaires ont été signés, certains validés et en cours d'exécution, d'autres non validés mais exécutés quand même, comme validés mais à l'exécution incertaine... Il faut pour s'éclaircir les idées tenir compte surtout des accords SALT, START, FNI, SORT, et bien entendu ABM (concernant le bouclier nucléaire), lesquels sont remis en cause par la nouvelle course aux armements qui s'annonce :
 - Les traités dit SALT (Strategic Arms limitation Talks - Discussion sur la limitation des armements stratégiques), signés par l'Union Soviétique et les Etats-Unis en 1972 (SALT I)  et en 1979 (SALT II).
L'accord SALT II obligeait les deux parties à limiter les dispositifs de lancement de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), de missiles balistiques lancés par sous-marins (SLBM), de missiles air-surface et les bombardiers lourds à une quantité totale ne dépassant pas 2 400 unités. ce nombre fut réduit à 2 250 au début de l'année 1981. La quantité totale de missiles balistiques équipés de corps de rentrée à têtes multiples indépendamment guidées (MIRV) et de bombardiers lourds fut limitée à 1 320 unités, et la quantité totales de missiles balistiques intercontinentaux équipés de corps de rentrées de même type à 820 unités. Le traité limitait aussi la quantité de missiles balistiques intercontinentaux existants équipés de corps de rentrée (dans l'atmosphère à un moment de la trajectoire balistique) et limitait aussi à respectivement à 10, 14 et 10, le nombre de corps de rentrée dont pouvaient être équipés les nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, missiles balistiques lancés par sous-marins et missiles balistiques air-surface.
- Les traités START (Strategics Armes Reduction Talks - Discussion sur la réduction des armements stratégiques), signés par les Etats-Unis et l'Union Soviétique en 1991 (SART I) et en 1993 (START II).
L'accord START II obligeait les deux parties à réduire de façon importante leurs arsenaux nucléaires, portant le nombre des armes stratégiques entre 3 000 et 3 500, et éliminant tous les missiles balistiques intercontinentaux porteurs de charges multiples.
- Mais ce traité START II, même s'il a commencé à avoir un début d'exécution, est rendu caduc par le Traité de désarmement nucléaire (SORT) signé le 24 mai 2002 entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie.
Ce traité engage les deux parties à réduire de deux-tiers leur arsenal d'armes nucléaires stratégiques qui doit passer de  6000 têtes environ à 1 700/2000 têtes chacun d'ici 2012.
- Le traité FNI d'élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, signé en 1987, prévoit l'élimination et l'interdiction permanente d'une classe entière de missiles balistiques américains et soviétiques à portée intermédiaire et à courte portée (de 500 à 5 500 km). Mais après la dislocation de l'Union Soviétique, seuls 4 des douze Etats successeurs (Bélarus, Kazakhstan, Fédération de Russie et Ukraine) participent au régime d'inspections du désarmement.
                         
            Jean KLEIN, dans un article de 2003, faisant le point sur l'avancée que constituait le nouveau Traité de désarmement nucléaire écrivit notamment :
 "Dans une déclaration commune publiée le même jour (ce 24 mai 2002), les parties contractantes affirmaient que l'époque où elles étaient ennemies était révolue et qu'à l'avenir, elles agiraient comme des partenaires pour "faire progresser la stabilité, la sécurité et l'intégration économique, relever les défis qui se posent à l'échelle mondiale et aider au règlement des conflits régionaux". Se manifestait ainsi une certaine connivence entre Russes et Américains dans un monde où l'antagonisme Est-Ouest avait vécu, mais où de nouveaux risques avaient surgi et où des organisations criminelles n'hésitaient pas à recourir à l'"hyper-terrorisme" pour menacer leurs intérêts vitaux."
Conclu après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le "SORT (...) a permis de faire sortir le débat (sur le désarmement) de l'impasse et d'atteindre le but que l'on s'était fixé en empruntant des voies différentes de celles que l'on avait prises dans le passé. Plutôt que de s'engager dans de longues négociations et de rédiger un traité volumineux qui définirait d'une manière précise les obligations contractées, on s'est borné à fixer un objectif global en laissant à chaque partie "la composition et la structure de ses armements stratégiques offensifs en se fondant sur la limitation globale convenue du nombre d'ogives de ce type (article premier). Seules les ogives sont prises en compte et il n'est plus question de répartir les charges nucléaires entre les trois composantes de la triades stratégique - missiles sol-sol, missiles mer-sol et bombardiers à long rayon d'action. En outre, les charges nucléaires qui font l'objet de réductions ne seront pas toutes éliminées car on veut en conserver un certain nombre comme réserve opérationnelle afin de pouvoir reconstituer rapidement les stocks préexistants en cas de nécessité. D'après les prévisions officielles, les Etats-Unis envisageraient de déployer 2 200 armes stratégiques en 2012 et de conserver 2 400 armes supplémentaires en réserve opérationnelle. (...). On estime également que les Etats-Unis continueront de stocker des milliers d'ogives supplémentaires qui pourraient être réinstallées sur des vecteurs et constituer des armes prêtes à l'emploi."
Si les États-Unis fournissent des indications sur les vecteurs et les ogives qu'ils entendent retirer, "en revanche, les Russes ont fait preuve de discrétion sur la manière dont ils procéderont aux réductions convenues, mais il est probable que les ogives retirées des vecteurs opérationnels seront stockées et non pas éliminées comme ils en exprimaient le souhait naguère. En 2002, on estimait à plus de 13 000 le nombre de leurs armes nucléaires stratégiques non déployées et de leurs armes nucléaires tactiques. Ces chiffres élevés s'expliqueraient surtout par le fait que le coût de leur démantèlement excède les ressources  financières de la Russie. Cependant, aux dires d'experts américains, la Russie continuerait de fabriquer des armes nucléaires en faible quantité pour remplacer celles qui sont frappées d'obsolescence" (soit par problèmes techniques liés à la radioactivité, soit à cause des progrès technologiques).
  "A la différence du traité START, la chronologie des opérations de désarmement n'est pas précisée et le processus de réduction ne comporte pas d'étapes intermédiaires, ce qui introduit un facteur d'incertitude dans l'exécution du Traité. En effet, la seule obligation qui incombe aux deux parties contractantes est d'atteindre les plafonds finaux des armes stratégiques déployées opérationnellement, le 31 décembre 2012, c'est-à-dire le jour même où le Traité expire."
  "En dépit des réserves qu'il inspire dans les milieux favorables à la maîtrise des armements (notamment sur le caractère sommaire des vérifications), le SORT a été salué comme une étape sur la voie d'une réduction des armements stratégiques et le prélude à des mesures plus significatives destinées à réduire les risques de l'âge nucléaire et à consolider le régime de non-prolifération."
 
           André DUMOULIN, dans un article de juin 2010, à l'occasion de la situation du traité START 3 et de la conférence sur la sécurité nucléaire, les stocks de matériaux fissiles et la non-prolifération, et surtout après le fameux discours du président des Etats-Unis Barak OBAMA sur un monde sans armes nucléaires d'avril 2009 qui semblait annoncer un changement très important dans le domaine des armements nucléaires, fait le point sur les plafonds désormais autorisés par les traités stratégiques et les possibles changements de stratégie. 
 Le traité START 1 de 1991, qui expirait en décembre 2009, prévoyait 6 000 têtes nucléaires et 1 600 vecteurs/lanceurs. Le traité START 2 de 1993 fut finalement non appliqué. Le traité SORT de 2002 qui devait rendre caduc le traité START 2, prévoyait de 1 700 à 2 200 têtes nucléaires, le nombre des vecteurs/lanceurs n'étant pas mentionné. Ce traité START 3 ou NEW START prévoit 1 550 têtes nucléaires et 800 lanceurs/vecteurs. Ces plafonds doivent être atteints dans sept ans, le traité étant valable 10 ans et reconductible sur 5 ans. Ceci bien entendu reste un traité conclu entre les seuls Etats-unis et Russie...
Il s'agit en fait d'un traité "ambivalent" qui "reflète la volonté de parvenir à une nouvelle réduction des potentiels avec un fameux effet d'annonce", mais qui joue "sur l'apparence des chiffres". Même si les plafonds seront atteints facilement en chiffres absolus et il le seraient déjà en grande partie côté russe pour des raisons budgétaires, le nouveau traité n'inclut pas les charges nucléaires de réserve, les armes nucléaires de théâtre et les armes actuellement désactivées en voie de démantèlement, puisqu'il ne concerne que les armements dits stratégiques. L'auteur signale à bon droit que même si le traité est respecté (il faut encore des ratifications parlementaires), il resterait dans le monde tout de même entre 9 400 et 13 000 charges de différents statuts. Le fait positif nouveau est tout de même que ce traité "symbolise un réchauffement des relations américano-russes, mais aussi et surtout en matière de lutte contre la prolifération, Washington et Moscou semblent désormais être en phase. La dé-mirvation des ICBM américains Minuteman III indique la volonté d'améliorer la précision (nucléaire ou conventionnelle) pour cibler des objectifs hautement prioritaires "proliférateurs" et non jouer dans un scénario de frappe anti-forces aggravées visant la Russie selon les scénarios SIOP du passé." La doctrine américaine présentée le 6 avril 2010 par le Secrétariat de la défense prévoit de grands changements dans les "postures de défense", notamment sur la qualité des ogives des missiles (capacité alternative nucléaire/conventionnel - remplacement des têtes multiples par des monotêtes...).
 
     L'activité concernant le désarmement nucléaire, le contrôle des armes et la non-prolifération se poursuit d'année et année, malgré les hauts et les bas des relations diplomatiques. Ainsi en 2017, un Traité d'interdiction des armes nucléaires est entré en phase de signature après une phase de négociation débutée en 2016 au sein de l'ONU ; le TIAN étant le premier accord international contraignant dont l'objectif ultime est l'élimination totale des armes nucléaires. Si les partisans du TIAN reconnaissent que ce traité n'a pas d'impact immédiat sur les arsenaux nucléaires existants, ils soulignent son impact moral (mais est-ce suffisant?...) et normatif à long terme (encore faut-il qu'un minimum d'États le signent...). Et les relations entre le TIAN, le TNP et les accords connexes doivent être définis juridiquement. L'objectif à l'ONU est d'éviter la fragmentation des initiatives de désarmement nucléaire. Notons que le new STAR expire en 2021 et que les puissances nucléaires sont peu intéressées à négocier de nouvelles réductions.
  
     Il faut souligner que nombre d'évolution, notamment sur les stock d'armes nucléaires, sont dues autant à des efforts de réduction de la part des États possesseurs que des évolutions technologiques internes à la conception, la production et le déploiement des ogives nucléaires.

Jean KLEIN, Le Traité sur la réduction des armements stratégiques offensifs et les nouvelles relations entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie, 2003. SIPRI, Yearbook 2009, Armaments, Disarmaments and International Security, traduction française (résumé) faite en relation avec l'IRIS. Bertrand de MONTAUDOUIN, article Armement nucléaire - Problèmes politiques, Encyclopedia Universalis, 2004. André DUMOULIN, article Entre NPR (revue de posture nucléaire) et START (traité de réduction des armements stratégiques), les interrogations demeurent, Défense et Sécurité Internationale n°60, juin 2010. SIPRI Yearbook 2018, Résumé en français, GRIP, Les rapports du GRIP 2018/4.

                                                                        ARMUS
 
Relu et complété le 24 Août 2019.

           

  
       
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