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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 14:27

           Ce livre du Poète et critique littéraire Jacques BELMANS (né en 1937), de relative ancienneté, traite du cinéma surtout à l'intention du cinéphile désireux de percevoir le cinéma de manière critique, mais aussi de manière non paranoïaque, à l'inverse d'autres ouvrages, sur les relations entre cinéma et violence.

        L'auteur se situe dès les premières pages en dehors de toute considération morale (bien facile à mettre en musique). Dans des "Préliminaires pour un art difficile", il affirme que "la seule arme pour lutter contre la violence ambiante se situe au niveau de la réflexion et du raisonnement. Pour combattre la violence, il importe de la connaître, de la dépister, de la démasquer même sous des formes souterraines et anodines qu'elle sait si bien revêtir : préjugés, lieux communs, égocentrisme, lassitude et conformisme. Nous le savons que "le sommeil de la raison engendre les monstres"! Au premier degré, le cinéma ne fait que refléter l'état d'esprit de notre siècle. Au second degré, il devient capable de l'interpréter, comme nous le verrons, mais il nous faut bien admettre que la majorité des films se contentent d'illustrer les manifestations de la violence, voire de les célébrer sous le couvert d'une morale hypocrite imposant la défaite du méchant par la victoire du héros après quels longs combats jalonnés de victimes et de destructions!". "L'Histoire de l'humanité étant tissée d'une interminable suite de conflits, nous ne voyons pas pourquoi le cinéma ne s'en serait pas inspiré, d'autant plus qu'il s'adressait à l'énorme public qui trouvait en lui son livre d'images le plus passionnant. Cette violence est encore naïve : elle raconte des aventures où la vertu est récompensée et le vice puni. C'est dire l'irréalisme de l'écran! Le public sait bien que le héros vêtu de linge blanc et de probité morale s'en tirera toujours à son avantage. Chanson de geste ou roman courtois que ce cinéma-là... Avant de vaincre, le "bon" doit subir des épreuves, c'est la moindre des choses. Manichéisme. Plus tard, la censure veillera à ce que cet "art" suspect devienne une école du dimanche, ou, tout au moins, du samedi soir. Une école primaire, hélas! Triste sort. Les mythes et les archétypes s'installent. Cette réalité, qui n'a rien à voir avec le réalisme, est niée, bafouée, défigurée..." 

 

         Jacques BELMANS tente de décortiquer, avec une grande connaissance des films, la mythologie de l'évasion, la satire et l'art de se servir du cinéma et effectue un travail de critique face aux mécanismes sociaux et politiques qu'on aimerait bien plus souvent être mis en oeuvre par ceux qui se baptisent du nom de critiques de cinéma... A travers des oeuvres, qui ne sont pas ceux d'un divertissement de bas étage et des auteurs de films comme Jean-luc Godard, Alain Resnais ou Chris Marker, il veut faire réfléchir avec lui le cinéphile désireux de ne pas se laisser manipuler par la beauté des images ou la virtuosité de la mise en scène. Son livre appartient à une période fructueuse de critiques de la société qu'il serait bon de revoir aujourd'hui, à l'heure où la politique culturelle semble revenir aux beaux jours (pour ces messieurs disant posséder l'industrie culturelle) d'avant Mai 1968.  Il n'y a pas de conclusion à ce livre conçu comme un essai de problématique, qui veut inviter tout simplement à réfléchir.

 

    L'éditeur présente se livre de la manière suivante : "Poète ("Aux capitales traversées par la foudre", Prix Polak 1966, "Les Empires de Cendre" et "Le silence d'Alexandrie", Prix Orphée 1971), critique littéraire et conteur, Jacques Belmans s'est également passionné très tôt pour le cinéma en qui il voit l'une des formes d'expression les plus créatrices, les plus vivantes et les plus inventives de notre époque. A ce titre, ce jeune auteur, né en 1938, a déjà publié plusieurs ouvrages appréciés dont "Jeune Cinéma anglais", "Roman Polanski", "Humphrey Jennings" et "Antony Asquithe", en même temps qu'il collabore à plusieurs revues étrangères et belges. Très attentif au phénomène de la violence dans notre civilisation et à sa réflexion à travers l'univers filmique, l'auteur a conçu Cinéma et Violence comme un essai de problématique. Cet ouvrage n'a donc pas pour fonction de juger selon des critères moraux, mais bien d'analyser les diverses manifestations de la violence, soit bien visibles pour n'importe qui (guerres, révolutions, rites et spectacles), soit - et surtout - souterraines (mécanismes sociaux, religieux, politiques, économiques) connotées dans des oeuvres importantes de préférence. Cinéma et Violence devient ainsi une somme qui s'attache moins à conclure qu'à souligner combien l'homme d'aujourd'hui vit souvent dans un climat sournois tissé de violence en dépit d'apparences aussi trompeuses que rassurantes. A ce titre, cet essai vient particulièrement à son heure..."

    Jacques BELMANS est aussi l'auteur d'autres ouvrages sur le cinéma comme  La ville dans le cinéma : de Fritz Lang à Alain Renaix, A. de Boeck, 1977 ; La question raciale dans le cinéma américain, Editions Rencontres, Institut Provincial d'Education et loisirs, La Louvrière, 1963 ; La grande misère du cinéma espagnol, Editions Synthèses, Bruxelles, 1964 ; L'école de New-York, Editions Synthèses, 1963...

 

Jacques BELMANS, Cinéma et Violence, Préface de Michel ESTÈVE, La Renaissance du Livre, 1972, 240 pages (avec l'iconographie).

 

 

Complété le 3 novembre 2012. Relu et corrigé le 22 janvier 2020

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