Comunication et Société constitue un livre-clé dans la compréhension contemporaine de la communication. Publié en 1951, cet ouvrage maintes fois réédité est considéré aujourd'hui comme une sorte de manifeste de l'approche systémique et interactionniste. Auparavant, il n'existait aucune théorie générale ou unifiée représentant l'individu, le groupe et la société dans un même système. Début de l'Ecole de Palo Alto et dernier ouvrage de la collaboration entre les deux auteurs, l'anthropologue Gregory BATESON et le psychiatre Jurgen RUESCH , le livre fait converger théorie des jeux, psychologie expérimentale, cybernétique, théorie des systèmes et théorie des types logiques. Les deux auteurs théorise ainsi le fait que la communication est devenue la matrice sociale de la vie moderne. Quoique ce livre n'eût pas la possibilité de décrire ni la vitesse de l'évolution technologique ni l'extension des engagements sociaux actuels, il anticipe correctement la tendance des événements à venir : le rôle de plus en plus important des mass media, des ordinateurs et des instruments à pilotage automatique dans notre civilisation, l'importance croissante de la communication sociale sur le plan théorique et pratique. Bien entendu, toute société est un ensemble de communications, et l'expression "société de communication" ne signifie pas autre chose qu'une sorte de focalisation intellectuelle, l'ensemble des conflits et coopérations étant toujours là.
Le livre est composé de11 chapitres écrits par l'un ou l'autre auteur ou pour deux d'entre eux, par les deux. Ainsi, les deux auteurs se partagent ces chapitres, le livre conservant une bonne unité de ton :
- Valeurs, communication et culture, par Jurgen RUESCH, qui décrit les prémisses fondamentales de leur étude commune ;
- Communication et relations humaines, de RUESCH, qui aborde les canaux de communication de la vie quotidienne, le contexte dans lequel la communication se produit, les sytèmes de communication relativement simples et ceux plus complexes, le réseau culturel? Et donne la Prémisse de valeur et communication ;
- Communication et maladie mentale, de RUESCH, qui détaille la situation de la psychiatrie contemporaine, la situation de la théorie psychiatrique et l'état des connaissance en troubles de la communication et de leur psychothérapie.
- La communication et les valeurs américaines, de RUESCH, entre philosophie politique et description de la communication : La morale des puritains et des pionniers, les question d'Egalité, de Socialité, de Réussite, de Xhangement, avant de revenir sur la psychiatrie dans ce système de valeurs américain ;
- Perspectives américaines, du même auteur encore : Perspectives spatiales, temporelles, Gestalten, Processus Intégration, avec une perspective de la thérapie américaine ;
- La communication et le système de contrôle et régulation, des deux auteurs, RUESCH et BATESON. Ils entrent dans l'analyse de la scène américaine, des systèmes internes de contrôle et régulation (amércain), des systèmes externes de contrôle par opposition (européen), de la Communication et contrôle systèmique. Ils abordent L'autorité fouvernementale dans la perspective de contrôle et de régulation systémiques, le façonnement de personnalités dans un système de régulation, la structure familiale de réfulation et la psychiatrie dans un univers d'équilibres et de régulation ;
- Information et Codage, de Gregory BATESON, qui entre dans le détail du codage, du codage et de la valeur, de l'éintégration sélective et de l'intégration progressive et continue. La diversité des codages est également abordé : Contradictions internes du "codage-évaluation", Communication à sens unique (observateur non observé), Communication intrapersonnelle (auto-observation), Communication entre deux personnes et létacommunication.
- Communication et Conventions, de BATESON ;
- La pensée psychiatrique où BATESON abordent la pathologie, la réalité, les "substances" en psychiatrie, l'Energie et la Quantification. Il expose enfin sa conception de la psychiatrie comme sience réflexive ;
- La convergence de la science et la la psychiatrie,par BATESON ;
- Individu, groupe et culture, sorte de conclusion par Gregory BATESON et Jurgen RUESCH.
Les prémisses fondamentales sont annoncées par Jurgen RUESCH dans le premier chapitre :
- Délimitation du champ. L'unité considérée est la situation sociale.
- Situation sociale. Une situation sociale s'établit quand des personnes entrent en communication interpersonnelle.
- Communication interpersonnelle. Un événement interpersonnels se caractérise par :
a) l'existence d'actes expressifs d'une ou de plusieurs personnes ;
b) la perception consciente ou inconsciente de tels actes expressifs par d'autres personnes ;
c) l'observation en retour que ces actions expressives ont été perçues par d'autres ; percevoir que l'on a été perçu influence profondément et change le comportement humain.
- Communication intrapersonelle. "L'étude des événements intrapersonnels devient un cas particulier de la communication interpersonnelle. Une entité imaginaire, constituée de traces condensées d'expériences passées, représente à l'intérieur d'un individu la personne qui manque à l'extérieur. Cependant, il existe une différence capitale entre la communication interpersonnelle et la communication intrapersonnelle en ce qui concerne le traitement des erreurs. Dans la situation interpersonnelle, on peut évaluer et, si nécessaire, corriger l'effet des actions intentionnelles ou expressives. Dans la communication intrapersonnelle ou fantasmatique, percevoir que l'on interprète mal ses propres messages est extrêmement difficile, sinon impossible, et la correction ne se produite jamais ou rarement" ;
- Communication de masse. "Un événement social peut être rapporté par les moyens de communication de masse : radio, télévision, cinéma et presse. Quand il est exposé à des systèmes de communication, un individu peut sentir, d'une part, qu'il participe à un système suprapersonnel de grande ampleur et, d'autre part, qu'il est incapable de décrire clairement le système. Cette contradiction provient du fait, que, dans les communications de masse, les récepteurs et les émetteurs de messages sont si nombreux qu'ils demeurent en général anonymes. Dans de telles conditions, l'individu n'est donc pas capables d'observer l'effet de ses propres messages sur les autres ; il ne peut pas non plus communiquer ses réactions personnelles face à un message émanant de comités, d'organisations ou d'institutions. Cause et effet deviennent indiscernables. La correction et l'autocorrection des messages sont différées dans le temps et déplacées dans l'espace : si la correction finit par se produire, elle n'est souvent plus opportune" ;
- Appareils de communication. "L'appareil de communication humain doit être considéré comme une entité fonctionnelle, sans localisation anatomique. (...) il existe plusieurs ensembles d'expressions parallèles qui désignent les phénomènes de communication. Alors que le centre de communication de l'ingénieur correspond au concept de pysché pour le "mentaliste", l'organiciste, lui, parle du système nerveux central. L'un des changements les plus importants qui pourrait résulter des échanges théoriques entre les ingénieurs et les psychiatres devrait être une précision accrue dans l'emploi des formulations qui concernent le psychisme. Les ingénieurs et les physiologistes n'ont pas encore réussi à nous fournir une base organique sur laquelle on puisse édifier des théories psychiques (autrement dit, devons-nous préciser, des liens précis entre les acquis de la psychanalyse et les acquis de la neurologie, entre autres), mais ils nous ont déjà donné certaine notions générales sur les caractéristiques des réseaux et des relais. Ces notions générales doivent nous aider à limiter l'imprécision des abstractions que nous utilisons en parlant du psychisme. (...)" ;
- Limitations de la communication. "Les communications de l'homme sont déterminées par la capacité de son réseau intra-personnel, par la sélectivité de ses récepteurs et par le fonctionnement de ses organes effecteurs. Le nombre de signaux qui entrent et qui sortent, aussi bien que le nombre des signaux peuvent être transmis à l'intérieur de l'organisme, est limité. Au-delà d'une certain maximum, toute augmentation du nombre des messages qui transitent conduit à un embouteillage du réseau et ainsi à une diminution du nombre des messages qui arrivent convenablement à la bonne destination" Autrement, deviennent purement et simplement, du "bruit". La capacité de recevoir et de traiter ces informations varient selon les individus et cette difficulté est importante en psychiatrie "où le patient et le thérapeute doivent parvenir à communiquer sur la compréhension de leurs propres propos. La même difficulté surgit également dans toutes les tentatives de communication entre des personnes de culture différentes."
- Fonction de la communication. "L'homme se sert de son système de communication :
a) pour recevoir et transmettre des messages et pour stocker de l'information ;
b) pour exécuter des opérations sur l'information à sa disposition afin de tirer de nouvelles conclusions qui n'avaients pas été directement perçues ; ainsi que pour reconstituer des événements passés et pour anticiper des événements futurs ;
c) pour amorcer et modifier des processus physiologiques à l'intérieur de son corps ;
d) pour influencer et diriger d'autres personnes et des événements extérieurs.
- Effet de la communication. "La communication facilite la spécialisation, la différenciation et la maturation de l'individu. Au cours du processus de maturation, l'enfant qui dépendait des autres pour la protection, puis pour les actions correctives, va progressivement entrer, grâce à la communication, dans l'interdépendance avec ses congenères. Au lieu de se laisser prendre en charge par ses aînés, l'adulte cherche auprès de ses semblables des informations sur les façons de répondre au mieux ses problèmes. L'échange se substitue à la protection et l'activité autonome remplace les actions des autres."
interférence et communication. "Si un comportement orienté vers un but est contrarié, cela suscite une réaction d'alarme. Si l'on peut réussir à se débarrasser de l'obstacle ou à l'éviter complètement, la réaction d'alarme s'estompera. Cependant, fréquemment, la source d'interférence ne peut être évitée ou éliminée. Dans ce cas, partager l'angoisse avec des individus qui ne sont ni anxieux ni menaçants, par le truchement de la communication, constitue un moyen efficace d'amoindrir l'impact de l'interférence.
- Ajustement. Une communication fructueuse avec soi-même et avec les autres implique l'autocorrection et les corrections d'autrui. Au cours de ce processus continu, des informations actualisées sur soi, sur le monde et la relation entre soi et le monde conduisent à acquérir des techniques appropriées et augmentent finalement les chances qu'a l'individu de maitriser sa vie. La réussite de la communication devient donc synonyme d'adaptation à la vie.
- Perturbations de la communication. "Certaines anomalies de comportement sont décrites en termes de troubles de la communication. Dans le passé, ces troubles étaient du domaine de la psychopathologie. (...). Une description exhaustive des perturbations de la communication comporte (...) :
a) à un niveau technique, des indications sur l'appareil de communication, les dimensions du réseau et les implications fonctionnelles aussi bien que les aspects physiques de la transmission et de la réception ;
b) à un niveau sémantique, des indications sur la précision avec laquelle une série de symboles transmettent la signification que l'on souhaite donner à un message, y compris les distorsions sémantiques ;
c) à un niveau d'interaction, des indications sur l'efficacité de la transmission de l'information quand on essaie d'obtenir une orientation du comportement d'autrui."
- Thérapie psychiatrique. "La thérapie psychiatrique vise à améliorer le système de communication du patient. Le neurophysiologiste, le neurologue et le neurochirurgien s'efforcent de perfectionner l'appareil interne de communication de l'intéressé à un niveau technique, tandis que le psychothérapeute cherche à restaurer un système de communication interpersonnel défectueux à un niveau sémantique ou interactionnel. On y parvient soit en réduisant le nombre de messages entrant et en prévenant l'embouteillage ; soit en augmentant le nombre de messages en transit et en évitant l'isolement et la "carence". Une fois que la communication du patient avec lui-même et avec les autres s'est améliorée, la correction et l'autocorrection de l'information apportent un changement dans la conduite du patient."
- Nature de la psychothérapie. "Quelle que soit l'école de pensée à laquelle on appartient, ou les termes techniques dont on se sert, les interventions du thérapeute ont toujours lieu dans un contexte social. Implicitement, tous les thérapeutes utilisent donc la communication comme méthode pour influencer le patient. Les différences entre le thérapeute et le patient sont des différences entre leurs systèmes de valeurs, qui peuvent être rapportées à des différences dans le codage ou dans l'évaluation des événements perçus.
- Le système des valeurs du psychiatre. "Pour comprendre les différnces entre le système de communication du patient et celui des membres de son groupe, le psychiatre doit disposer d'information sur ces deux systèmes. Si son propre système de communication était analogue à celui du patient, le psychiatre serait incapble d'aider son patient. Si le système de communication du psychiatre est identique à celui de l'entourage du patient, il remarquera que le patient est différent, mais il ne sera pas non plus en mesure de l'aider. C'est pourquoi le psychiatre doit intégrer des valeurs sensiblement différentes de celles du patient mais aussi de celles du noyau du groupe."
- Le psychiatre et le changement culturel. "Les différences entre le système de valeurs du psychiatre et celui du noyau groupal proviennent d'expérience vécues spécifiques. Pour l'essentiel, elles sont liées aux expériences de contacts culturels et à la rencontre fréquente de systèmes de valeurs divergents au cours des années de formation. Ces circonstances affinent la perception sociale du futur psychiatre et lui font prendre conscience que les valeurs sont différentes d'un groupe à l'autre. Il est forcé de réinterpréter sa position personnelle chaque fous qu'il rencontre un nouveau groupe et il développe les moyens nécessaires pour percevoir et évaluer les divers systèmes de communication des autres. Ces expériences fondamentales sont nécessaires dans la vie d'un homme qui désire être un thérapeute efficace. La formation ne fournit qu'une méthode de classement de ces expériences fondamentales de la vie."
- Distorsion de la communication et statut marginal du patient. "Les valeurs qui distinguent les patients des autres personnes et du thérapeute proviennent des situations sociales particulières dans lesquelles ces patients ont été élevés. Incapables d'assimiler des influences contradictoires à l'intérieur même du milieu familial ou entre ce milieu et l'environnement, ces patients n'ont jamais élaboré de moyens de communication satisfaisants. Ils se trouvent dans une situation marginale, par rapport aux gens qui constituent le noyau du groupe dans lequel ils vivent."
- Hygiène mentale. "Le psychiatre cherche à aider le patient à acquérir un système de communication semblable à celui du noyau groupal ; et, tel un interprète, il tente d'apprendre au noyau groupal à se familiariser avec les particularités de l'homme marginal. Le Mouvement d'hygiène mentale et d'autres initiatives ont pour but de prévenir le développement de troubles de la communication qui, à leur tour, sont directement ou indirectement responsables de troubles du comportement."
C'est l'ensemble de ces prémisses que les deux auteurs développent dans leur livre. La plupart des problématiques envisagées ici influencent par la suite non seulement nombre de psychiatres ou de psychologues, mais également des sociologues, spécialistes ou non de la communication. La force de l'ouvrage est de mêler, dans une démarche rigoureuses, approche psyhiatrique et approche sociologique, et même approche de philosophie politique, notamment en ce qui concerne l'étude des habitudes de comportements de chaque côté de l'Atlantique, entre systèmes politiques américain et européen.
The Social Matrix of Psychiatry marque, si nous suivons Dominique PICARD et Edmond MARC, "l'émergence d'une orientation et d'un questionnement totalement nouveaux dans les sciences humaines en analysant comment la communication modèle en profondeur les comportements. Il part de la relativité des normes socioculturelles en matière de normalité et de pathologie, et de l'importance du contexte et des interactions dans les comportements humains. Le patient n'est plus un individu isolé, atteint d'une "maladie" mentale, selon le modèle médical ; il est le produit d'un système relationnel perturbé et perturbant.". Le lien entre la personne et le groupe permet "de comprendre comment la personne est le produit du contexte culturel et social dans lequel elle se trouve placée. L'ouvrage cherche ainsi à construire une théorie de la communication applicable à la psychiatrie (dans le contexte américain psychiatrie, psychanalyse et psychothérapeutent coÏncident, car les praticiens sont essentiellement des médecins psychiatriques (aujourd'hui comme hier d'ailleurs) et la psychanalyse est à leur époque la référence dominiante (et qui ne l'est plus actuellement)). Il tente aussi de cerner les processus par lesquels la culture d'une société façonne en même temps sur une critique de la psychiatrie existante. (...) A partir d'une démarche d'enquête et d'observations (entretiens avec des psychiatres, discussions entre psychiatres, enregistrement de scéances de thérapie, etc.), les auteurs s'efforcent de dégager les prémissies qui sous-tendent la psychiatrie américaine de l'époque avant d'ouvrir une voie nouvelle fondée sur l'interaction et la communication." Il s'agit d'agir sur la communication par la communication, ce qui amène l'émergence d'une nouvelle psychiatrie.
Dans le dernier chapitre du livre, écrit en commun, les deux auteurs expose une théorie de la communication humaine.
"La tradition, en théorie des sciences, est de faire une distinction entre ce qui est supposé exister dans la réalité et ce qui est effectivement perçu par un observateur humain. La différence entre la réalité perçue et la réalité supposée serait due aux particularités et aux limitations de l'observateur humain. Quand on étudie la communication chez l'homme, il est difficile, sinon impossible, de distinguer réalité perçue et réalité supposée. En psychiatrie et dans les sciences humaines, ce qui nous intéresse de toute façon, c'est de rechercher de quelle manière un observateur perçoit le monde plutôt que ce que ce monde est réellement, parce que le seul moyen dont nous disposons pour déduire quelque chose quant à l'existence du monde réel, c'est de comparer les vues d'un observateur avec celles d'autres observateurs. Ce sont les divergences de leurs visions qui nous permettent de faire certaines inférences sur les processus psychologiques des intéressés, et, en combinant les diverses observations, d'obtenir une image de ce que l'on pourrait appeler la vérité supposée. Cette réalité supposée est-elle une image exacte de ce qui se passe effectivement? Personne n'est en position d'en décider.
Il n'en reste pas moins que supposer une réalité est généralement utile. Dans le domaine de la communication, on peut obtenir l'approximation la plus voisine de ce que le physicien appelle la "réalité" en supposant qu'un observateur supra-humain considère la communication humaine à partir d'une position située à l'extérieur des systèmes sociaux qu'il étudie ; de cette façon, lui-même, en tant qu'observateur, n'influence vraisemblablement pas les phénomènes qu'il va observer. (...) Selon que (l'observateur) s'orientera vers des unités petites et grandes (les auteurs utilisent l'analogie du microscope), il verra les différentes fonctions avec plus ou moins de détails. Il s'ensuit que les processus de réception, d'évaluation et de transmission peuvent être observées aux niveaux d'organisation intrapersonnel, interpersonnel, groupal et culturel." Après avoir détailler ces différents niveaux, les auteurs écrivent : Pour traiter de l'information et des échanges d'information, il est nécessaire de souligner qu'il y a une relation duelle entre l'information et l'action. A un certain niveau, il est exact que le comportement dirigé vers un but se corrige par des processus de rétroaction. A un autre niveau, il faut reconnaitre que de l'action émerge de l'information codée qui n'est pas disponible jusqu'à ce que l'action soit pleinement engagée. Cette relation entre pratique et connaissance existe non seulement au niveau intrapersonnel mais également à tous les autres niveaux.
L'interaction destructrice, par laquelle des individus vont au-devant de leur autodestruction, ou de la rupture du système dont ils font parties, peut être due à de nombreux facteurs. Tout d'abord, ce genre d'action peut résulter d'une information incomplète sur le Soi, sur les autres personnes ou sur le système. Ensuite, il y a les différences dans l'évaluation des buts et des moyens ; par exemple une tendance à l'auto-optimalisation du sujet peut conduire à la destruction d'un système plus grand qui était utile et nécessaire à l'existence de ce sujet. Dans des cas spéciaux, l'autodestruction de l'entité plus petite est un moyen pourr que survive le système plus grand. On ne peut, jusqu'à ce jour, discuter de la finalité d'une action qu'après avoir délimité le système au maintien duquel cette action contribue. Pour une telle démilitation, il est nécessaire qu'il y ait un observateur. Quant aux problèmes de finalité des systèmes cosmiques et biologiques, ils ne sont à la portée ni de notre observateur, ni de notre compréhension. Nous ne pouvons donc pas en discuter sérieusement."
Gregory BATESON et Jurgen RUESCH, Communication et Société, Editions du Seuil, 1988, 350 pages. Traduction de l'américain de l'ouvrage Communication. The Social Matrix of Psychiatry, W.W. Norton & Company, New York, 1951, par Gérard DUPUIS. Préface de Paul WATZLAWICK.
Dominique PICARD et Edmond MARC, L'Ecole de Palo Alto, PUF, collection Que-sais-je?, 2013.