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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 11:19

       Série d'ouvrages édités par Centre Tricontinental et Syllepse, voilà un état des résistances dans ce qu'on appelait avant le Tiers-Monde, de fractions plus ou moins importantes de populations contre des pouvoirs autocratiques et des politiques économiques, pour la plupart imposées par des conglomérats bancaires ou les marchés financiers.

Ces résistances constituent une grande part des conflits déterminants dans ces régions du monde, où persistent d'énormes inégalités économiques et sociales, des problèmes sanitaires et alimentaires importants. Il s'agit-là de points de vue exprimés souvent par des acteurs du Sud, à un moment où "à de rares exceptions près, l'ensemble des pays du Sud ont connu un réveil et une dynamisation de leurs sociétés civiles ces vingt dernières années. L'ouverture, franche ou timide, d'espaces d'expression, les secousses de la mondialisation, la persistance d'inégalités scandaleuses ou de discriminations ancestrales cumulent leurs effets et alimentent les mobilisations." 

   Coordonnée par François POLET, animateur du CETRI (Centre Tricontinental), organisation non-gouvernementale basée à Louvain-la-Neuve, en Belgique, cette série présente depuis 2006 un tableau contrasté des situations, continent par continent, n'hésitant pas à aborder des thèmes transversaux sur des aspects particulièrement dramatiques, comme la crise alimentaire (2009).

Trois convictions président au projet éditorial, comme il l'explique (2008)  :

"- Les mouvements sociaux sont révélateurs des tensions et des aspirations qui travaillent des sociétés dont les asymétries internes historiques, produit de leur trajectoire précoloniale, coloniale puis postcoloniale, sont exacerbées par les politiques économiques qui prévalent depuis une trentaine d'années. A côté d'autres phénomènes (migrations, fondamentalismes, économie informelle...), ils jettent un éclairage sur la face sombre des processus de modernisation en cours au Sud. En d'autres mots, ils nous rappellent que la mondialisation est un jeu gagnants-perdants et que ces derniers ne sont pas distribués uniformément entre les pays et à l'intérieur de ceux-ci.

- A un certain nombre de conditions, ces mouvements constituent de puissants vecteurs de changements sociaux et politiques, dans la mesure où ils permettent à des groupes qui souffrent d'un déficit de représentation politique au sein d'États "importés" de faire exister leurs problèmes sur la scène publique. Tantôt ces changements s'imposent avec beaucoup de visibilité, pensons aux pays d'Amérique latine où de puissants mouvements populaires ont favorisé une ensemble de réformes sociales, économiques et constitutionnelles de grande ampleur, tantôt ils sont plus diffus, plus subtils, mais tout aussi déterminants, en témoignent les modifications dans les conceptions populaires du pouvoir qui font suite aux mobilisations en Guinée, au Burkina Faso ou en Égypte.

- Départissons-nous cependant du biais " mouvementiste"" consistant à parer les mouvements sociaux de toutes les vertus et à tracer une frontière étanche entre ces derniers et la sphère institutionnelle, lieu supposé de tous les dévoiements. Les mouvements populaires ne sont pas nécessairement progressistes, ils adoptent parfois des stratégies corporatrices et sont eux-mêmes souvent le théâtre de luttes d'influence au sein desquelles les ambitions personnelles ou organisationnelles pèsent davantage que le débat stratégique. Car le mouvement social, par  la visibilité et la reconnaissance qu'il offre à ses leaders, est aussi un tremplin de choix pour se lancer dans une carrière politique. Un regard un tant soit peu attentif constatera d'ailleurs que les allers-retours entre le "social" et le "politique", souvent légitimes, sont la règle plus souvent que l'exception."

Le sociologue pointe cette diversité, la multiplication des conflits socio-environnementaux, la criminalisation de la contestation sociale... en Amérique Latine (mouvements populaires face aux partis de gauche), en Afrique (faiblesse chronique des sociétés civiles),  dans le Monde arabe (retours de bâton contre les mobilisations démocratiques), en Asie (multiplication des contestations à la base et régressions démocratiques), avant de mettre en garde contre un certain altermondialisme aux accents souverainistes.

 

    Chaque année, un nouvel État des résistances nous est proposé, avec la volonté constante, tout en restant dans une optique engagée, d'inspiration plutôt marxiste, de prendre du recul par rapport à des enthousiasmes médiatiques ou des jugements hâtifs, qu'ils soient positifs ou négatifs. Cette série de livres, chaque fois de plus de 200 pages aux articles très fortement annotés, à la bibliographie abondante (qui facilite bien des recherches), fait partie d'une collection des Éditions Syllepses, "Alternatives Sud", qui compte également des livres centrés sur des problématiques générales (Évasion fiscale et pauvreté, L'aide européenne, Contre le travail des enfants, Agrocarburants : impacts au Sud?...) ou des régions ou pays (Le brésil de Lula, le "miracle" chinois vu de l'intérieur). 

 

État des résistances dans le Sud, 2007 (décembre 2006), États des résistances dans le Sud 2008, Points de vue du Sud (janvier 2008), État des résistances dans le Sud - 2009 (décembre 2008), Etat des résistances dans le Sud - 2010 Monde arabe (2009), États des résistances dans le Sud Afrique (décembre 2010), Amérique Latine : États des résistances dans le Sud (décembre 2011), Tricontinental/Editions Syllepses

 

Relu le 19 octobre 2020

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