Ce mécanisme psychologique dégagé par Sigmund FREUD surtout dans Inhibition, symptôme et angoisse (1926) est un mécanisme par lequel le sujet s'efforce de faire en sorte que des pensées, des paroles, des gestes, des actes passés ne soient pas advenus ; il utilise pour cela une pensée ou un comportement ayant une signification opposée. (LAPLANCHE et PONTALIS). Une action est annulée par une seconde action comme si aucune des deux n'avait eu lieu, alors qu'en réalité toutes les deux ont eu lieu.
Ce mécanisme de défense se présente sous des modalités diverses et les rédacteurs du Vocabulaire de la psychanalyse dégagent deux conceptions :
- l'une mettant l'accent sur le conflit interpulsionnel où l'on retrouve en dernière analyse l'ambivalence de l'amour et de la haine ;
- l'autre situant le conflit entre les pulsions et le moi, celui-ci pouvant touver un allié dans une pulsion opposée à celle dont il se protège.
Ces auteurs tendent à rattacher le mécanisme d'annulation rétroactive à un comportement normal très répandu ; toutefois, ils soulignent qu'il s'agit toujours d'atténuer ou d'annuler la signification, la valeur ou les conséquence d'un comportement.
Pour Elsa SCHMID-KITSIKIS, ce mécanisme, avec celui de l'isolation, est caractéristique de la névrose obsessionnelle. "La notion d'annulation rétroactive a acquis de nos jours une certaine connotation psychologique. Elle est souvent confondue avec la notion de comportement ou d'attitude ambivalente. Par ailleurs, il est probablement nécessaire de la distinguer, en raison du caractère "magique" de la défense, de la série des mécanismes découverts par Freud : refoulement, forclusion, négation (ou dénégation), désaveu (ou déni), série qui porte de nos jours la dénomination d'ensemble de travail du négatif."
Les auteurs de Les mécanismes de défense, la définissent comme "illusion selon laquelle il serait possible d'annihiler un événement, une action, un souhait, porteurs de conflits, grâce à la toute-puissance d'une action ou d'un souhait ultérieurs, censés avoir un effet de destruction rétroactive". Ils signalent que ce mécanisme n'apparaît que ponctuellement dans l'oeuvre de Sigmund FREUD (L'homme aux rats, Inhibition, symptôme et angoisse...) mais que tous les auteurs qui ont étudié les mécanismes de défense le reprennent, à commencer d'ailleurs par sa fille Anna FREUD.
Pour eux, ce mécanisme se présente sous trois formes légèrement différentes :
- Elle s'exprime par la succession de deux formules verbales ou de deux conduites différentes, la seconde supprimant la première dans l'esprit de la personne qui utilise ce mécanisme ;
- L'action qui possède le pouvoir magique de destruction doit être l'inverse de la première action pour être efficace. Otto FENICHEL (1945/1953) montre que l'action est répétée d'une façon identique, mais dans un état d'esprit contraire qui accompagnait la première action ;
- Une expérience désagréable est répétée en inversant les rôles et annulée de cette façon. En fait, ce mécanisme est proposé sous d'autres noms : renversement de la passivité en activité ou identification à l'agresseur.
Les auteurs indiquent qu'il ne faut pas confondre ce mécanisme de défense avec des opérations aussi courantes que le regret, le remords, le désir d'expiation, qui n'ont rien de pathologiques. Les psychanalystes rattachent presque tous l'annulation rétroactive à la névrose obsessionnelle.
Serban IONESCU, Marie-Madeleine Jacquet, Claude LHOTE, Les mécanisme de défense, Nathan Université, 2003. Elsa SCHMID-KITSIS, article Annulation rétroactive dans Dictionnaire International de psychanalyse, Hachette Littératures, 2002. Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976.
PSYCHUS
Relu le 22 novembre 2019