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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 08:54

     Assez loin d'une vision trop téléologique et d'un regard trop déformé par la situation intellectuelle actuelle de l'oeuvre de John LOCKE, on peut considérer qu'elle constitue bien, suivant les termes de sa propre époque, mêlant son nom à celui de DESCARTES par exemple, une "nouvelle voie des idées" qui se détache d'une lecture religieuse des événements et des choses, tant physiques que politiques. Il s'agit pour le prédicateur (il exerce son enseignement à Christ Church) et l'économiste qu'il est de réfléchir avec de moins en moins d'entraves religieuses sur les réalités du monde, de forger des outils de connaissance qui remplacent les Livres Saints, afin tout simplement d'agir beaucoup moins et plus efficacement que par la passé. Son oeuvre constitue bien une sorte de point d'inflexion du spiritualisme vers le matérialisme, même s'il ne peut pas être considéré comme un matérialiste (ce dont il s'en défendrait d'ailleurs...), de même qu'une sorte de point d'inflexion, avec celle de HOBBES, sur la nature du pouvoir. Cette "nouvelle voie des idées" bouleverse les perspectives dans bien des domaines et les auteurs suivants qui lisent les livres de John LOCKE, disent souvent avoir renoncé à croire en Dieu, alors même que ceux-ci se gardent d'attaquer frontalement l'idée de Dieu et les pouvoirs religieux. C'est notamment par des opérations de restrictions dans les sphères des activités humaines de l'intervention divine - même si l'origine religieuse du monde n'est pas déniée - que glisse la pensée. Dans ce XVIIe siècle européen, il s'agit bien d'un tournant dans l'histoire des idées que nous ne retrouvons pas dans d'autres cultures, mêmes marquées comme elle par le même monothéisme.

 

    Chacun, dans une Histoire du Matérialisme, Friedrich-Albert LANGE (1877), puis Pascal CHARBONNAT (2007) situent bien l'oeuvre de John LOCKE à ce "point d'inflexion" vers le matérialisme. 

   Sur LOCKE, le premier, Friedrich-Albert LANGE,  écrit : "John Locke, né en 1632, chef des sensualistes anglais, intéresse sous plus d'un rapport l'histoire du matérialisme. Placé par son âge entre Boyle et Newton, il ne fit preuve de sa plus grande activité qu'après que Newton eut terminé ses travaux les plus importants ; et les événements qui amenèrent et accompagnèrent la révolution de 1688 eurent une grande influence sur sa carrière littéraire. Pour Locke comme pour Hobbes, des relations avec une des premières familles de l'Angleterre décidèrent de son avenir. De même que Hobbes, il étudia la philosophie à l'université d'Oxford ; mais il conçut pendant ses études un sentiment de dédain pour la scolastique, lequel se manifesta plus tardivement chez Hobbes. Descartes, qu'il apprit alors à connaitre, exerça sur lui une certaine influence ; mais bientôt il s'adonna à la médecine, et peu après il entra en qualité de conseiller médical dans la maison de lord Ashley, qui fut plus tard le comte de Shaftesbury. Il comprenait la médecine comme le célèbre Sydenham, qui travaillait alors à la réforme de l'art médical dégénéré en Angleterre (...). Ici, déjà, il se montre comme un homme de bon sens, également éloigné de la superstition et de la métaphysique. Il cultivait aussi avec ardeur les sciences physiques. Ainsi, nous trouvons dans les oeuvres de Boyle un journal tenu longtemps par Locke et renfermant des observations faites sur l'air (...). Mais lord Ashley tourna l'attention de Locke vers les questions politiques et religieuses, que ce philosophe étudia à partir de ce moment-là avec autant de zèle que de constante. (...)". Confronté aux questions concrètes de son temps dans les sphères du pouvoir, d'ailleurs entrainé pendant toute sa carrière dans les vicissitudes politiques, John LOCKE s'occupent très vite de la solution de questions abstraites. "Il commence dès l'année 1670 son célèbre ouvrage sur l'entendement humain, dont l'entière publication n'eut lieu que vingt ans plus tard. (...). "Nous avons encore aujourd'hui, écrit-il, en Allemagne de prétendus philosophes qui, avec une sorte de lourdeur métaphysique, écrivent de longues dissertations sur la formation de l'idée et se vantent même d'avoir fait des observations exactes, au moyen du sens intime, oubliant que, peut-être, dans leur propre maison il y a des chambres d'enfants où ils pourraient suivre, avec leurs yeux et leurs oreilles, les détails de cette même formation. L'Angleterre ne produit pas semblable ivraie. Dans sa lutte contre les idées innées, Locke fait appel à ce qui se passe chez les enfants et les idiots. Les ignorants n'ont aucun pressentiment de nos idées abstraites, et l'on ose prétendre qu'elles sont innées! Objecter que les idées innées sont dans notre esprit mais à notre insu, constitue, selon Locke, une absurdité. On sait en effet précisément ce qui se trouve dans l'esprit. On ne peut dire d'ailleurs que nous ayons conscience des idées générales dès que nous commençons à faire usage de notre intelligence. Bien au contraire, nous commençons par nous approprier les idées particulières. Longtemps, avant de comprendre l'idée logique de contradiction, l'enfant sait que ce qui est doux n'est pas amer.

Locke montre que le développement de l'intelligence suit une voie tout opposée. Notre esprit ne renferme pas tout d'abord quelques idées générales que l'expérience complète plus tard par des éléments spéciaux ; c'est au contraire l'expérience, l'expérience sensible, qui est la source première de nos connaissances. En premier lieu, les sens nous donnent certaines idées simples, terme général chez Locke et répondant en quelque sorte à ce que les herbatiens appellent "représentations". Ces idées simples sont les couleurs, les sons, la résistance qu'éprouve le tact, les représentations d'espace et de mouvement. Quand les sens ont fourni un certain nombre de pareilles idées simples, alors se produit la combinaison des pensées homogènes qui donne, à son tour, naissance aux idées abstraites. A la sensation se joint la perception intérieure, ou réflexion, et ce sont là les "seules fenêtres" par lesquelles la lumière pénètre dans l'esprit obscur et encore inculte. Les idées de substances, de propriétés variables et de relations sont des idées composées. Au fond, nous ne connaissons des substances que leurs attributs, lesquels résultent des simples impressions produites sur les sens par les sons, les couleurs, etc. C'est seulement parce que ces attributs se montrent souvent dans un certain rapport que nous parvenons à former en nous l'idée d'une substance servant de base à ces phénomènes variables. Même les sentiments et les affections naissent de la répétition et de la combinaison variée des sensations simples communiquées par les sens."  Notons que dans nombreux de ses développements, John LOCKE ne mentionnent des interventions divines et ne donne pas de place, contrairement à de nombreux de ses contemporains, à Dieu. "Les vieilles propositions aristotéliques, ou soit-disant aristotéliques, d'après lesquelles l'âme commence par être "une table rase", et d'après lesquelles il ne peut y avoir dans l'esprit rien qui n'ait d'abord été dans les sens, obtinrent l'importance qu'on leur reconnait aujourd'hui, et sous ce rapport, on peut rattacher ces propositions au nom de Locke. 

L'esprit humain, qui se comporte comme un récipient (c'est cet auteur qui résume, et là cela mérite nuance...) relativement aux impressions des sens et à la formation des idées composées, fixe ensuite par des mots des idées abstraites qu'il vient d'acquérir, et il rattache arbitrairement ces mots à des pensées ; mais c'est alors qu'il entre dans une voie où cesse la certitude de l'expérience naturelle. Plus l'homme s'éloigne du sensible, plus il est sujet à l'erreur, qui se propage surtout par le langage. dès que l'on a pris les mots pour des images adéquates aux choses ou qu'on les a confondus avec des êtres réels et visibles tandis que ce ne sont que des signes arbitraires dont il faut user avec précaution à propos de certaines idées, on ouvre le champ à d'innombrables erreurs. Aussi la critique de la raison chez Locke se change en une critique du langage ; et grâce à ses idées fondamentales, cette critique acquiert une plus haute importance que n'importe quelle au partie de son système. En réalité, Locke a frayé la voie à l'importante distinction entre l'élément purement logique et l'élément psychologique-historique du langage ; mais à part les ébauches des linguistes, on n'a encore guère avancé dans cette direction (l'auteur parle en 1877). Et cependant, la plupart des arguments employés dans les sciences philosophiques pèchent grièvement contre la logique parce que l'on confond sans cesse le mot et l'idée. L'ancienne opinion matérialiste sur la valeur purement conventionnelle des mots se change donc, chez Locke, en une tentative de rendre les mots purement conventionnels, parce qu'ils n'ont un sens précis que grâce à cette restriction.

Dans le dernier livre, Locke étudie l'essence de la vérité et de notre intellect. Nous exprimons une vérité lorsque nous associons comme il convient les signes, c'est-à-dire les mots qui constituent un jugement. La vérité que nous traduisons ainsi par de simple paroles peut d'ailleurs n'être qu'une chimère. Le syllogisme a peu d'utilité, car notre pensée s'applique toujours, médiatement ou immédiatement, à un cas particulier. La "révélation" ne peut pas nous donner d'idées simples ; elle ne peut par conséquent étendre réellement le cercle de nos connaissances. La foi et la pensée sont dans des rapports tels que cette dernière peut seule décider en dernier ressort, autant que le permet sa portée. Locke finit cependant par admettre différentes choses qui sont au-dessus de notre intelligence et appartiennent dès lors au domaine de la foi. Quant à la conviction enthousiaste, elle n'est pas une marque de la vérité ; il faut que la raison juge la révélation elle-même, et le fanatisme ne prouve pas l'origine divine d'une doctrine.

Locke exerça en outre une grande influence par la publication de ses Lettres sur la Tolérance (1685-1692), Pensées sur l'Éducation (1693), Dissertations sur le Gouvernement (1689) et le Christianisme rationnel (1695). Mais tous ces écrits ne rendent pas dans l'histoire du matérialisme. Le regard perçant de Locke avait trouvé le point précis où se trahissait la pourriture des institutions transmises par le Moyen-Âge : le mélange de la politique et de la religion, et l'emploi du bras séculier pour le maintien ou la suppression des opinions et des théories. Il est facile de comprendre que si Locke eût atteint le but qu'il se proposait - séparation de l'Église et de l'État, et établissement d'une tolérance universelle pour les manifestations de la pensée - la condition du matérialisme aurait certainement changé. La dissimulation des opinions personnelles, qui se prolongea bien avant dans le XVIIIe siècle, devait disparaitre peu à peu. C'est le voile du simple anonymat qui fut conservé le plus longtemps ; mais lui aussi disparut à son tour lorsque d'abord le Pays-Bas, puis les États du Grand Frédéric offrirent un asile sûr aux libres penseurs, et finalement lorsque la Révolution française donna le coup de grâce à l'ancien système."

 

   Le second, Pascal CHARBONNAT, restitue aussi l'importance de l'oeuvre de LOCKE dans l'histoire des idées matérialistes : il "réalise une synthèse de l'empirisme philosophique. Il donne sa forme achevée à l'empirisme, né du naturalisme philosophique, en cherchant la source véritable de la faculté de connaitre. Les frontières de la raison naturelle sont clairement tracées ; expérience et création se font face, étrangères, mais respectueuses l'une de l'autre." Dans une oeuvre de jeunesse, Essai sur la loi de nature (1664), il affirme déjà les principes qu'il développe par la suite. "En créant le monde, la divinité lui a donné une loi qui lui est propre, "la loi de nature" qui peut être comprise pour elle-même, à partir des sens et de l'expérience. Cette coexistence entre création et expérience a une double signification. D'une part, nature et divinité sont deux entités que la raison humaine doit traiter indépendamment. D'autre part, cette même raison ne doit pas perdre de vue que la nature tire son existence du divin. Ces deux thèses complémentaires constituent l'essence de l'empirisme naturaliste. Ce double présupposé sous-tend la démarche de l'Essai sur l'entendement humain. Locke a pour objectif de découvrir la source et les limites de la connaissance humaine. Il adopte une méthode identique à sa thèse principale : l'expérience fournit à la raison son seul et véritable matériau pour connaitre le monde ; la démonstration de cette idée doit s'appuyer sur des arguments tirés de l'expérience. Le fond et la démarche de cette oeuvre monumentale se réfléchissent ; en quelque sorte, ils s'auto-valident l'un l'autre. Ce jeu de miroir repose sur une conception de la nature autonome, dont la loi est accessible naturellement, en dehors de son tribut originel du divin."

 

    Se guidant de l'ouvrage de Marc PARMENTIER (Introduction à l'Essai concernant l'entendement humain de Locke, PUF, 1999), Geneviève BRYKMAN introduit l'Essai..., étudié pour lui-même, par des lignes directrices :

- elle dégage en quoi Locke était perçu comme le promoteur de la nouvelle voie des idées, que ses premiers lecteurs tenaient pour être une "voie cartésienne", en dépit de la critique de l'innéisme qui pouvait mettre l'Essai aux antipodes de la philosophie de DESCARTES ;

- elle établit que, s'opposant aux métaphysiques antérieures et en prédécesseur de KANT, LOCKE fait de la philosophie une entreprise principalement critique, aux antipodes d'un certain commentaire philosophique de textes religieux, tout de même après tout l'entreprise intellectuelle la plus courante jusqu'au XVIe siècle. Le philosophe anglais s'attache à défaire les préjugés contenus dans l'impensé du langage afin de mettre en évidence, chez les philosophes, un désir incontrôlé de dire plus qu'ils ne savent, sans égard à leurs capacités réelles de connaitre.

    Jean-Pierre CLÉRO, de son côté, s'attache à faire ressortir que même dans ses textes religieux, John LOCKE met en avant et une tolérance comme notion morale fondamentale et une dynamique de la vérité la plus directement rattachée aux expériences et à la sensibilité humaines. On a pu lire LOCKE comme un chrétien sincère ou comme un athée crypté, mais l'essentiel demeure bien dans sa participation à cette inflexion de la pensée occidentale vers un matérialisme.

 

    Pour situer l'ensemble de l'oeuvre de John LOCKE, Sylvain AUROUX indique que "c'est (lui), dans le célèbre Essay concerning Human Understanding (1690), qui a fondé ce courant de pensée qui sera largement dominant parmi les Lumières anglaises et françaises". Soit le vaste courant philosophique appelé empirisme (en dehors de toute connotation ambigüe qui voudrait le rapprocher de l'observation tout azimut sans attache théorie certaine), qui a sa source chez BACON (1561-1626), dans son Novum Organum (1620) et son éloge de l'induction, et plus généralement, dans l'opposition au cartésianisme d'auteurs anglais (qui n'est pas réellement celui de DESCARTES...) comme hobbes (1588-1679) ou français comme GASSENDI (1592-1655)...

  L'empirisme "se caractérise par le refus des idées innées et l'affirmation du primat de l'expérience dans la méthode scientifique. Pourtant, il faudra attendre la première critique (1781) de Kant (1724-1804), dans ses remarques sur les antinomies, pour que le terme empirismus finisse par désigner explicitement un type de doctrine philosophique (l'Encyclopédie (de DIDEROT et d'ALEMBERT) ne retient que le sens antique : "médecine-pratique uniquement fondée sur l'expérience"). C'est de son opposition aux grands systèmes métaphysiques post-cartésiens (Malbranche, Spinoza et Leibniz) et, plus généralement de ce qui est identifié très tôt comme philosophie rationnelle, plus encore que de références à des auteurs de l'Antiquité développant des thèmes analogues (Aristote, Épicure et Lucrèce), qu'il tire initialement sa consistance. Pour la philosophie rationnelle, empirique, qui est un adjectif, sert à qualifier une forme inférienre de connaissance ou une forme d'activité non réflexive. C Wolf (1679-1754), le disciple de Leibniz qui popularisa la rationnalisme dogmatique, dans sa Philosophia rationnalis sive logica (1728), oppose la cognito historica à la cognita philosophica qui est la connaissance par raison. Cette dichotomie se retrouve aussi bien dans le Neue Organon (1764) de J H Lambert (1728-1777) que dans la Logique (1800) de Kant. Historica est synonyme de empirica. Wolf oppose aussi sa Psychologica empirica (1732), science qui établit par l'expérience les principes rendant compte de ce qui se passe dans l'âme humaine, à sa Psychologica rationalis (1734), science qui établit tous les possibles découlant de la notion de l'âme humaine. En fait, il s'agit, dans cette dernière, de l'explication des éléments décrits dans la psychologie empirique. le développement de l'empirisme passe par la critique de la prétention de la raison à aller au-delà de l'expérience : c'est ce qu'en retiendra Kant, même si en baptisant la doctrine, il entend la dépasser par l'idéalisme transcendantal."

 

    Enfin, dans l'oeuvre de John LOCKE, il est difficile de dissocier sa défense de la tolérance d'un certain matérialisme de son opposition de classe aux prétentions royales et religieuses. Prenant beaucoup ses éléments dans le milieu intellectuel des Provinces Unies libérées du despotisme, les Deux Traités sur le gouvernement peuvent être considérés comme des moments essentiels de la préparation et de la consécration idéologique de la Glorieuse Révolution anglaise, comme l'écrit Domenico LUSORDO. "Il s'agit de textes traversés en profondeur par le pathos de la liberté, par la condamnation du pouvoir absolu, par l'appel à l'insurrection contre ces méchants qui voudraient priver l'homme de sa liberté et le réduire en esclavage. Mais, de temps en temps, dans cet hymne à la liberté, on trouve des passages effrayants, dans lesquels rôde la légitimation de l'esclavage dans les colonies." Actionnaire de la Royal African Company, John LOCKE s'intéresse à la traite des esclaves, mais aussi en tant que secrétaire (1673-1674) du Council of Trade and Plantations, à l'avancée expansionniste des colonies blanches. "De façon répétée, le Second Traité fait référence au "Sauvage des Indes" qui rôde, "insolent et nuisible", dans les "bois sauvages et les déserts en friche de l'Amérique". Ignorant le travail, qui seul donne droit à la propriété, et occupant une terre non rentable "faute de tout travail de mise en valeur", l'Indien habite des "territoires vacants et sans maitre", in vacuis locis. En plus du travail et de la propriété privée, les indiens ignorent aussi l'argent. Ainsi, non seulement ils sont étrangers à la civilisation, mais ils "ne se sont pas non plus joints au reste de l'humanité". Les hommes ne sont pas les seuls à condamner leur comportements ; il va sans dire que "Dieu (leur) command(e) de travailler" et d'accéder à la propriété privée, qu'il ne peut accepter que le monde qu'il a créé reste "toujours indivis et inculte". Même dans L'essai sur la tolérance, de nombreux peuples sont exclus du bénéfice du nouveau courant des idées libérales, des Indiens aux papistes, des catholiques anglais aux catholiques irlandais, comme les populations de "brigands"... L'auteur met bien en évidence la nature du libéralisme lockien, comme d'ailleurs du libéralisme en Europe et aux Amériques de cette période, la naissance à la fois de ce libéralisme et de l'esclavage racial. Une lecture attentive des textes, non expurgées d'éléments qui n'entrent pas dans la glorification actuelle du libéralisme, indique que John LOCKE s'adresse bien toujours, que ce soit en théorie ou en pratique, aux autres propriétaires (de terres et d'esclaves), qui comme lui allient tolérance (bien ordonnée), défense contre l'absolutisme (religieux et royal), souvent en opposition avec les intérêts du commerce et de la libre disposition des esclaves. Rien bien entendu n'empêche ensuite d'autres théoriciens et d'autres praticiens, comme ils l'ont largement faits alors, de reprendre à leur compte les mêmes principes libéraux pour le compte de catégories bien plus larges de population, accélérant ainsi l'évolution vers la sécularisation et le matérialisme...

 

Domenico LUSORDO, Contre-histoire du libéralisme, La Découverte, 2013. Sylvain AUROUX, article sur l'empirisme, dans Dictionnaire européen des Lumières, PUF, 2010. Jean-Pierre CLÉRO, Locke, Ellipses, 2004. Geneviève BRYKMAN, Locke, Idées, langage et connaissance, Ellipses, 2001. Friedrich-Albert LANGE, Histoire du Matérialisme et Critique de son importance à notre époque, (1877) Coda 2004. Pascal CHARBONNAT, Histoire des philosophies matérialistes, Syllepse, 2007.

 

Cet article complète celui portant sur LOCKE.

 

PHILIUS

Relu le 14 novembre 2021

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