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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 11:57

    L'éventail relativement vaste des revues traitant de l'écologie, que ce soit en France ou ailleurs, contraste avec leur diffusion parfois proche de la confidentialité, comme si chaque revue avait son propre volant de lectorat, suivant sa sensibilité politique ou ses préoccupations professionnelles. Aux côtés de multiples titres, parfois très spécialisés, parfois généraliste possédant déjà une longévité importante, qui se centrent sur des aspects scientifiques - titres dont l'audience s'accroît à mesure de l'expansion des activités liées à la sauvegarde de l'environnement, figurent une quantité non moins importante de titres qui abordent à la fois les problèmes économiques, sociaux, politiques liés à une vision englobante de l'écologie. 

 

     Pour n'en rester qu'à l'espace francophone, des maisons d'éditions comme les Éditions Masson, avec leur collection d'écologie des années 1970 aux années 1990, diffusent des données sur l'environnement qui font référence. Parfois réédités en anglais, ces volumes abordent tous les aspects qui ont révolutionné l'approche de l'environnement. On note par exemple dans le Volume de 1979, réédité et renouvelé en 1996, l'Introduction à la théorie écologique de Veira da Silva ou dans le volume 21 de 1990, 1993, les écrits de S. Frontier et Pichod-Viale (Écosystèmes : structure, fonctionnement, évolution).

 

       Deux revues diffusées par l'intermédiaire entre autres du site Internet revues.org, Géocarrefour et Développement durable et territoires mettent à disposition des articles de qualité sur les nouvelles approches de l'environnement.

La première, fondée en 1926 (anciennement Études rhodaniennes, puis Revue de Géographie de Lyon), publiée par l'Association des amis de la Revue de Géographie de Lyon, représentative de la géographie régionale française, s'ouvre aux travaux des disciplines proches, aménagement et urbanisme, sciences sociales et sciences de l'environnement. La seconde, revue qui développe une approche interdisciplinaire (économie, science politique, géographie, droit, sociologie, ethnologie) du développement durable à l'échelle du territoire, est une émanation du Réseau développement durable et territoires fragiles, qui réunit une vingtaine de chercheurs des Universités et laboratoires de recherche de la région Nord-Pas-de Calais. Ses dossiers abordent abondamment par exemple Identités, patrimoines collectifs et développement soutenables (dossier 12) ou Les territoires de l'eau (dossier 6) ou encore Gouvernance locale et Développement Durable (dossier 2).

 

     Depuis quelques années, la réflexion écologique refleuri et, si elle ne connaît ni gros tirage ni forte visibilité - les milieux dits intellectuels n'ayant pas encore pris la mesure des enjeux, surtout en France - elle manifeste une vitalité certaine. Aucune revue n'émerge réellement comme le donneur de ton du débat écologique (Hervé KEMPF, article paru dans Le monde du 11 Août 2010). On peut citer parmi les revues qui composent le paysage de la presse écologique, Silence, la Revue critique de l'écologie politique, L'écologiste, La revue Durable, Entropia et Écologie et Politique.

    Silence, lancée en 1982, a toujours assuré une parution mensuelle marquée par un dossier thématique complété d'une multitude de petites informations, témoins d'une mobilisation écologique multiforme. Cette revue a bien souvent été la première à repérer des thèmes émergents dans la communauté écologiste radicale avant de connaître une assez large fortune politique. C'est elle qui a lancé la thématique de la décroissance, en février 2002, reprise avec succès ensuite par le journal La décroissance, lancé en 2004. Silence diffuse à près de 5 000 exemplaires, surtout par abonnement. Silence se veut toujours un lien entre "toutes celles et ceux qui pensent qu'aujourd'hui il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité." Avec à son actif plus de 370 numéros parus, elle ne cesse de faire des propositions alternatives. refusant l'hypocrisie d'une prétention à l'objectivité, elle se positionne pour une écologie radicale et sociale, les questions sociale et écologique étant pour elle intimement liées. Proche des milieux non-violents, son contenu reste toujours aussi appréciés par les acteurs d'un changement écologique.

    Issue de militants des Verts, Ecorev publie son premier numéro en janvier 2000, sous le parrainage d'André GORZ, après un numéro zéro consacré à "Survivre au capitalisme". Elle est née, selon Jérôme GLEIZES, un de ses animateurs, d'un "refus de l'écologie d'accompagnement", incarnée par Dominique Voynet, lors de son passage dans le gouvernement de Lionel Jospin. "Nous allons des écologistes de gauche à des décroissants qui ne veulent pas se positionner à gauche". La Revue trimestrielle, Revue critique d'écologie politique, animée par des normaliens et des universitaires, recherche une bonne lisibilité, par des articles concis, sans appareil lourd de notes et souvent illustrés. Cette volonté pédagogique fait d'Ecorev l'explorateur de thématiques transversales (le corps, la démocratie, la science, l'histoire de l'écologie, la mondialisation, la décroissance...). Son choix rédactionnel lui fait délaisser les interrogations de l'actualité politique et économique pour des réflexions plus axées sur le moyen et le long terme. Avec une diffusion modeste (500 exemplaires), elle se veut en prise avec précisément cette réflexion longue d'acteurs sur le terrain. 

   Né également en 2000, L'Écologiste est la version française du mensuel The Ecologist, fondé par Teddy GOLDSMITH en 1970. Ce trimestriel prend la forme d'un dossier (d'une trentaine de pages) écrit par des auteurs souvent scientifiques, et intégrant nombre d'articles traduits de l'anglais. Animé par Thierry JACCAUD, L'Écologiste a pris son autonomie par rapport à son parrain britannique, tout en restant sur la ligne d'une écologie naturaliste, portant une grande attention aux questions de biodiversité, de forêts, d'agriculture, de santé ou de pesticides. Diffusant à plusieurs milliers d'exemplaires, la revue se présente sous une couverture agréable et aborde aussi bien le récent scandale des gaz de schiste que la tradition d'agriculture biologique (jardin, cuisine...).

   Fondée en 2012 à Genève, par Susana JOURDAN et Jacques MIRENOWICZ, La revue Durable, avec cinq numéros par an, sous une forme magazine assez comparable à L'Écologiste, a progressivement gagné en visibilité en adoptant un angle axé sur la question de l'intégration des pratiques écologiques dans les sociétés modernes. S'intéressant davantage à l'économie qu'à la nature, La Revue Durable cherche un équilibre entre le pragmatisme du "développement durable", honni par nombre d'écologistes comme un faux nez du capitalisme, et la radicalité des choix qu'impose la crise écologique. On peut regretter que la dimension conflictuelle des choix sociaux soit souvent évacuée dans le traitement des questions traitées, sous forme de dossiers d'une quarantaine de pages, pourtant vastes, comme la maîtrise de l'énergie, les économies d'énergie, les énergies renouvelables, le réchauffement du climat, les changements climatiques, la préservation des sols, la biodiversité des forêts, l'architecture et l'urbanisme durables, l'aménagement de l'espace public en faveur d'une mobilité douce et des transports publics, la maîtrise des déchets, l'empreinte écologique, la décroissance des flux de matières...

    Entropia, née en novembre 2006, avec un premier numéro consacré à "Décroissance et politique", lancée par Jean-Claude BESSON-GIRARD, Serge LATOUCHE, Alain GRAS, Agnès SINAÏ et d'autres, veut être une Revue d'étude théorique et politique de la décroissance. Éditée par les Éditions Parangon, bi-annuel, Entropia s'interroge par exemple sur "Crise éthique, éthique de crise?", "L'effondrement : et après?" ou "Territoires de la décroissance, avec des signatures qui se situent hors du champ de l'écologie, comme Zygmunt BAUMAN ou Hervé Le BRAS. Son numéro 10 de mai 2011 porte sur "Aux source de la décroissance", sur un ton critique sur la science aux origine de l'écologie.

     A l'inverse de L'écologiste, la revue Écologie et Politique dirigée par Jean-Paul DELÉAGE, aborde les questions écologique sans éviter leurs aspects conflictuels. A périodicité bi-annuelle, elle parait depuis 1992, dans une perspective proche du marxisme, avec des dossiers particulièrement étoffés (150 pages par numéro). Pour reprendre la présentation de la revue, "l'évolution des sociétés humaines met aujourd'hui en jeu les dynamiques fondamentales de la biosphère et la survie de la planète et de ses habitants. Aucun des rapports humains - oppositions sociales et de classes, domination de la femme, modes de production et de consommation, formes de domination politiques, représentations du travail - n'échappe désormais à ce dilemme fondamental de notre temps : l'immense progrès mis en route par la civilisation industrielle est aussi à l'origine de destructions irréparables pour notre Terre et pour la majorité de ses habitants. La revue Écologie et Politique se veut un forum pour défendre et promouvoir les projets d'alternatives socio-politiques fondées sur l'appartenance des humains à la nature et non sur leur opposition. Elle se propose de débattre librement des valeurs de l'écologie et du socialisme, du pacifisme, de l'antiracisme, de la citoyenneté intégrale pour toutes et tous ; valeurs qu'ont inventées et qu'inventent les mouvements sociaux et politiques, qui n'ont jamais été aussi riches qu'à l'aube du XXIe siècle." Publiée par les Éditions Syllepse, Écologie et Politique structure chacun de ses numéros autour d'un dossier thématique, des articles libres et des documents historiques comme des comptes rendus d'actualité. Son comité de rédaction veille au traitement international des questions abordées. 

 

ENTROPIA, 52 Grand rue, 84340 MALAUCÈNE. LA REVUE DURABLE, Cérin SARL, Rue de Lausanne 23, 1700 FRIBOURG, SUISSE. L'ÉCOLOGISTE, disponible en kiosque. ECOREV', http://ecorev.org. SILENCE, 9 rue Dumenge, 69317 LYON. DÉVELOPPEMENT DURABLE ET TERRITOIRES, Centre Lillois d'Études et de Recherches Sociologiques et Économiques, Université de Lille, 59655 VILLENEUVE D'ASCQ. GÉOCARREFOUR, 18, rue Chevreul, 69007 LYON. WWW.REVUES.ORG.  ÉCOLOGIE ET POLITIQUE, 17 Boulevard du Maréchal Foch, 45240 LA FERTÉ SAINT-AUBIN.

 

Relu le 30 août 2020

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