Si la stratégie, selon l'expression du général BEAUFRE, est la dialectique des intelligences (introduction à la stratégie, Economica, 1985), le renseignement, en anglais intelligence, en constitue une facette primordiale. Sans connaissance des intentions et de la stratégie, voire de la tactique de l'ennemi, aucune guerre, aucune bataille ne peut être gagnée. C'est en tout cas ce que disent et écrivent de nombreux stratèges et stratégistes. L'ouvrage de MACHIAVEL, L'art de la guerre (1521), et surtout, du même auteur, Les discours de la première décade de Tite-Live, à l'influence durable, donnent des indications très suivies sur le renseignement.
Le renseignement est aussi utile dans la "grande" guerre que dans les "petites guerres" qui peuvent elles aussi entrer dans une grande stratégie. Comme celle de l'empereur byzantin Nicéphore PHOCAS au Xe siècle. Il consacre toute un traité à la guérilla : face aux fréquentes incursions des Barbares, il prône une défense mobile fondée sur la combinaison d'un réseau de renseignement et d'observation, de milices qui ralentirent les assaillants et de cavalerie qui les harcèlera au retour lorsqu'ils seront ralentis par leur butin. (Gilbert DRAGON et Haralambie MIHAESCU, le Traité sur la guérilla de l'empereur Nicéphore Phocas, Editions du CNRS, 1986).
Le réseau de renseignement est indispensable pour savoir où et quand l'intervention des milices et de la cavalerie sont les plus efficaces. De même, le renseignement a joué un grand rôle dans les luttes opposant chrétiens et musulmans , grâce à la coopération de coreligionnaires.
Réalités des capacités, intentions de l'adversaire...
J ALLEMAND expose que "le renseignement à rechercher porte sur les réalités existantes et aussi sur les intentions du "parti en face" et peut s'appliquer à différents domaines d'ordre militaire ou civil.
Il doit être transmis à l'organe de décision, puis par ce dernier pour exploitation aux sections de synthèse et quelquefois après filtrage par celles-ci aux services spéciaux chargés de l'action, de la répression ou de la contre-information, ainsi qu'aux autres organismes susceptibles de lui donner la suite qu'il comporte; L'exploitation étant toujours déterminée par une décision du gouvernement ou du commandement, c'est ce gouvernement ou ce commandement qui oriente la contre-information ou l'"intoxication" attribuée pour exécution au contre-espionnage dans sa partie offensive. Le contre-espionnage chargé de déterminer les organes adverses de recherche du renseignement est de la sorte le mieux placé grâce à ses agents doubles, pour les appâter en leur faisant d'abord parvenir des renseignements exacts mais sans importance (...), et ensuite des renseignements plus ou moins faux de nature à modifier les intentions et les actions de l'adversaire dans le sens désiré. Bien entendu ce contre-espionnage offensif peut voir cette intoxication matérialisée par toute manifestation réelle la rendant plausible. D'autre part le contre-espionnage dans sa branche défensive peut neutraliser l'action des services ennemis en déclenchant la police de contre-espionnage (...), mais en faisant attention de ne pas "griller" ses sources et en rendant la contre-offensive vraisemblable.
L'activité de ces services n'étant pas limitée à la recherche et au recueil du renseignement, les expressions "services secrets" ou "services spéciaux" paraissent préférables à celle de "services de renseignements", notamment à cause de leurs méthodes, procédés et moyens d'action qui sont clandestins, voire à la limite de la légalité. Cependant leurs missions gravitent autour du renseignement dans sa recherche, son recueil, sa protection, sa transmission et au moins en partie dans son exploitation."
Le renseignement indispensable à l'organisation des forces
Le renseignement est de manière générale indispensable (mais pas unique) dans le choix de la direction décisive à donner à l'emploi des forces sur le terrain, comme d'ailleurs à leur pré-positionnement. Comme l'écrit Hervé COUTEAU-BÉGARIE, cette direction "n'est jamais une chose aisée. Il y a d'abord l'incertitude sur les dispositions de l'ennemi, si caractéristique de la plupart des situations mais particulièrement affirmée, jusqu'à l'époque contemporaine, dans le domaine naval : l'amiral Marquis (La stratégie maritime, 1936) notait que faute de connaitre précisément la localisation de l'objectif (la flotte ennemie), le plan devait se borner, le plus souvent, à indiquer une direction générale de manoeuvre.
On peut certes la réduire par le renseignement, mais même la maitrise de l'information avec les moyens modernes ne permet pas de la faire disparaitre totalement. Il y a ensuite les contraintes géographiques qui peuvent contre-balancer les buts politiques ou stratégiques. "Si en bonne logique, le choix de l'objectif doit précéder et par conséquent dicter celui de la direction, en fait ce sont parfois les facilités procurées par telle direction qui commandent tel objectif", écrit le colonel DUFFOUR dans Les éléments essentiels de la conduite supérieure des opérations (le problème de la Réunion des forces ou de la Concentration, Centre des Hautes Études Militaires, 1923). Presque tout est là : la connaissance de la géographie, l'objectif politique, la direction militaire permettant de l'atteindre, l'information sur les possibilités et les contraintes et sur les réflexions sur les mêmes problématiques de l'adversaire... Car, il est tout à fait possible de mener l'adversaire sur une pente de "facilité" quand on connait bien la géographie et ses intentions... Et c'est la force de la direction des opérations que de ne pas se laisser aller à cette facilité, tout en capitalisant les faiblesses découvertes chez l'ennemi... Au sein même des états-majors, des divergences existent toujours pour la conduite des opérations : quel atout qu'est de les connaitre, quel atout qu'est de pouvoir les influencer!
La prise en compte de tous (ces) paramètres (enjeu, moyens, risques et circonstance en vue de la décision stratégique), poursuit Hervé COUTEAU-BÉGARIE, bien plus loin dans son exposé sur la stratégie (la stratégie en tant que méthode), ne permettra jamais d'éliminer toutes les hypothèses pour n'en retenir qu'une. La caractéristique majeure de la stratégie (...) est son caractère probabiliste. Au-delà de toutes les variables que l'on peut théoriquement évaluer de manière objective (l'enjeu, les moyens, le terrain...) il demeure une part irréductible qui ne peut relever que d'une appréciation subjective : celle qui tient au comportement de l'ennemi. Celui-ci est toujours imprévisible. Comme le disait Napoléon à Jomini (Guerre d'Espagne, Extrait des souvenirs du général Jomini, Baudoin, 1892) : "Voilà la manie de Messieurs les tacticiens : ils supposent toujours que l'ennemi fera ce qu'il devrait faire! Mais, s'il en était ainsi, on n'oserait pas se coucher à la guerre, puisque se serait le moment le plus opportun pour l'ennemi d'attaquer une armée". Ledit ennemi va prendre ses précautions pour assurer le secret de sa manoeuvre et bénéficier de la surprise. Comme prévoir et devancer ce qu'il va faire?
La meilleure solution est évidemment de bénéficier d'un service de renseignement efficace. (...). Le métier d'espion a souvent été entouré d'une grande suspicion, voire de mépris, et de droit de la guerre punit de mort l'espionnage. Pourtant les plus grands capitaines ont toujours été convaincus de sa nécessité. (...). Napoléon a accordé beaucoup d'importance au renseignement et son maitre-espion Francesco Toli, qui a joué un rôle capital dans les campagnes de 1796 à 1800, est l'un de ces inconnus qui ont pesé sur le cours de l'histoire. Durant les deux guerres mondiales, l'espionnage a été plus actif que jamais (notre auteur signale une littérature autant surabondante que sujette à caution... ). (...).
L'exploitation souvent hasardeuse du renseignement...
Malgré sa nécessité, qui n'est discutée par personne, le renseignement n'a pas toujours reçu la place qu'il méritait dans la pensée stratégique. Il faut incriminer une focalisation excessive sur la conduite des opérations qui empêchait de prendre en compte les aspects préparatoires ou collatéraux comme le renseignement ou la logistique. Cette carence est particulièrement manifeste en France où les plus grands auteurs, comme Foch ou Castex, ne consacrent aucun développement substantiel au renseignement., qui est généralement limité à la seule reconnaissance tactique et opérationnelle. (Ce que l'auteur développe dans Le renseignement dans la pensée militaire française, dans Stratégique, n°73, 1999). L'un des très rares auteurs à lui accorder toute sa place est le colonel Lewal, qui a dirigé le Bureau de renseignement et de la statistique après 1870 (Études de guerre : Tactique de renseignements, Librairie militaire Dumaine, 1881).". Mais le problème n'est pas particulier à la France, signale t-il, comme le montre Douglas PORCH, dans son livre The March to the Marne, pour la seconde guerre mondiale.
"Le problème demeure aujourd'hui. Même si leur nécessité n'est plus contestée, les agences et services de renseignement sont souvent vus avec suspicion, on redoute leur erreurs et leur capacité de manipulation (très réelle, comme en témoignent la surestimation des capacités de l'armée allemande en 1935-1938 par le SR français ou les errements de la CIA dans l'évaluation de la menace soviétique - comme le relatent Georges-Henri Soutou, Olivier Forcade, Jacques Frémeaux, dans l'ouvrage qu'ils dirigent : L'Exploitation du renseignement en Europe et aux États-Unis, des années 1930 aux années 1960, ISC-Economica, Hautes Études militaires, 2001). Le résultat est que tant le pouvoir politique que la hiérarchie militaire ont tendance à n'ajouter foi aux informations transmises par leurs services de renseignement que si elles vont dans le sens de leur idée préconçue : comme le général Gamelin ne croyant pas à l'imminence d'une attaque allemande en 1940, Staline refusant de croire à l'invasion allemande ou l'amiral Darlan au débarquement allié en Afrique du Nord, le gouvernement britannique n'a pas ajouté foi, en 1982, aux informations (précises) qui lui annonçaient un coup de force argentin contre les Falkland/Malvinas. On tend à accorder plus d'importance au renseignement électronique (ELINT dans le langage américain), recueilli par les écoutes radio, les avions de reconnaissance ou de guerre électronique, les satellites... Qu'au renseignement humain (HUMINT). Le problème est que le premier, s'il est désormais d'une précision stupéfiante, ne permet pas toujours d'anticiper. En 1990, le renseignement américain n'a pas su prévoir l'occupation du Koweit par l'Irak. Les mouvements de troupes avaient bien été décelés, mais le général Schwartzkopf croyait à une opération limitée à l'occupation des iles de Warba et Bouyanne et des champs pétroliers de Roumeilah (Michael A PALMER, Guardians of the Gulf. A Hisotry of America's Sexpanding Role in the persian Gulf, 1883-1992, New York, Free Press, 1992). Malgré l'amélioration exponentielle des performances de leur réseau satellites, les États-Unis ont été aussi incapables de prévoir les essais nucléaires indiens et pakistanais en 1998 qu'ils avaient été de prévoir les essais soviétique en 1949 et chinois en 1964. Les attentats de septembre 2001 se sont chargés de rappeler que le renseignement humain reste déterminant. Une fois de plus, la technique complète l'intelligence humaine, sans la remplacer." Bien entendu, certainement, des secrets ont été éventés par ces mêmes systèmes techniques, et l'histoire de la seconde guerre mondiale est là, archives à l'appui, pour le démontrer. Toutefois, ces renseignements-là étaient couplés à d'autres sources, humaines. Pour aller dans le sens de Hervé COUTEAU-BÉGARIE, les différentes enquêtes menées par plusieurs commissions parlementaires sur les services de renseignement américains après les attentats de 2001, ont bien indiqué la survalorisation des matériels techniques et la sous-utilisation de réseaux humaines d'espionnage.
Des critiques d'ordre plus économiques pourraient aussi indiquer qu'il est nettement plus rentable financièrement d'installer de très coûteux relais techniques, sur terre, sur mer et dans l'espace, plus profitables pour des entreprises - notamment d'électronique et d'informatique - partie prenant du complexe militaro-industriel et pour leurs relais dans les administrations des forces armées, que de faire appel à de la main-d'oeuvre sur place, souvent moins coûteuse (moins capitalistique...), parfois difficilement maniable (du point de vue de la sécurité, les retournements étant légion) mais parfois bien plus efficace...
Du renseignement tactique
Le renseignement n'est pas seulement important dans le domaine stratégique, mais également au plus près du champ de bataille, dans la manoeuvre. "La manoeuvre a souvent été l'apanage des grands chefs de guerre, car elle suppose une maitrise de la stratégie beaucoup plus grandes que le choc ou le feu. Il faut une grande virtuosité, non seulement dans le maniement des forces, mais aussi dans l'évaluation des vulnérabilités de l'ennemi : le renseignement est une composante essentielle de la manoeuvre. Une fois le plan arrêté, la surprise et la vitesse sont des facteurs essentiels du succès." Il s'agit de ne pas prêter le flanc aux services de renseignement ennemi. Une véritable dialectique de l'espionnage et du contre-espionnage joue un rôle clé dans le succès de la manoeuvre.
Dans le prépositionnement et le déploiement des systèmes d'armes, des systèmes de force, l'information de nos jours a pris une importance plus grande qu'auparavant. "Une armée classique constituait un bloc relativement compact, dans lequel la distinction entre les différentes fonctions était réduite. A l'âge héroïque, la fonction de commandement n'était pas séparée de la fonction combattante, le chef payait souvent de sa personne sur le champ de bataille. La fonction d'information non plus : la cavalerie assurait l'éclairage et la couverture, ce qui ne l'empêchait pas de participer à la bataille. Certes, avec le progrès technique, la différenciation et la spécialisation fonctionnelles se sont accrues, mais jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, toutes les fonctions restaient asservies à la fonction combattante, qui absorbait le gros des effectifs et à laquelle la quasi-totalité des moyens pouvaient venir s'agréger. Aujourd'hui, dans une armée moderne, les effectifs combattants ne représentent qu'une minorité et leur efficacité dépend presque entièrement de ce que leur apportent les éléments d'information, de communication, de décision, de soutien hypertrophiés et qui ne sont plus interchangeables".
Herve COUTEAU-BEGARIE indique la spécialisation des fonction d'information, de communication, de décision, de soutien... Pour ce qui concerne l'information, elle "n"est plus le renseignement de jadis, collecté par des services très restreints (le renseignement n'a jamais été érigé en arme) contrôle par l'institution militaire et destiné à une poignée de décideurs. Recherchée dans tous les domaines, par des agences de plus en plus contrôlées par le pouvoir civil (création du SDECE en 1946, de la CIA en 1947, rôle du KGB en URSS...), avec d'énormes moyens électroniques et humains, elle est distribuée à flot continu, en temps réel et à tous les échelons, pour, à la fois, assurer une connaissance aussi complète qu possible de l'environnement stratégique tout entier et réagir, ou mieux encore anticiper toute situation. (...)".
Le renseignement dans la Révolution des Affaires Militaires
A propos de la Révolution des Affaires Militaires (RMA) entreprise d'abord au sein des forces armées américaines, le stratégiste indique que "la RMA est parfois présentée avec tant d'emphase qu'on pourrait presque croire qu'elle est la plus importante après la révolution induite par l'arme nucléaire. Elle permettrait d'éliminer l'incertitude pour celui qui la maitrise, qui n'aurait plus à se prémunir contre toute éventualité, mais saurait exactement quoi frapper, où, quand, cumulant ainsi toutes les prescriptions des principes de la guerre : concentration, économie des forces, surprise, sûreté, initiative, liberté d'action.. Le manuel d'opération de l'US Army (FM 100-5) est désormais complété par un manuel sur les opérations d'information (FM 100-6) qui va permettre la mise en oeuvre des nouveaux concepts opérationnels : la manoeuvre supérieure fondée sur les capacités en matière d'information et de mobilité qui permettent de concentrer des forces combinée ; l'engagement précis (...) ; la protection intégrale (...) ; la logistique intégrée (...)."
"La recherche du renseignement est une donnée permanente dans l'histoire de la stratégie et le remplacement du mot renseignement par celui d'information, supposé plus englobant, n'est pas, à lui seul, de nature à justifier une telle rhétorique. La guerre de l'information est définie par le Department of Defense comme "l'action entreprise pour obtenir la supériorité de l'information au soutien de la stratégie nationale militaire en affectant l'information et les systèmes d'information d'un ennemi tout en valorisant et protégeant nos propres informations et système d'information" (...) . Peut-on soutenir que cette maitrise de l'information élimine l'incertitude, transformant la guerre en jeu où l'on joue à coup sûr? Le problème est que cette débauche de moyens ne permet tout de même pas d'éliminer le facteur humain et celui-ci reste incapable de tirer un profit maximal constant des instruments qu'il met en oeuvre. La guerre du Golfe et la guerre du Kosovo ont vu des frictions à tous les niveaux, tactique, opératique et stratégique. La technique réduit la friction sans pour autant la faire disparaitre. Et même lorsqu'on parvient à une domination totale du facteur militaire, celle-ci réapparait avec le jeu politique." L'auteur en conclue d'ailleurs que la RMA est d'abord un discours avant d'être une véritable mutation technique, discours pour à la fois faire apparaitre encore une fois les États-Unis comme le modèle à suivre et pour favoriser le développement de tout un appareil technologique : satellites, relais de télécommunications, systèmes informatiques de traitement de l'information, réduction de temps entre ce traitement et la décision (pourquoi pas tendre à la rendre automatique...).
Renseignement et géostratégie spatiale
Sur la géostratégie spatiale, Hervé COUTEZAU-BÉGARIE, analyse le rôle des systèmes d'observation et d'écoute dans les batailles du renseignement. "Bien évidemment, celui qui dispose de l'accès à l'information possède un levier de puissance considérable dont il use à l'égard de ceux qui en sont démunis et se trouvent ainsi relégués dans une situation d'infériorité."
Il signale que l'"on retrouve là une situation déjà observée au début du XXe siècle, lorsque la Grande Bretagne avait un quasi monopole sur les câbles sous-marins dont elle usait pour filtrer les informations lors des crises."
"L'OTAN est dépendante des informations fournies par les États-Unis, qui sélectionnent celles qui doivent être transmises et celles dont ils entendent garder l'exclusivité. Souvent, les informations transmises ne s'accompagnent pas des documents bruts, de sorte que les autres pays ne peuvent pas les vérifier ou les interpréter. D'où leurs efforts pour acquérir des moyens propres. La France s'est ainsi lancée dans un programme spatial qui a été accéléré à la lumière des enseignements de la guerre du Golfe, qui a révélé la dépendance créée par l'absence de moyens propres d'observation spatiale. L'Europe songe à se doter de tels moyens à partir d'une coopération franco-allemande aujourd'hui virtuellement caduque, tant du fait du coût de tels systèmes que de l'obstruction des États-Unis qui s'emploient à tenir en échec ces velléités d'affranchissement. D'autres pays peuvent aujourd'hui accéder à des informations par le biais des satellites civils, dont les photographies sont en vente à peu près libre.".
Renseignement et accroissement des divergences
Jacques BAUD (Encyclopédie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 1998) explique qu'une des évolutions du renseignement de l'après-guerre froide, après la disparition de l'organisation du traité de Varsovie, réside dans "la divergence des intérêts du renseignement. La soudaine multipolarité du monde, le climat de rivalité économique entre les pays occidentaux tendent à diviser les alliés de la guerre froide. Le renseignement économique, et sa variante "civile", l'intelligence économique, à laquelle participent des services de renseignements officiels (comme la National Security Agency aux Etats-Unis) au profit d'entreprises privées, oppose les pays occidentaux."
"l'après-guerre froide a imposé un redimensionnement et l'adaptation des appareils de renseignement. Les préoccupations de l'opinion publique sont essentiellement tournées vers des enjeux auxquels les services de renseignements ne sont pas préparés (l'environnement, les problèmes humanitaires, les problèmes liés aux migrations, la guerre économique, etc.) Des menaces comme le terrorisme, les trafics de tous genres et la criminalité organisée, souvent liés entre eux et cités comme des menaces majeures sont, par définition, des menaces transnationales, à la fois de nature stratégique et criminelle. Ces particularités font qu'elles peuvent difficilement être combattues dans le cadre des structures de renseignements "traditionnelles" qui séparent les menaces intérieures et extérieures, militaires et criminelles. La guerre du Golfe a masqué ces problèmes, en confortant les structures traditionnelles du renseignement militaire et civil. Toutefois, inchangées, ces structure ne peuvent répondre aux enjeux du futur. Parmi ces enjeux, le renseignement lors des opérations humanitaires et de maintien de la paix, et le renseignement sur les problèmes globaux, comme l'environnement."
STRATEGUS
Jacques BAUD, article Renseignement, dans Dictionnaire de la stratégie, Sous la direction de Thierry de MONTBRIAL et Jean KLEIN, PUF, 2000. Hervé COUTEAU-BÉGARIE, Traité de stratégie, Economica/ISC, 2002. J. ALLEMAND, article renseignement, dans Dictionnaire d'art et d'histoire militaires, Sous la direction d'André CORVISIER, PUF, 1988.
Relu le 8 juillet 2021