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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 15:50
                         Stratégies nucléaires d'Israël, de l'Inde et du Pakistan

Israël   
   Malgré toutes ses dénégations officielles quant à la possession même de l'arme atomique, Israël constitue de l'avis presque unanime des spécialistes, la sixième puissance nucléaire du monde. C'est la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, sur le qui-vive depuis sa création en 1948, ses responsables politiques et militaires se concevant en état de perpétuel encerclement. Ne possédant pas réellement d'industrie nucléaire, Israël doit l'ensemble de ses capacités à une coopération  internationale, avec notamment la France de façon intensive jusqu'en 1960.
Bénéficiant par ailleurs d'une politique laxiste pour ne pas dire plus de la part des Etats-Unis, la technologie nucléaire développée dans son usine de Dimona lui permit de posséder ses premières armes nucléaires depuis les années 1970. Un essai nucléaire aurait été effectué dans l'Atlantique Sud en 1979.
    Israël posséderait entre 100 et 150 armes, missiles de portée entre 1 200 (Jericho I déployés depuis 1972) et 1 800 kilomètres (Jericho II déployés depuis 1980). Le pays possède la capacité de lancement de missiles balistiques, un réseau d'alerte satellite, une flotte d'avions susceptibles d'emport nucléaire, et sans doute un sous-marin.
    La dénégation de possession de l'arme atomique fait partie de sa stratégie nucléaire, qui est d'entretenir une dissuasion maximum chez ses adversaires potentiels, placés dans l'incertitude de son pouvoir de destruction massive. De plus, ainsi,  ses alliés ne subissent pas la critique d'aider une nation qui refuse d'adhérer au Traité de Non Prolifération.
     Pierre LELLOUCHE, dans sa contribution au Rapport d'information sur la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs de l'Assemblée Nationale française de 2000, écrit :
"La rationalité stratégique de l'acquisition de l'arme nucléaire par Israël s'explique aisément d'un point de vue théorique : d'une part, l'absence de profondeur stratégique d'Israël le rend très vulnérable à une attaque conventionnelle et laisse aux responsables israéliens un temps de réaction extrêmement bref ; d'autre part, la prépondérance démographique des voisins d'Israël place ce pays dans une position d'infériorité stratégique chronique. Dans les faits, Israël n'a jamais reconnu posséder l'arme nucléaire et, a fortiori, n'a jamais affiché de stratégie de dissuasion. C'est en 1961 que la doctrine d'ambiguïté nucléaire a été formulée par Shimon Pérès, alors adjoint du Premier ministre David Ben Gourion, quand il déclara qu'"Israël ne serait pas le premier pays à introduire l'arme nucléaire au Moyen-Orient".
Telle est depuis lors la ligne adoptée par tous les gouvernements israéliens. Elle a été complétée en 1981 par la "Doctrine Begin", définie lors de la frappe par l'aviation israélienne du réacteur de recherche iranien Osirak, livré par la France, producteur de plutonium. A cette occasion, le Premier ministre israélien Menahem Begin déclara qu'Israel bloquerait toute tentative de ses adversaires d'acquérir des armes nucléaires."

Inde
   L'Inde procède à ses premiers essais nucléaires en 1974. Françoise DONNAY, dans son étude sur les doctrines nucléaires de l'Inde et du Pakistan, décrit les doctrines nucléaires de l'Inde et du Pakistan.
    "Pour l'Inde, dès 1971, la nucléarisation est conçue comme un outil de construction de l'identité nationale et de renforcement de la légitimité de l'État. Mais l'arme nucléaire remplit avant tout le rôle de force de dissuasion face à l'ennemi pakistanais - et dans une moindre mesure face à la Chine. Traditionnellement, l'Inde a une politique de "nuclear no-first use", c'est-à-dire qu'elle s'engage à ne pas faire usage de l'arme atomique la première, mais de l'utiliser au cas où elle subirait elle-même une attaque nucléaire ("capacité de seconde frappe"). Elle s'engage également à ne pas l'utiliser contre un État non doté de l'arme nucléaire : mais si cet État est allié à un autre qui attaque l'Inde à l'arme nucléaire, il n'est pas exclu que celle-ci ne riposte par une seconde frappe qui viserait également ce pays." En août 1999, une "nouvelle" doctrine est énoncée, plus dure : dissuasion nucléaire minimale crédible, avec mise en oeuvre de tous les moyens pour assurer cette crédibilité (forces nucléaires prêtes à l'emploi, déployées et non seulement non assemblées en période de paix), développement d'une triade air-terre-mer, même si le composant naval est encore peu développé. De hauts fonctionnaires se sont exprimés devant une doctrine nucléaire jugée trop agressive."
  L'Inde posséderait une capacité de 75 à 100 bombes A, et cherche à acquérir la technologie pour produire une arme thermonucléaire. En 2002, L'année stratégique le montrait avec une capacité de 20 à 50 missiles balistiques (et l'équivalent en développement) et de plus de 300 avions porteurs."

Pakistan
      Toujours selon Françoise DONNAY, "la doctrine nucléaire pakistanaise cible l'Inde comme seule destinataire d'attaques nucléaires, et prévoit 4 cas d'utilisation, au cas où la stratégie de dissuasion échouerait :
- si l'Inde attaque le Pakistan et occupe occupe une partie importante de son territoire ;
- si l'Inde détruit une partie importante des forces pakistanaises terrestres ou aériennes ;
- si l'Inde procède à l'étranglement économique du Pakistan ;
- si l'Inde provoque la déstabilisation politique du Pakistan ou y crée un mouvement de subversion à large échelle. (...)" 
Le Pakistan a réagit sèchement à la communication en 1999 de la "nouvelle" stratégie indienne sans infléchir sa doctrine.
   Le Pakistan posséderait depuis 1992 les composants pour fabriquer au moins une arme nucléaire, n'aurait pas encore effectué d'essai nucléaire, mais aurait en sa possession des plans d'armes nucléaires chinoises depuis 1984. En 2002, L'année stratégique le montrait avec une capacité de 30 à 80 missiles et une flotte de plus de 200 avions porteurs.

L'année stratégique 2002, sous la direction de Pascal BONIFACE, IRIS ; Françoise DONNAY, Inde-Pakistan, forces militaires et nucléaires en présence, GRIP, 2002 ; Marie-Hélène LABBE, La prolifération nucléaire en 50 questions, Editions Jacques Bertoin, 1992.

   
Relu le 4 Septembre 2019
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